Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
C

Clouet (les) (suite)

Les dessins de François Clouet, qui tendent à flatter le modèle, se distinguent de ceux de Jean par certaines particularités techniques : utilisation de hachures associées à des frottis d’estompe de plus en plus légers, afin d’obtenir un modelé donnant l’impression de la vie. Mais le graphisme reste prépondérant, au point de communiquer une certaine sécheresse aux peintures du même artiste.

La connaissance du portrait italien transparaît dans les effigies de l’apothicaire Pierre Quthe (1562, Louvre), de Charles IX en pied (Kunsthistorisches Museum, Vienne) ou d’Elisabeth d’Autriche (Louvre). Les compositions de François Clouet, peu nombreuses, ont été peintes sous l’influence de l’école de Fontainebleau*, ainsi la Dame au bain (Diane de Poitiers ?) de la National Gallery de Washington, dont le thème sera maintes fois repris jusqu’au début du xviie s.

À la même époque, un Corneille de Lyon, originaire de La Haye (v. 1505 - v. 1574), représente lui aussi les hauts personnages du royaume, mais dans des tableaux de petit format, au coloris plus riche, plus raffiné, qu’aucun dessin ne semble avoir préparés.

M. G.

 L. Dimier, Histoire de la peinture de portrait en France au xvie s. (Van Oest, 1924-1925 ; 2 vol.). / E. Moreau-Nélaton, les Clouet et leurs émules (Laurens, 1924). / A. Fourreau, les Clouet (Rieder, 1929). / J. Adhémar, le Dessin français au xvie s. (Mermod, Lausanne, 1954). / P. Mellen, Jean Clouet (Flammarion, 1971).

Clouzot (Henri Georges)

Metteur en scène de cinéma français (Niort 1907 - Paris 1977).


Il s’oriente tout d’abord vers l’École navale, puis entreprend des études de droit avant de devenir secrétaire du chansonnier René Dorin. De 1927 à 1930, il collabore au quotidien Paris-Midi. En 1932, il est à Berlin et s’occupe des versions françaises de plusieurs films tournés pour l’Universum-Film AG. (UFA). Après une interruption de quatre années (1934-1938) due à des raisons de santé, il reprend sa place dans le monde du spectacle, écrit des pièces de théâtre et des scénarios. Il débute comme scénariste dans le Dernier des six (1941), de Georges Lacombe, et dans les Inconnus dans la maison (1942), d’Henri Decoin. Son premier film de réalisateur est une comédie policière de S. A. Steeman, L’assassin habite au 21 (1942). L’année suivante, il tourne le Corbeau d’après un scénario corrosif de Louis Chavance. L’œuvre soulève de vives polémiques, qui ne sont pas exclusivement cinématographiques. Les divers procès d’intention que l’on fait à l’auteur nuisent à la rapidité de sa carrière. Il ne rejoint les studios qu’en 1947 : c’est pour donner à Louis Jouvet l’un de ses meilleurs rôles, dans Quai des Orfèvres. En 1948, il tente avec un bonheur inégal de moderniser le roman de l’abbé Prévost (Manon). Après l’un des sketches de Retour à la vie (« le Retour de Jean », 1949), il adapte un vaudeville de Flers et Caillavet, Miquette et sa mère (1949). Parti en 1950 au Brésil, il ne parvient pas à réaliser le film auquel il avait un instant songé, mais en profite pour écrire un livre en forme d’étude ethnographique, le Cheval des dieux, publié en 1951. Le Salaire de la peur (1953) lui apporte les éloges de la critique et la consécration du public. L’œuvre, tirée d’un récit âpre et violent de Georges Arnaud, lui permet de prouver son talent et de préciser son éthique. Au-delà d’une anecdote réaliste et spectaculaire, il se passionne pour l’exploration de l’âme humaine, qu’il « désacralise » et dénude sans concessions. Ses films suivants ne seront plus que les étapes d’une même pensée pessimiste, volontiers cynique et désabusée : les Diaboliques (1954), les Espions (1957), la Vérité (1960, avec Brigitte Bardot), la Prisonnière (1968). En 1956, l’intérêt qu’il porte à la peinture le conduit à réaliser l’un des meilleurs documentaires sur le sujet, le Mystère Picasso. Quant au film qu’il avait entrepris en 1964, l’Enfer, interrompu en cours de tournage par des malchances diverses, il ne sera jamais achevé.

On peut parler de Clouzot comme d’un entomologiste de la cruauté (à condition de donner à ce mot le sens que lui confère Antonin Artaud en parlant d’un « théâtre de la cruauté »). Il affectionne les anti-héros, les êtres veules, médiocres, malades, malsains qui bien souvent doivent se défendre contre le cynisme de leur destin avec les moyens du bord. La prédilection du metteur en scène pour le côté poisseux et trouble de l’existence le conduit par moments à un réalisme proche du naturalisme où les complaisances de la dramatisation viennent parfois désamorcer la vigueur de la description. Il y a chez Clouzot une force et une férocité qui ont besoin d’être soutenues par un scénario exigeant et sans failles. Dans le cinéma français, il est sans nul doute l’un de ceux qui ont osé s’aventurer le plus loin dans les zones d’ombre de la conscience humaine.

J.-L. P.

 F. Chalais, H. G. Clouzot (J. Vautrain, 1950). / M. Cournot, le Premier Spectateur (Gallimard, 1957). / F. Lacassin et R. Bellour, le Procès Clouzot (Le Terrain vague, 1964). / P. Pilard, Henri Georges Clouzot (Seghers, 1969).

Clovis Ier

(V. 465 - Paris 511), roi des Francs (v. 481-511).


Dénommé arbitrairement Clovis au xe s., ce souverain aurait dû s’appeler en réalité Louis Ier, nom dont la graphie correspond à la transcription correcte en français de la forme latine Chlodovechus (ou Hludovicus), qui apparaît dans les textes latins du ve et du vie s.

Ne fournissant aucun renseignement sur les années qui ont précédé l’avènement de ce souverain (465-481), ces textes sont par ailleurs d’une médiocre valeur historique. À l’exception de quelques lettres et de quelques « Vies de saints » qui n’éclairent que très partiellement l’histoire de ce règne, le seul document qui nous en offre un récit relativement cohérent et suivi est l’Historia Francorum de Grégoire de Tours. Malheureusement postérieure de près de trois quarts de siècle aux événements qu’elle prétend décrire, et par conséquent établie à partir d’annales très sèches et de traditions orales très incertaines, cette source pourtant fondamentale est difficile à utiliser en raison de ses lacunes, souvent considérables, de ses imprécisions trop fréquentes en ce qui concerne les temps et les lieux, de ses intentions enfin, l’auteur ayant moins pour but de relater les principaux événements du règne de Clovis que de montrer en lui l’homme providentiel que Dieu a hissé sur le trône des Francs pour en faire l’instrument de son Église.

Fils de la Thuringienne Basina et de Childéric Ier, Clovis, dont l’avènement se situe sans doute en 481 ou en 482, ne semble avoir régné à l’origine que sur une fraction du peuple des Francs Saliens établie dans la région de Tournai, alors que ceux de Thérouanne et de Cambrai reconnaissent l’autorité respective de ses parents Chararicus et Ragnacharius.