Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
C

climatologie (suite)

La climatologie appliquée

La connaissance des climats débouche sur des considérations pratiques. On a, par exemple, besoin de connaître le milieu climatique d’une région pour mieux définir l’environnement des plantes (écologie végétale) et, partant, pour mieux orienter l’agriculture, etc.


La climatologie agricole

Le climat conditionne le milieu physique de la plante, tout comme le fait le sol. De surcroît, il agit sur ce dernier par l’intermédiaire de l’humidité, des températures, des vents, grâce à des actions chimiques et mécaniques diverses. La plus classique parmi ces dernières est fournie par l’érosion normale, qui est liée à l’écoulement des eaux. Le climat contribue donc fortement à imposer le rythme de croissance des végétaux et celui des façons culturales. Il détermine ainsi, au moins en partie, le choix des récoltes les mieux adaptées et les techniques d’exploitation. C’est la climatologie agricole qui a charge de tirer les enseignements de tels impératifs. Dans le même ordre d’idées, elle contribue, avec la météorologie agricole, à la défense de la plante ; son aide est attendue dans la lutte contre les gelées, les excès de pluie, la sécheresse, les coups de chaleur, etc. La climatologie agricole permet même d’affronter les maladies des animaux dont l’agressivité croît sous certaines conditions de temps. Remarquons encore, bien que son champ d’action ne s’arrête pas là, qu’elle intervient en vue d’un meilleur conditionnement et d’un transport plus facile des produits de la terre. D’après la définition du microclimat (v. climat), on peut dire que la microclimatologie est l’étude des propriétés de l’air dans une couche limitée (en haut, par le niveau atteint par les plantes les plus hautes, et, en bas, par le sol) ; or, cette partie de la science des climats peut être considérée comme faisant partie de la climatologie agricole (et forestière).


La climatologie aéronautique

Elle permet de mieux choisir les terrains d’aviation, de fixer l’orientation des pistes, de dégager les possibilités d’utilisation de différents aérodromes (en analysant par exemple leurs conditions de visibilité). Elle implique l’étude des temps habituellement réalisés sur les itinéraires aériens ; elle permet ainsi de dégager les points critiques des lignes commerciales, etc.


La bioclimatologie

Elle étudie l’ensemble des relations qui existent entre les climats et les phénomènes biologiques, c’est-à-dire entre les conditions climatiques et les êtres vivants. La bioclimatologie végétale s’intéresse aux rapports de la plante et du climat. Cette discipline, qui s’apparente étroitement, comme la bioclimatologie animale et humaine, à l’écologie, éclaire sur la distribution géographique des végétaux. Si le climat n’intervient pas seul dans cette distribution, il apparaît, en effet, qu’il contribue à fixer le lieu de prédilection des groupements. La bioclimatologie animale fixe, de même, la répartition de la faune à la surface du globe. La bioclimatologie humaine englobe pour sa part la physioclimatologie (rôle du climat sur la physiologie), la climatopathologie (étude des rapports entre certaines conditions climatiques et divers symptômes ou syndromes morbides), la climatothérapie (analyse et utilisation des influences climatiques, climats de montagne par exemple, en vue du maintien ou du rétablissement de la santé physique et psychique). La climatothérapie débouche sur le climatisme*. La climatologie médicale peut être considérée comme un aspect essentiel de la bioclimatologie humaine.


Autres domaines de la climatologie appliquée

La climatologie appliquée s’intéresse aussi aux rapports des climats avec l’hydrologie (pour l’étude des régimes fluviaux, le problème des crues, l’irrigation, l’établissement des barrages-réservoirs, etc.), l’urbanisme (orientation des maisons et des rues, organisation des systèmes d’égouts, etc.). Elle a sa part dans la gestion des sociétés de transport, des commerces liés au temps (fabrication de boissons rafraîchissantes, etc.), des compagnies d’assurance. Elle intervient dans le contrôle du tourisme.

Depuis une date plus récente, la climatologie appliquée s’attache également au problème capital de la pollution* atmosphérique. Les foyers domestiques et industriels, les opérations industrielles diverses, les moteurs à explosion ou à combustion interne donnent des produits dont la nocivité peut être grande, surtout par concentration dans le brouillard. Il faut ajouter à cela la pollution radioactive de l’air (pollution due au traitement des produits radio-actifs en usines et aux explosions nucléaires).

La climatologie appliquée inclut, enfin, les essais de modification climatique, pratiquement toujours très limités, comme, par exemple, ceux qui tendent à déclencher la pluie artificiellement.

La climatologie, par l’échelle planétaire de son objet en même temps que par ses multiples implications, constitue l’un des domaines essentiels où l’homme ait à manifester son activité en vue de plier le milieu naturel à ses exigences. Mais, en ce sens, la climatologie est inséparable de la météorologie.

P. P.

➙ Météorologie.

 V. climat.

Clisthène

En gr. Kleisthenês, homme politique athénien de la fin du vie s. av. J.-C.


Clisthène est « celui qui établit chez les Athéniens les tribus et le régime démocratique » (Aristote) ; pourtant, malgré l’importance des réformes dont il fut l’initiateur, il n’est pas de ces hommes qui exaltent l’imagination ; les siècles préféreront conter la geste de Thésée que de lui rendre hommage, et c’est au roi mythique que la légende attribue la paternité de la Constitution démocratique.

Clisthène naît dans la famille des Alcméonides. Ses ancêtres avaient été du nombre de ceux que les Doriens avaient chassés de Messénie. Au viie s., la famille avait assuré sa réputation en s’attaquant au tyran Cylon, qui avait voulu soumettre Athènes : Mégaclès, le chef du clan, avait entraîné ses hommes à l’assaut de l’Acropole et tué les partisans de Cylon ; on avait apprécié son courage, mais on l’avait banni aussitôt, car il était sacrilège de répandre le sang sur un sol voué aux dieux. Les Alcméonides n’avaient pu rentrer en Attique qu’à l’époque de l’amnistie promulguée par Solon, mais cet épisode avait permis à leurs descendants de se prévaloir d’une solide tradition d’hostilité à la tyrannie, confirmée d’ailleurs par le fait que, sous Pisistrate*, le clan avait de nouveau dû quitter Athènes.

Ce n’est donc qu’en 511-510 que Clisthène peut faire son entrée sur la scène politique athénienne, avec le départ des Pisistratides.