Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
C

chasse (suite)

Il existe plusieurs variétés de chasse en battue : parfois, la ligne des chasseurs est immobile, et une meute de Chiens courants rabat le gibier sur eux (Chevreuil, Sanglier, Renard, etc.) ; parfois, ce sont des Hommes, des rabatteurs, qui effectuent ce travail, armés d’un bâton et criant fort ; parfois, la ligne des chasseurs avance et tire le gibier qui se lève devant elle (chasse en plaine du Perdreau) ; ou encore, la ligne tourne, et ses deux extrémités se rabattent sur le centre (battue « en chaudron »). Étant donné la multiplicité des associations, des sociétés et des clubs de chasse, ce sont les battues qui sont le plus utilisées comme procédés modernes de chasse. L’ennui, c’est que, au cours des différentes traques, chaque gibier qui se lève, poil ou plume, est salué par quatre ou cinq chasseurs qui ne savent même pas s’ils ont touché ou non leur gibier. Les rabatteurs se chargent de ramasser les victimes, et le partage a lieu le soir.

La chasse devant soi, sur sa propriété, à deux ou trois amis et autant de Chiens, courants ou couchants suivant les goûts, est devenue rare, mais elle est restée la plus distrayante, la plus sportive, et elle est la moins destructive, parce que l’on ne tire que si l’on veut tirer. Elle s’adresse au Lapin, au Lièvre, aux Perdreaux, au Faisan, à la Bécasse, aux Bécassines, en somme à tout le petit gibier de rencontre et qui varie suivant le biotope exploré : bord de rivière, prés, terres cultivées, bois ou forêts. Elle se pratique sans hâte ; le chasseur choisit son gibier, épargne femelles ou trop jeunes bêtes et sait se contenter de quelques pièces.

D’autres chasses restent très spéciales : en montagne, par exemple, où la traque se fait aux jumelles (chasse aux Chamois ou aux Isards dans les Alpes ou les Pyrénées) ; la chasse au gibier d’eau (Canards Colverts et Sarcelles), soit la nuit, soit le jour, à la hutte, au gabion, en bateau spécial — ou « punt » —, à la passée du soir, etc. Cette chasse exige de grandes qualités de tir et des Chiens spécialement dressés, tels les Labradors retrievers, chargés de trouver et de rapporter le gibier blessé ou mort.

La chasse maritime

En France, la chasse sur la mer et sur le rivage de la mer n’est pas soumise au droit commun.

La loi du 24 octobre 1968 réglemente cependant la chasse « qui se pratique sur la mer dans la limite des eaux territoriales, les étangs et plans d’eau salée et la partie des plans d’eau, des fleuves, rivières et canaux affluant à la mer, qui est située en aval de la salure des eaux » ainsi que « sur le domaine public maritime » et « qui a pour objet, dans ces zones, la poursuite, la capture ou la destruction des Oiseaux et autres gibiers ». La chasse au gibier d’eau — qu’il faut soigneusement distinguer — se limite, quant à elle, aux marais, étangs, fleuves et rivières. La chasse et la destruction de certains gibiers sont interdites en zone de chasse maritime.

R. M.


Les Chiens

Les grands Chiens de vénerie deviennent rares. Ils ne sont utilisables qu’en meute et il ne reste pas beaucoup de meutes en France. Isolés, ils n’ont aucun rôle à jouer à la chasse, ne poursuivant le gibier que pour eux et le plus vite possible. Mais il reste encore des Chiens de petite vénerie très appréciés, comme les Bassets de différentes races, les Beagles, les Harriers, les Fox et d’autres encore. L’essentiel, pour ceux que les chasseurs ne suivent pas à cheval, c’est qu’ils n’affolent pas le gibier et ne le poussent pas trop vite devant eux.

La gamme des Chiens d’arrêt, de nos jours, est plus fournie et plus étudiée. Des races de grande taille comme les Pointers et les Setters, les Braques, etc., ont encore de nombreux partisans, mais les plus petits sont encore plus appréciés (épagneuls de toutes races, Cockers, etc.).


L’avenir de la chasse en France

Pour sauver le gibier qui peut l’être encore, de nombreux projets sont à l’étude : un examen du candidat au premier permis de chasse ; des lois qui diminueraient le temps d’ouverture ou qui en reculeraient la date suivant les espèces de gibier ; le développement de l’élevage des espèces sédentaires et même migratrices (Colverts) ; la création de chasses pilotes et l’augmentation du nombre et de l’étendue des parcs nationaux, régionaux et des réserves où la chasse serait interdite. Des mesures seront prises aussi pour lutter contre l’épizootie de rage qui envahit la France d’est en ouest à la vitesse de 50 kilomètres par an, et qui nécessitera un jour ou l’autre la vaccination d’un nombre énorme d’animaux domestiques.

Les réserves de chasse comptent parmi les projets les plus utiles : non seulement les réserves importantes — il y en a deux douzaines en France — comme celles de la Petite Pierre en Alsace, de Chambord ou de Camargue, mais également des petites réserves, dûment protégées, où le gibier pourrait se reproduire en paix de façon à repeupler les environs.

Les chasses communales offrent bien des avantages, mais tout le monde sait qu’elles sont vidées de leur gibier dans la semaine de l’ouverture par ceux qui font commerce de ce qu’ils tuent et qui y passent leurs journées. L’augmentation de la garderie, donc un certain enrichissement de la chasse, aiderait bien des choses, là aussi. On a dit que les Français avaient fait la Révolution pour obtenir le droit de chasser. Il y a du vrai dans cette boutade. Et il est certain qu’avoir un fusil chez soi et le droit de s’en servir est une des marques de virilité auxquelles les Hommes de ce pays sont le plus attachés. Mais il est certain aussi que le tiers sud de la France voit de moins en moins de gibier et que ce sort menace tout le reste du pays, alors qu’il abonde en Europe centrale, où il y a peu de chasseurs qui paient très cher le droit de tirer leurs cartouches. Il faut donc choisir entre les deux solutions ou en trouver une troisième.

Il faudrait mentionner également la chasse exotique aux grands fauves, telle qu’elle est encore pratiquée dans certaines régions d’Afrique et d’Amérique (safari). Là aussi, certaines espèces ont besoin d’une protection accrue et une politique de parcs nationaux et de réserves bien gardées a été instaurée.

R. R. W.