Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
C

chanson (suite)

Mais, depuis les années 30, la chanson doit surtout sa vigueur aux auteurs-compositeurs qui interprètent leurs propres œuvres. Ceux qui se sont révélés dans l’immédiat après-guerre n’ont rien perdu de leur popularité ; de nouveaux venus viennent peu à peu les rejoindre, comme Jean Arnulf ou le Canadien Gilles Vigneault. Il faut signaler des voix féminines qui ont beaucoup apporté à la chanson contemporaine, notamment Barbara et Anne Sylvestre.

On peut donc déceler un grand courant, solide, profond, qui est celui des auteurs-compositeurs-interprètes, assurant à la fois la continuité et le perpétuel rajeunissement de la chanson. En même temps, tributaire d’une industrie moderne, la chanson est soumise à des phénomènes de modes successives, en des vagues d’amplitudes variables, car le système économique a besoin d’apparentes nouveautés pour relancer sans cesse la consommation par l’engouement. De jeunes chanteurs apparaissent soudain et disparaissent pour la plupart sans laisser d’autre trace que quelques sillons de vinyle. Reste l’essentiel, la permanence d’un art à la fois populaire et raffiné dont la fécondité ne s’est jamais démentie depuis les troubadours.

F. V. et J. C.

 E. Droz et G. Thibault, Poètes et musiciens du xve siècle (Droz, 1924). / T. Gérold, Histoire de la musique, des origines à la fin du xive siècle (Laurens, 1936). / J. Marix, Histoire de la musique et des musiciens de la cour de Bourgogne (Impr. Heitz, Strasbourg, 1939). / A. Pirro, Histoire de la musique, de la fin du xive siècle à la fin du xvie siècle (Laurens, 1941). / B. Vian, En avant la zizique... et par ici les gros sous (le Livre contemporain, 1958). / F. Vernillat et J. Charpentreau, Dictionnaire de la chanson française (Larousse, 1968) ; la Chanson française (P. U. F., 1971). / G. Van Parys, les Jours comme ils viennent (Plon, 1969). / J. Charpentreau, le Livre d’or de la chanson française (Éd. ouvrières, 1971-1976 ; 3 vol.). / C. Brunschwig, L. J. Calvet et J. C. Klein, Cent Ans de chanson française (Éd. du Seuil, 1972). / G. Moustaki, Questions à la chanson (Stock, 1973).

chansonnier

Recueil manuscrit ou imprimé de chansons profanes.


Les premiers recueils manuscrits rassemblent les chansons qui ont été composées par les troubadours et les trouvères.

De nombreuses copies faites d’après ces manuscrits à partir du xve s. sont dispersées dans la plupart des bibliothèques d’Europe.

Le manuscrit dit « du Roy », exécuté sur l’ordre de Charles d’Anjou, dernier fils de Blanche de Castille, fit partie de la bibliothèque de Mazarin. Le manuscrit Cangé doit son nom à Châtre de Cangé, qui en fit l’acquisition en 1724. Ces deux manuscrits contiennent des chansons provençales et françaises.

Les œuvres des trouvères sont réunies dans le manuscrit d’Arras, provenant de l’abbaye de Saint-Vaast, dans le manuscrit de l’Arsenal, qui faisait partie de la bibliothèque du marquis de Paulmy, et dans le manuscrit de Noailles, qui contient en particulier des œuvres d’Adam de la Halle ainsi que quelques pièces ajoutées au xve s.

Les Carmina burana (Allemagne xiie-xiiie s.) sont consacrées aux œuvres des goliards.

À partir du xve s., les chansonniers sont de plus en plus nombreux.

Les plus célèbres sont le manuscrit de Chantilly, qui contient les œuvres des successeurs de Guillaume de Machaut, et surtout le manuscrit de Bayeux, qui fut constitué vers 1514 et qui renferme des pièces reflétant la diversité de la chanson française au xve s.

Au xvie s., de nombreuses œuvres des Franco-Flamands sont contenues dans le chansonnier de Marguerite d’Autriche.

Au début de l’imprimerie musicale, des éditeurs publient d’importantes collections de chansonniers : Ottaviano Petrucci (1466-1539) [Venise, 1501-1503], Pierre Attaingnant († v. 1551) [Paris, 1528], puis sa veuve (1557), Jacques Moderne (Lyon, 1538-1543), Tielman Susato (Anvers, 1543-1555), Nicolas Du Chemin (Paris, 1549-1576). Il faut citer aussi le Recueil des plus belles et excellentes chansons en forme de voix-de-ville de Jean Chardavoine (1538 - v. 1580) [Paris, 1575 ; rééd., 1576 et 1588] et le Recueil des plus belles chansons de danses de ce temps de Jacques Mangeant (Caen, 1615). Les Ballard, ayant obtenu le monopole de l’édition musicale, publièrent toute la production chansonnière de 1551 à 1788.

Au xviiie s., les manuscrits constitués par Pierre Clairambault puis continués par son neveu Paschal apportent un panorama de la chanson politique française de 1549 à 1759. Les chansonniers Clairambault ont été souvent copiés. La plus célèbre de ces copies est celle qui fut constituée sur l’ordre du comte de Maurepas. De nombreux recueils manuscrits faisant suite aux chansonniers Clairambault-Maurepas sont conservés à la Bibliothèque nationale, à l’Arsenal, à la bibliothèque Mazarine et à la bibliothèque de la Ville de Paris.

À partir de la Révolution jusqu’à la disparition du terme au xixe s., les chansonniers imprimés sont en si grand nombre qu’il est impossible d’en dresser une liste exhaustive. Citons, parmi les plus célèbres : le Chansonnier des grâces, le Chansonnier des dames, le Chansonnier des demoiselles, le Chansonnier français, le Chansonnier d’Apollon, ou les Étrennes des Muses, le Chansonnier de la Cour et de la ville, ainsi que les publications des caveaux et des Dîners du Vaudeville.

F. V.

➙ Chanson.

 E. Raunié, Chansonnier historique du xviiie siècle (Quentin, 1879-1884 ; 10 vol.). / G. Raynaud, Bibliographie des chansonniers français des xiiie et xive siècles (Vieweg, 1884 ; 2 vol.).

chansonnier

Auteur de chansons (paroles et musique) ou celui qui adapte son poème à l’air d’une chanson connue (timbre) en vue de le transformer en chanson. C’est au xviie s. que ce terme est appliqué pour la première fois à un auteur de chansons. De nos jours, il ne sert plus à désigner que les auteurs de chansons satiriques.