Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
C

centrafricaine (République) (suite)

Cette disposition géographique détermine des zones agricoles assez bien tranchées. Les pays de la Lobaye et de la haute Sangha (ou Mambéré), à l’ouest de Bangui (populations baya, ngbaka, bokoto), ainsi que les vallées de l’Oubangui et du M’Bomou à l’est (Banziris, Nzakaras) pratiquent des cultures continues à base de tubercules (manioc) et d’arboriculture (caféier, cacaoyer, poivrier). Les plateaux centraux, encore suffisamment arrosés, permettent aux Bandas, Mandjas et M’Brés de pratiquer deux cycles vivriers annuels (l’association dominante étant manioc-coton). Le versant tchadien ne connaît plus qu’un seul cycle vivrier annuel à base de mil ou de manioc, le coton étant la culture commerciale dominante. Les confins orientaux, peu peuplés (moins d’un habitant au kilomètre carré), englobent au nord le haut bassin de l’Aouk, où nomadisent les troupeaux des éleveurs bororos, et la zone pratiquement inhabitée au sud des monts des Bongo.


La population

La population est très inégalement répartie, les densités supérieures à la moyenne se trouvant à l’ouest de Bangui, aux confins tchadiens et dans la région de Mobaye, Alindao, Bambari. Le taux d’accroissement est rapide (3,2 p. 100 par an), et les moins de 15 ans représentent 40 p. 100 de la population. Bien que 85 p. 100 de la population vivent d’activités agricoles (50 p. 100 des actifs), le taux d’urbanisation est relativement élevé pour l’Afrique noire (27 p. 100). Une dizaine d’agglomérations dépassent 25 000 habitants.


L’économie

• L’agriculture traditionnelle, consacrée essentiellement aux produits vivriers (mil, manioc, maïs, patates, pois), était fondée sur le nomadisme cultural (déboisement de clairières par le feu, trois ou quatre années de cultures, retour à la jachère forestière avec nouveau déplacement). Les tentatives d’amélioration de l’agriculture (fermes modèles et paysannats) tentées par l’administration coloniale connurent des demi-échecs mais favorisèrent l’introduction de cultures commerciales.

Un pour cent de la superficie du pays seulement est mis en cultures, dont les deux tiers en cultures vivrières. Outre les productions vivrières de consommation directe ou de commercialisation intérieure limitée, la République centrafricaine s’est orientée vers des cultures d’exportation, qui assurent près de 40 p. 100 de ses ventes (café, 23 p. 100 ; coton, 14 p. 100).

Le café (essentiellement le Robusta) a été à ses débuts la culture des Européens. En 1957, 90 p. 100 des plantations leur appartenaient. Les sociétés de prévoyance et les mutuelles de développement rural ont accru la part des producteurs africains. Les plantations les plus importantes se trouvent à l’ouest, dans les bassins de la Lobaye et de la haute Sangha (Berberati, 38 000 hab.), et à l’est, dans les bassins de l’Oubangui et du M’Bomou, entre Bangui et Bangassou (28 000 hab.). La production est tributaire des baisses de rendement dues aux maladies du caféier, qui exigent des traitements souvent coûteux pour le petit producteur. D’autre part, la concurrence internationale et la saturation du marché mondial menacent cette culture pourtant très rentable (dix fois plus que le coton). L’introduction du palmier, du cacaoyer et du poivrier dans la zone caféière permet de varier et d’orienter les productions en fonction de la demande extérieure. De même, un gros effort est fait en direction de l’exploitation forestière (neuf sociétés de coupe et de sciage).

Comme au Tchad, la culture imposée du coton, placée en tête d’assolement, s’est développée au détriment des cultures traditionnelles et des sols et au bénéfice des sociétés cotonnières à capitaux étrangers, détenant le monopole de l’achat, de l’égrenage et de l’exportation. La culture du coton est surtout développée dans la partie centrale de la République, entre Bambari (31 000 hab.) et Bossangoa (35 000 hab.). Le rendement moyen à l’hectare est inférieur à 300 kg, malgré les efforts d’améliorations culturales et les rendements témoins encourageants. Le revenu assuré par le coton est très faible (10 000 FCFA en moyenne par famille et par an). Les autres cultures commercialisables ont des productions très variables, le sisal, l’hibiscus (roselle), le palmier à huile, l’arachide, le tabac arrivent à fournir quelques milliers de tonnes à l’exportation ou à l’industrie locale naissante.

Les conditions sont peu favorables à l’élevage, le cheptel est réduit et le pays doit importer de la viande du Tchad.

• Les ressources minières tiennent actuellement la première place dans la production centrafricaine (plus de 50 p. 100 de la valeur des exportations). L’extraction de 650 000 carats de diamant occupe 45 000 personnes sous le contrôle de l’Office national des diamants. La découverte de gisements d’uranium à Bakouma doit permettre vers 1972 la mise en place d’un complexe industriel.

L’activité industrielle est encore réduite et soumise au handicap des transports. Le réseau routier comporte 19 000 km de routes et de pistes, qui ne sont bitumées que dans les périmètres urbains. Le réseau fluvial n’est utilisable qu’à l’aval de Bangui et sur la Sangha. Le projet de raccordement d’une antenne de voie ferrée au Transcamerounais désenclaverait la République centrafricaine vers le port le plus proche : Douala. Actuellement, le port de Bangui assure un trafic de 150 000 t, dont les deux tiers à l’importation. Le quart du trafic intéresse le Tchad. Bangui est le premier point de rupture de charge sur l’axe Fort-Lamy - Pointe-Noire (qui comporte 1 200 km de route entre Fort-Lamy et Bangui, 1 200 km par voie fluviale de Bangui à Brazzaville, puis 510 km par voie ferrée jusqu’à Pointe-Noire).

• À côté de la vingtaine d’usines d’égrenage de la zone cotonnière, quelques huileries, la fromagerie de Sarki, les principales industries sont dans la capitale ou ses proches environs. Les industries alimentaires (abattoir, brasseries et boissons gazeuses) se sont augmentées d’un complexe huilerie - savonnerie - minoterie - aliments du bétail à Ouango. Une manufacture de plastiques, une usine à gaz et une fabrique de peintures représentent le secteur chimique. Outre l’usine de tissage de Bouali, un nouveau complexe textile (filature, tissage, impression) offre mille emplois. Des entreprises de montage de cycles, de constructions métalliques et la fabrique d’articles d’aluminium (Pechiney) ajoutent aux possibilités d’emploi de la capitale.

• Le commerce extérieur est à peu près équilibré. Les importations portent essentiellement sur les machines, les appareils électriques, les produits chimiques, l’habillement et l’alimentation ; les exportations sont dominées par le diamant (50 p. 100), vers les États-Unis et Israël, le café, le coton, les bois, en direction de la France et de l’Europe occidentale.

J. C.