Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
C

Cent-Jours (les)

Période du gouvernement impérial comprise entre le retour de Napoléon Ier à Paris (20 mars 1815) et sa seconde abdication (22 juin 1815).


Échappé de l’île d’Elbe, l’Empereur, le 20 mars au soir, passe le seuil des Tuileries, désertées par Louis XVIII et les siens. Il est accueilli par une foule en délire, mais, de Vienne, où se tient le congrès, Talleyrand parle de l’« homme organiquement fou » et annonce : « Le dénouement ne tardera pas trois mois. »

À peine réinstallé, Napoléon constitue son gouvernement. Cambacérès reçoit le portefeuille de la Justice, Davout la Guerre, Caulaincourt les Relations extérieures, Fouché la Police, Carnot l’Intérieur. Si les ministres, même les plus enthousiastes, ne peuvent s’empêcher d’éprouver quelque appréhension devant l’avenir, du moins l’attachement de la masse de la nation reste certain. Mais l’Empereur ne se leurre pas : « Je suis seul en face de l’Europe, voilà ma situation », et, de son côté, Fouché prophétise : « Toute l’Europe va lui tomber sur le corps. » Pour devancer les Alliés, Napoléon charge Caulaincourt de les rassurer sur ses intentions pacifiques. Deux tentatives en ce sens auprès de l’empereur d’Autriche et du tsar sont sans effet. Aussi, n’ignorant pas que les puissances l’ont, sur l’initiative de Talleyrand, mis au ban de l’Europe (13 mars), l’Empereur travaille à se refaire une armée. Des 400 000 hommes qu’il possède ou attend, il détache six corps destinés aux frontières ; en même temps, il arrête ses plans de campagne, réorganise le commandement et l’armement.

Pour bien montrer à la bourgeoisie qu’il ne vise pas à la dictature, il décide de donner au pays une Constitution libérale, refusant en effet de s’appuyer sur les forces révolutionnaires et ne voulant pas être le « roi d’une jacquerie ». L’« Acte additionnel aux Constitutions de l’Empire », rédigé par Benjamin Constant, est publié le 23 avril. Cette « Charte améliorée », suivant le mot de Chateaubriand, prévoit un régime représentatif avec deux assemblées, une Chambre des pairs et une Chambre des représentants, qui doivent voter les lois, les impôts et le contingent annuel ; la liberté des cultes et la liberté de la presse sont assurées. La Constitution est médiocrement accueillie : les bonapartistes la jugent trop libérale, les anciens Jacobins l’estiment peu démocratique.

Pendant qu’à Vienne les diplomates du congrès déclarent qu’ils « ne sauraient renoncer au droit d’empêcher qu’il ne s’établisse en France un foyer de désordres et de bouleversements incompatibles avec leurs propres sûretés et la tranquillité générale de l’Europe », Napoléon lève de nouvelles troupes ; leur moral est excellent. Mais l’ère de l’euphorie semble close. Si l’acte additionnel est plébiscité par plus de 1 500 000 voix contre moins de 5 000, la majorité est trois fois moins forte que celles de l’an VIII ou de l’an XII. La fête du Champ de mai (1er juin), au cours de laquelle sont proclamés les résultats, provoque plus d’étonnement que d’enthousiasme. Par ailleurs, les menées royalistes soulèvent partiellement la Vendée : un corps d’armée doit être immobilisé dans l’Ouest. L’Empereur lui-même semble désorienté : il hésite, il demande des conseils, sa vigueur physique est diminuée.

En Belgique, les Alliés concentrent leurs troupes. Wellington et Blücher attendent pour attaquer l’arrivée des forces autrichiennes de Schwarzenberg. Napoléon veut empêcher leur jonction. Le 11 juin, il quitte la capitale pour rejoindre l’armée du Nord et lui fait franchir la Sambre (15 juin). Ses soldats sont pleins d’ardeur, mais se méfient de leurs chefs. À l’échelon du commandement, l’absence de Berthier et de Murat pèse lourdement. Fouché avoue cyniquement : « L’Empereur gagnera une ou deux batailles, il perdra la troisième et alors notre rôle commencera. » Les événements lui donneront raison : Napoléon défait les Prussiens à Ligny (16 juin), mais, deux jours plus tard, le désastre de Waterloo sonne le glas de l’Empire.

Le 21 juin au matin, l’Empereur vaincu se retrouve à l’Élysée. Pressé par les Chambres, que manœuvre Fouché, il signe sa seconde abdication en faveur de Napoléon II et invite les députés à organiser un conseil de régence (22 juin). Le 25, il part pour Malmaison, puis (29 juin) prend la route de Rochefort et gagne l’île d’Aix, d’où il montera à bord du Bellerophon, première étape sur le chemin de Sainte-Hélène.

A. M.-B.

➙ Empire (premier) / Napoléon Ier / Restauration.

 H. Houssaye, 1815 (Perrin, 1929 ; 2 vol.). / J. Thiry, les Cent-Jours (Berger-Levrault, 1943). / L. Madelin, Histoire du Consulat et de l’Empire, t. XVI, les Cent-Jours, Waterloo (Hachette, 1954). / R. Margerit, Waterloo, 18 juin 1815 (Gallimard, 1964). / E. Saunders, The Hundred Days (Londres, 1964). / E. Aubert, les Cent-Jours (Julliard, 1967).

centrafricaine (République)

État de l’Afrique centrale.



Le milieu

La République centrafricaine occupe la dorsale ouest-est de hauts plateaux qui séparent les bassins du Tchad au nord et du Congo au sud, entre 3° 30′ et 11° de lat. N. (750 km), et de 14° 30′ à 27° de long. E (1 400 km). La dorsale s’abaisse en son centre à 400 m d’altitude entre le massif de Yadé à l’ouest (1 420 m) et les monts des Bongo à l’est (1 400 m). Le versant oubanguien correspond à une savane forestière de type guinéen sous un climat tropical humide, à longue saison des pluies (mars-novembre). Celles-ci, comprises entre 1 500 et 2 000 mm, marquent un fléchissement très net de décembre à février (moins de 50 mm par mois), un second moins accusé en juillet.

Le versant tchadien, sous climat de moins en moins humide (1 200 à 1 500 mm) évoluant vers un climat tropical à saison sèche bien marquée (novembre-mars), est couvert par la forêt sèche, qui passe progressivement à la savane boisée, surtout vers le nord-est, dans la région de Birao.