Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
C

Carnot (les) (suite)

Hippolyte Carnot

(Saint-Omer 1801 - Paris 1888).

Républicain comme son père Lazare, Hippolyte Carnot renonce au barreau pour ne pas prêter serment aux Bourbons. Saint-simonien, il écrit des articles dans le Producteur. En 1830, il fait le coup de feu sur les barricades de Juillet, mais rompt avec Enfantin ; il siège au centre gauche comme député de 1839 à 1848. En 1848, il est ministre de l’Instruction publique pendant quelques mois. Pour fonder solidement la République, il veut instruire le citoyen. Héritier des idées de son père, il établit un projet d’éducation gratuite et obligatoire et, à la veille des élections de 1848, donne mission aux instituteurs d’éclairer le peuple des campagnes : les paysans, dit-il, doivent siéger à la Chambre et y défendre eux-mêmes leurs intérêts. Blâmé pour ses idées avancées par la droite cléricale qui fera passer la loi Falloux, Carnot doit se retirer. Il laissait dans ses dossiers des projets d’écoles maternelles, de lycées de jeunes filles et surtout d’une École d’administration, pépinière de fonctionnaires républicains. Après le coup d’État de 1851, auquel il tente de s’opposer, il est élu au Corps législatif en 1852, puis en 1857, mais il refuse de siéger pour ne pas prêter serment de fidélité à l’empereur. Élu une troisième fois en 1864, il défend les idées libérales au Corps législatif : un service militaire universel qui rapprocherait l’armée de la nation. Maire du VIIIe arrondissement pendant le siège de Paris, il s’oppose ensuite à l’ordre moral et devient sénateur en 1875.


Marie François Sadi Carnot dit Sadi-Carnot

(Limoges 1837 - Lyon 1894).

Fils d’Hippolyte, Sadi-Carnot, major des Ponts et Chaussées, va, en 1863, diriger les travaux en Savoie. Il y bâtit chemins de fer, routes et ponts. Collaborateur de Freycinet à la délégation de Tours, il est nommé préfet à Rouen et chargé de défendre la Seine-Inférieure en 1871. Membre des assemblées de la IIIe République, plusieurs fois ministre, il s’occupe surtout de travaux publics et de finances. Le visage triste avec sa barbe noire et carrée, c’est l’homme des rapports longuement étudiés, qu’il débite d’une voix claire et d’un ton précis. Après le scandale Wilson, écartant J. Grévy, le Congrès l’élit à la présidence de la République (1887). Son septennat, Carnot le remplit avec bonne volonté. Il incarne la République triomphante aux fêtes du centenaire de la Révolution (1889), peu après la tourmente boulangiste. En 1892, il voyage à travers le pays pour y propager l’idéal démocratique. En juin 1894, il inaugure l’Exposition universelle de Lyon. Le cortège se rendait au théâtre, au soir du 24 juin. Au pont de la Guillotière, l’Italien Caserio guettait. Il poignarda le président, qui mourut quelques heures plus tard.

Les continuateurs de Sadi Carnot

Émile Clapeyron, ingénieur et physicien français (Paris 1799 - id. 1864). Après un séjour en Russie, il participe en France à la construction de chemins de fer. En 1834, il publie dans le Journal de l’École polytechnique un mémoire sur « la force motrice de la chaleur », dans lequel il sauve de l’oubli la brochure de Carnot. Il donne une représentation graphique du théorème de Carnot et établit les formules de thermodynamique qui portent son nom. (Acad. des sc., 1858.)

Rudolf Emanuel Clausius, physicien allemand (Köslin, Poméranie, 1822 - Bonn 1888). Il donne en 1850 un énoncé englobant les deux principes de la thermodynamique, introduit la notion d’entropie et établit les inégalités qui portent son nom. Il s’occupe aussi de développer la théorie cinétique des gaz.

P. M.

 Sur Lazare Carnot. W. Korte, Das leben L. N. M. Carnot (Leipzig, 1820). / L. H. Carnot, Mémoires sur Carnot, par son fils (Pagnerre, 1861-1864 ; 2 vol.). / R. Warschauer, Studien zur Entwicklung der Gedanken Lazare Carnots über Kriegsführung (Berlin, 1937). / H. Dupré, Lazare Carnot, Republican Patriot (Oxford, Ohio, 1940). / M. Reinhard, le Grand Carnot (Hachette, 1952).
Sur Sadi Carnot. E. Ariès, l’Œuvre scientifique de Sadi Carnot (Payot, 1921). / E. Mendoza, Reflections on the Motive Power of Fire by Sadi Carnot (New York, 1960).
Sur Hippolyte Carnot. P. Carnot, Hippolyte Carnot et le ministère de l’Instruction publique de la seconde République (P. U. F., 1948).
Sur Marie François Sadi-Carnot. F. Bac, Intimités de la IIIe République, t. I : De monsieur Thiers au président Carnot (Hachette, 1935). / E. Locard, le Crime inutile (La Flamme d’or, 1958). / G. Bermann et J. Chapuis-Caire, l’Assassinat de Sadi-Carnot (Imprimerie Noirclerc et Fénétrier, Lyon, 1963).

Caroline

Nom de deux États des États-Unis : Caroline du Nord (North Carolina) [136 523 km2 ; 5 082 000 hab. Capit. Raleigh] et Caroline du Sud (South Carolina) [80 432 km2 ; 2 591 000 hab. Capit. Columbia].


Les deux Carolines s’étendent des Appalaches à l’Atlantique. Plus étirée de l’est à l’ouest que sa voisine, la Caroline du Nord atteint même la région des crêtes et vallées et le bassin du Tennessee. Elle possède la partie la plus large et la plus élevée du Blue Ridge (2 037 m au mont Mitchell). Les montagnes sont couvertes de forêts, où se mêlent espèces tempérées boréales et subtropicales. Le Blue Ridge tombe sur le Piedmont, surface légèrement ondulée, accidentée de quelques monadnocks et de vallées encaissées. Dans les Carolines, la Fall Line, qui sépare le Piedmont de la plaine côtière, est peu marquée topographiquement, mais elle a fixé ici aussi l’emplacement de villes, en particulier des capitales, Raleigh et Columbia. Le Piedmont et la plaine côtière ont des étés chauds (26 °C en juillet à Durham), des hivers brefs et peu accusés, des précipitations abondantes (environ 900 mm), surtout en été. Les sols ont été en partie détruits par l’ancienne monoculture du coton ou emportés par l’érosion. Le littoral est caractérisé par de vastes lagunes et des flèches (cap Hatteras).

À l’exception des ports jadis importants de Wilmington et Charleston, la colonisation évita la côte, malsaine, au profit de l’intérieur de la plaine et surtout du Piedmont, tôt voué à la culture du coton et du tabac. La prospérité économique reposait sur l’exportation des produits de plantation et l’esclavage (il y a aujourd’hui 25 p. 100 de Noirs en Caroline du Nord et 35 p. 100 en Caroline du Sud).

De la guerre de Sécession à ces dernières années, les Carolines ont connu les problèmes du Sud et son sous-développement relatif : agriculture archaïque, émigration massive, sous-industrialisation, chômage, infériorité socio-culturelle, mortalité élevée, conflits raciaux. Depuis moins de vingt ans, on assiste à un progrès économique remarquable, surtout en Caroline du Nord.