Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
C

caractère d’imprimerie (suite)

• Le dessin, à grande échelle, exige une étude minutieuse, très poussée, ainsi qu’une longue et délicate mise au point. Il s’agit de voir comment les lettres s’assemblent pour former des mots, comment elles s’harmonisent, quelle est l’influence optique des diverses échelles de réduction, enfin quelle est la lisibilité. Toutes les lettres, tous les chiffres et tous les signes sont étudiés, puis dessinés définitivement.

• La gravure des poinçons se fait mécaniquement, au pantographe, en suivant le tracé des lettres dessinées. Le poinçon en acier présente en relief le caractère aux dimensions voulues. Après usinage, il est trempé.

• La confection des matrices consiste à reproduire la lettre en creux dans un métal, qui est généralement du cuivre. L’empreinte est obtenue sous forte pression dans une machine munie de dispositifs permettant un alignement précis et une profondeur de creux régulière. Puis on enlève les boursouflures de la frappe et on égalise toutes les matrices par une délicate opération de rectification. On obtient également des matrices en faisant sur le poinçon un dépôt électrolytique de cuivre. Un caractère déjà existant peut jouer le rôle du poinçon. C’est le surmoulage. Mais les caractères originaux restant la propriété du fondeur qui les a créés, ce procédé ne peut légalement être utilisé que par lui. On évite le passage par le poinçon en gravant directement la matrice au pantographe, d’après le dessin original. Une mèche fraiseuse donne l’image en creux, précise en profondeur et en position.

• La fonte des caractères se fait sur une machine automatique. Le métal en fusion dans un creuset (64 p. 100 de plomb, 30 p. 100 d’antimoine, 6 p. 100 d’étain) est envoyé par un petit piston dans la matrice. Les caractères coulés sont éjectés, rabotés, calibrés à la cadence moyenne de 6 000 à l’heure.

• Les grands caractères pour affiches, en bois ou en plastique, sont gravés mécaniquement un par un.


Lisibilité des caractères

Un texte composé est destiné à être lu. C’est un support d’information dont l’utilité sera d’autant meilleure qu’il pourra être lu facilement et sans fatigue. La forme des caractères en elle-même n’est qu’un facteur de la lisibilité, et il semble que les caractères classiques soient les plus lisibles. La taille la meilleure est le corps 10. La longueur des lignes, leur espacement ainsi que le contraste de l’imprimé jouent un rôle important.

Un texte peut aussi être lu automatiquement par le lecteur d’entrée d’une machine de traitement de l’information, d’une machine à classer, d’un ordinateur. Deux systèmes de caractères ont été conçus à l’origine pour la lecture magnétique : le MICR E 13 américain et le CMC 7 de la société Bull. Parmi ceux qui sont destinés à la lecture optique, les caractères normalisés ROC A et ROC B (chiffres et lettres) sont à la fois reconnaissables par l’œil et lisibles par la machine.

G. B.

 F. Thibaudeau, la Lettre d’imprimerie (Bureau de l’Édition, 1922). / D. B. Updike, Printing Types : Their History, Forms and Use (Cambridge, Mass., 1922 ; nouv. éd., 1951 ; 2 vol.). / M. Audin, Somme typographique (Audin, 1947-1950 ; 3 vol.). / A. Pernin, Composition typographique et description générale des techniques graphiques (Eyrolles, 1957). / J. Tschichold, Treasury of Alphabets and Lettering (New York, 1966). / C. Dair, Design with Type (Toronto, 1967). / Massin, la Lettre et l’image (Gallimard, 1970).

caractériel (enfant)

Enfant qui présente une inadaptation à son milieu familial ou scolaire sans que l’on puisse imputer celle-ci à un déficit intellectuel ou sensoriel, ou à une maladie mentale déjà organisée.


La notion de troubles caractériels renvoie à celle de caractère. Le caractère est considéré comme la résultante de facteurs d’ordre organique et constitutionnel (tempérament, terrain) et de facteurs d’ordre éducatif (relationnel, socio-culturel, pédagogique, etc.) ; le dérèglement de l’un de ces facteurs peut être à l’origine des perturbations constatées.

Celles-ci s’expriment très différemment selon les enfants :
— agressivité (colères, réactions d’opposition) ;
— inhibition (blocage affectivo-instinctuel, mutisme, indifférence) ;
— troubles des comportements instinctuels (anorexie*, boulimie, énurésie, encoprésie, troubles du sommeil) ;
— réactions de compensation (mensonges, vols mineurs, fugues, refuge dans un univers personnel et imaginaire) ;
— réactions de régression (puérilisme, égocentrisme) ;
— manifestations asociales (délinquance*).

La compréhension de l’enfant caractériel passe avant tout par l’analyse du rôle que remplit le symptôme dans la dialectique enfant-environnement. C’est ainsi que Jean-Louis Lang distingue :
1o les troubles réactionnels, qui apparaissent essentiellement comme une réponse à une situation traumatisante sans que la structure de la personnalité soit profondément bouleversée, et qui régressent à la suite d’une action adéquate sur l’environnement (conseils éducatifs aux parents, changement d’école, etc.) ;
2o les troubles caractériels structuraux, qui sont devenus partie intégrante de la personnalité et manière habituelle d’être au monde. Ces troubles servent d’exutoire à l’angoisse profonde et viennent se greffer sur un fond d’immaturité psycho-affective ;
3o les structures caractérielles pathologiques, qui constituent souvent alors l’unique expression d’un état prépsychotique ou prénévrotique. Les investissements affectifs primordiaux sont alors profondément altérés, rendant nécessaire le recours à une psychothérapie.

Cependant, à partir des symptômes présentés par l’enfant dans l’un de ces trois groupes, on ne saurait établir un pronostic, car il peut y avoir passage de l’une à l’autre. D’autre part, l’enfant, contrairement à l’adulte, est en perpétuelle évolution ; en dehors de cas très tranchés, il n’existe pas de continuum entre la pathologie mentale de l’enfant et celle de l’adulte.