Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
C

Caracas (suite)

Caracas, centre artistique

Urbanisme et architecture

La ville de Caracas fut élevée selon le plan habituel des villes espagnoles : des rues rectilignes autour du carré de la Grand-Place, flanquée de la cathédrale et de l’hôtel de ville ; elle conserva cet aspect jusqu’en 1940, date à laquelle on décida de la remodeler. Elle ne comptait alors que 300 000 habitants.

L’architecte Carlos Raúl Villanueva (né en 1900) fut chargé, avec le Français Maurice Rotival, de diriger l’opération. Si l’ancien centre et la cathédrale furent préservés, la ville, perdant les maisons anciennes qui bordaient ses rues étroites, se groupa autour d’un nouveau pôle, le centre Simón Bolívar, entre les deux tours duquel la circulation automobile est canalisée par un passage souterrain.

Mais, dans son impétueux développement, elle a fait éclater son noyau urbain. Après avoir occupé les terres des haciendas à l’est de sa vallée, elle a déboisé ses collines pour y élever des villas modernes entourées de jardins ainsi que des immeubles collectifs, chacun surpassant l’autre dans sa recherche architecturale. Le paysage urbain de la nouvelle Caracas est ainsi l’un des plus originaux qui soit, dominé par l’hôtel Humboldt, remarquable édifice de section circulaire, d’une vingtaine d’étages, élevé au sommet du mont Ávila par Tomás José Sanabria (né en 1922).

Peinture

La grande vitalité dont fait preuve aujourd’hui la peinture vénézuélienne est l’aboutissement d’une évolution de quatre siècles. L’époque coloniale développe un art religieux et un art du portrait d’une indéniable qualité. Après l’indépendance, les peintres manifestent leur talent dans de grandes compositions historiques. L’un d’entre eux, Martín Tovar y Tovar (1828-1902), a été qualifié par le peintre mexicain David Alfaro Siqueiros de plus grand moraliste latino-américain du xixe s.

Armando Reveron (né en 1890), artiste de dimension universelle autant que lié à la culture de son pays, domine la première moitié de ce siècle. Après la Seconde Guerre mondiale, Alejandro Otero (né en 1921) est le premier à venir à Paris prendre contact avec les nouveaux courants plastiques. Après son retour à Caracas, ses recherches géométriques aboutiront notamment à la série des « colorritmos ».

Parmi les peintres travaillant à Paris, il faut citer Jesús Raphaël Soto* et Carlos Cruz Diez, qui appartiennent à l’art cinétique*, ainsi qu’Hector Poleo, dont les œuvres récentes évoluent vers une libération de toute contrainte et de toute tendance. On peut dire, sommairement, que la peinture vénézuélienne d’aujourd’hui se partage entre quatre grands courants : l’abstraction à tendance « constructive », l’expressionnisme abstrait, le cinétisme et la nouvelle figuration.

La Cité universitaire

Elle a été construite par Villanueva, qui a voulu réaliser dans son noyau central l’intégration des arts plastiques — décor mural, vitrail, sculpture — à la création architecturale. Très réussie, cette œuvre reste un exemple unique. Villanueva fit appel à des artistes étrangers, dont Léger*, Arp*, Vasarely*, Calder* (mobiles du grand amphithéâtre), et aux Vénézuéliens, parmi lesquels Otero, Soto, Poleo, Mateo Manaure, Osvaldo Vigas, Armando Barrios, Miguel Arroyo.

J. R. de A.

 A. Boulton, Historia de la pintura en Venezuela (Caracas, 1964-1968 ; 2 vol.). / G. Gasparini, La arquitectura colonial en Venezuela (Caracas, 1965). / E. Bullrich, Arquitectura latinoamericana 1930-1970 (Buenos Aires, 1969).

M. R.

caractère d’imprimerie

À l’origine, type mobile comportant en relief le dessin d’une lettre ou d’un signe employé pour la composition des pages à imprimer. Par extension, lettre ou signe possédant un dessin et un style particuliers.


L’une des originalités de l’invention de Johannes Gensfleisch, dit Gutenberg (entre 1394 et 1399-1468), réside dans le fait qu’il fabriqua des caractères d’imprimerie en métal par la coulée dans une matrice d’un alliage plomb-antimoine, le plomb seul étant trop mou. Avant lui, des impressions ont déjà été obtenues sur des caractères individuels, assemblés pour constituer des mots, des lignes, des pages et qui pouvaient servir de nombreuses fois. Le Hollandais Laurens Janszoon, dit Coster (v. 1405 - v. 1484), imprime ainsi en 1423 à Haarlem, au moyen de lettres mobiles en bois, un petit livre de huit pages, contenant l’alphabet, l’Oraison dominicale et le Symbole des Apôtres. Il semble même que le Chinois Bi Sheng (Pi Cheng, xie s. apr. J.-C.) soit le premier, entre 1041 et 1048, à se servir de caractères mobiles en bois ou en céramique. Chinois et Coréens eurent ensuite des caractères en plomb, puis en cuivre.


Évolution des formes

• Les caractères dont se servent Gutenberg et ses successeurs immédiats sont des reproductions de l’écriture des copistes, la gothique, et l’aspect des livres imprimés ne diffère guère de celui des manuscrits. Bientôt les graveurs de caractères subissent l’influence du courant d’idées de la Renaissance et cherchent, comme bien d’autres, à imiter les Anciens.

• Le caractère droit, dit romain, est employé vers 1465 par des imprimeurs établis à Subiaco, près de Rome. Nicolas Jenson (1420-1480 ou 1481), graveur à la monnaie de Tours et qui vient s’établir imprimeur à Venise en 1470, harmonise sa forme. Le caractère penché, imitant l’écriture courante ou cursive, est dû, vers 1500, à un autre imprimeur de Venise, Tebaldo Manuzio, dit Alde l’Ancien (v. 1449-1515) ; appelé d’abord aldine, ce caractère prend bientôt le nom d’italique et le conserve.

• Les dessins des caractères deviennent au xvie s. l’objet d’études artistiques et théoriques qui visent à épurer et à codifier leurs formes, cette tendance étant plus particulièrement marquée dans le livre de Geoffroy Tory (v. 1480 - v. 1533) le Champfleury (1529). Élève de Tory, Claude Garamond (1499-1561) présente en 1540 des caractères romains et italiques élégants et harmonieux, qui servent de modèles pendant des siècles. S’inspirant de Garamond, les imprimeurs hollandais Elzevier gravent et diffusent le caractère qui continue à porter leur nom ; les premiers, ils font la distinction entre les lettres I et J, U et V. Ce genre de caractère, aux pleins et déliés bien proportionnés, très lisible, est encore très utilisé de nos jours.

• Le siècle suivant voit peu de nouveautés, à part la création, pour l’Imprimerie royale, d’un caractère spécial, le romain du roi, par Philippe Grandjean.