Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
C

Capra (Frank)

Metteur en scène de cinéma américain d’origine italienne (Palerme 1897).


Frank Capra, dont la famille avait émigré aux États-Unis dès 1903, débute à Hollywood en 1921 comme figurant dans des westerns de Harry Carey et comme assistant technique. Deux ans plus tard, l’acteur shakespearien Walter Montague lui demande de diriger un court métrage (Fultah Fisher’s Boarding House) inspiré par un poème de Rudyard Kipling. Après avoir collaboré à la réalisation de quelques petites comédies de la série « Our Gang », dont les vedettes sont des enfants, il est appelé par Mack Sennett et devient le gagman attitré de Harry Langdon. Il suit ce dernier sous contrat à la First National, travaille au scénario de Plein les bottes (Tramp, Tramp, Tramp, 1926) et signe la mise en scène de l’Athlète incomplet (The Strong Man, 1926) et de Sa première culotte (Long Pants, 1927). L’échec de For the Love of Mike (1927) le contraint à abandonner la First National pour la Columbia. Pendant cinq années, il tourne plusieurs films aux sujets éclectiques, mais son goût le porte déjà vers la comédie sentimentale et humoristique. Successivement, il donne That Certain Thing (1928), Submarine (1928), The Donovan Affair (1929), Ladies of Leisure (1930), Rain or Shine (1930), The Miracle Woman (1931), Platinum Blonde (1931) avec Jean Harlow, Forbidden (1932), American Madness (1932), The Bitter Tea of General Yen (1932). À partir de Grande Dame d’un jour (Lady for a Day, 1933) et surtout de New York-Miami (It happened one Night, 1934) avec le couple Clark Gable-Claudette Colbert, qui remporte l’Oscar du meilleur film de l’année, la carrière de Capra se confond avec celle de son scénariste Robert Riskin. C’est à leur étroite collaboration que l’on doit les grands succès de la « comédie sophistiquée » des années 30 : l’Extravagant M. Deeds (Mr. Deeds goes to Town, 1936) et Vous ne l’emporterez pas avec vous (You can’t take it with you, 1938).

Ces fantaisies légères, dont le prétexte n’est bien souvent qu’une simple situation vaudevillesque, s’orientent assez rapidement, grâce à l’ingéniosité d’un rythme soutenu, vers la pure loufoquerie et la cocasserie débridée. On peut, néanmoins, regretter que Capra ait voulu parfois accompagner son sens inné du gag par un arrière-plan moralisateur, voire sermonneur.

Se montrant le reflet fidèle d’une Amérique rooseveltienne qui cherche à conjurer les effets de la grande crise de 1929 par un libéralisme légèrement démagogique et utopique, le réalisateur s’essouffle à vouloir donner du monde farfelu qu’il anime une image rassurante et lénifiante. Après Horizons perdus (Lost Horizon, 1937), il réalise notamment M. Smith au Sénat (Mr. Smith goes to Washington, 1939), dont le scénario est dû exceptionnellement à Sidney Buchman, et l’Homme de la rue (Meet John Doe, 1941).

Pendant la Seconde Guerre mondiale, il dirige pour le compte du département d’État plusieurs films d’une remarquable série documentaire : Pourquoi nous combattons (Why we fight, 1942-1945). En 1944, Arsenic et vieilles dentelles (Arsenic and Old Lace) paraît rendre à Capra son second souffle. Mais il faut bientôt se rendre à l’évidence. La comédie sophistiquée ne parvient pas à renaître, et celui qui en fut le maître incontesté ne réussit pas à se renouveler. Son idéologie est dépassée, et ses dernières œuvres n’ajoutent rien à sa gloire. Après avoir fondé en 1945 avec G. Stevens et W. Wyler la Liberty Film, Capra tourne La vie est belle (It’s a Wonderful Life, 1946), l’Enjeu (State of the Union, 1947), Jour de chance (Riding High, 1950), Si l’on mariait papa (Here comes the Groom, 1951), Un trou dans la tête (A Hole in the Head, 1959), Milliardaire pour un jour (Pocketful of Miracles, 1961). Il se distingue également pour son excellente direction d’acteurs, qui permet à des vedettes comme Barbara Stanwyck, Claudette Colbert, Jean Arthur, Clark Gable, Gary Cooper, James Stewart et Cary Grant d’affirmer leur talent.

J.-L. P.

 F. Capra, Hollywood Story (Stock, 1976).

Caprins ou Caprinés

Sous-famille de Mammifères ruminants, dont le type est la Chèvre (famille des Bovidés).


Célébrée pendant l’Antiquité, car elle fournissait des produits aussi variés que le lait, la laine, le cuir et la viande, la Chèvre a connu par la suite une réputation moins enviable, surtout au Moyen Âge, où la croyance populaire en faisait le symbole de l’impureté et des forces maléfiques. Lors du développement des sciences agronomiques, on marqua une certaine désaffection pour cette espèce réputée comme un véritable fléau pour la végétation : c’était la « vache du pauvre », l’animal qui exploitait les zones considérées comme impropres à la culture ou aux autres élevages. La réhabilitation de l’espèce caprine date du milieu de notre siècle : on a découvert alors son intérêt économique et ses possibilités exceptionnelles de production. Désormais, la Chèvre ne peut plus être considérée comme la rivale du forestier dans tous les pays méditerranéens, si tant est, du moins, que l’on organise son élevage, et particulièrement ses zones de pâturage.

Les effectifs de l’espèce caprine, du moins en ce qui concerne les races domestiques, sont particulièrement importants au Moyen-Orient et sur le pourtout méditerranéen, où on l’élève pour le lait, alors que certains autres pays l’exploitent pour la laine : laine mohair des États-Unis et de la Turquie, tissus de cachemire de l’Inde.

En Europe, du point de vue des effectifs, la France (1 019 000) arrive derrière l’Italie (1 140 000), l’Espagne (2 649 000) et la Grèce (3 945 000). La Suisse, berceau des principales races européennes (73 000), et l’Angleterre (19 000) se sont, depuis longtemps, spécialisées dans la production de reproducteurs de qualité.

Les caractéristiques de la Chèvre sont en tout point remarquables : rustique et robuste, cet animal, d’un poids moyen variant entre 40 et 70 kg, est susceptible de consommer des quantités énormes de fourrages grossiers, ce qui limite les quantités d’aliment complémentaire, plus coûteux, que l’on doit lui distribuer. Correctement alimentée, une bonne Chèvre donne, en trois cents jours de lactation, de 800 à 1 000 kg de lait, soit quinze fois son propre poids, les meilleures d’entre elles pouvant donner des quantités nettement supérieures, atteignant presque 2 000 kg.