Brazzaville (suite)
Les quartiers d’habitat moderne s’allongent le long du Congo et sur le bord du plateau. Ils comportent une majorité de petites villas entourées d’arbres et de pelouses dans les quartiers résidentiels comme l’Aiglon, ou un mélange de villas et d’immeubles à usage mixte, mais de dimensions modestes. La densité d’occupation est faible. L’aspect est souvent celui d’un parc, aspect qu’accentuent les terrains vagues, les ravins boisés ou les jardins maraîchers. L’administration se regroupe dans le quartier du Plateau, le commerce dans celui de la Plaine, l’industrie et les entrepôts à Mpila, près du port.
Les quartiers d’habitat traditionnel ont constitué longtemps deux masses distinctes. Sur le plateau, Bacongo, fief des citadins d’origine Lari, s’est étendu jusqu’au Djoué avec le gros quartier de Makélékélé. Dans la plaine, Poto-Poto, dont les habitants se rattachent à plus de 150 groupes ethniques, a bourgeonné vers le nord et le nord-ouest, avec Moungali, Ouenzé, Tsiama. Tous ces quartiers, dont la croissance a été souvent spontanée, frappent par la régularité de leur plan en grille. Le recoupement des rues délimite des blocs rectangulaires, divisés en petites parcelles familiales ou concessions. Sur chacune d’elles, s’élèvent un ou plusieurs bâtiments fréquemment construits en matériau végétal, et surtout en argile gâchée, maintenue par une armature de bois (poto-poto). Mais briques sèches et parpaings de ciment pour les murs, tôles ondulées pour le toit ont fait de rapides progrès. Chaque parcelle est entourée par une clôture (piquets, planches, haie vive) et complantée d’arbres ; d’où l’aspect verdoyant et cloisonné du paysage. Depuis quelques années, des lotissements ont encore surgi entre le Djoué et l’aéroport. Tous ces quartiers constituent une sorte de banlieue où habitent les salariés, employés et petits fonctionnaires travaillant dans le centre. Mais ils ont aussi leur vie propre, animée par l’artisanat et surtout le commerce sous toutes ses formes, du magasin à l’étalage improvisé du revendeur au détail.
Les fonctions urbaines sont multiples. Ce sont d’abord celles d’une capitale, siège des ministères, des assemblées et des grands services nationaux, politiques et administratifs. Le rôle intellectuel est marqué par les établissements universitaires, les lycées, les organismes de recherche comme l’important centre O. R. S. T. O. M. (Office de la recherche scientifique et technique outre-mer). La fonction industrielle n’a jamais connu un grand développement (en dépit de la construction d’un barrage hydro-électrique sur le Djoué) : boissons, glace alimentaire ; savons ; petite industrie chimique et mécanique ; matériaux de construction. Un complexe textile a été installé avec l’aide de la Chine populaire, ainsi qu’un atelier de pressage de disques et une manufacture de cahiers. La fonction commerciale reste la plus active : commerce né des besoins quotidiens de la population, mais aussi commerce de transit, qu’illustrent les activités du port fluvial (500 000 t) et de la voie ferrée, relais essentiels entre l’Atlantique et les États de l’intérieur. Dans ce domaine, l’aéroport de Maya-Maya joue également un rôle international.
P. V.
G. Balandier, Sociologie des Brazzavilles noires (A. Colin, 1955).