Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
B

Bourgogne (suite)

L’âge d’or de la Bourgogne ducale

La Bourgogne devint un foyer d’art international dans la seconde moitié du xive s. et pendant le siècle suivant, sous les ducs de la maison de Valois. Ceux-ci firent venir de nombreux peintres et sculpteurs de leurs possessions flamandes et néerlandaises, et le principal théâtre de leur mécénat fut Dijon : palais ducal, chartreuse de Champmol où Claus Sluter* affirma son génie. Hors de Dijon, l’édifice le plus original est l’hôtel-Dieu de Beaune. Les châteaux, surtout ceux des grands dignitaires de la cour ducale, montrent l’évolution de la forteresse vers la résidence d’agrément : ainsi Châteauneuf-en-Auxois.

La sculpture est particulièrement brillante à cette époque. L’influence de Claus Sluter et la participation d’autres artistes du Nord expliquent en grande partie un style caractérisé par le réalisme, les proportions généralement trapues des figures, les draperies abondantes. On note des monuments funéraires, dont le plus saisissant est celui de Philippe Pot (Louvre), des Mises au tombeau, surtout celle de l’hôtel-Dieu de Tonnerre (1454). Mais ce qu’on trouve en abondance dans les églises, ce sont des statues isolées de la Vierge ou de saints. La Vierge du musée Rolin, à Autun, offre un exemple du style plus délicat de la fin du xve s.


La Renaissance

Dans la première moitié du xvie s., l’italianisme conduit à un style encore hybride, notamment dans les édifices religieux, où les ornements nouveaux habillent des structures de tradition gothique. Le modèle du genre est la façade de Saint-Michel de Dijon ; il faut citer aussi la chapelle du château de Pagny (décor intérieur au musée de Philadelphie), les façades de Notre-Dame et de Saint-Pierre de Tonnerre, le chœur de Cravant.

Le style ornemental de la première Renaissance caractérise aussi des édifices civils tels que l’hôtel de ville de Paray-le-Monial, la façade du château de Chailly-sur-Armançon ou les galeries latérales de celui de Bussy-Rabutin. Cependant, Ancy-le-Franc, élevé vers 1540 avec la participation de Serlio*, fait prévaloir une régularité et une majesté déjà classiques ; la décoration à fresque de l’intérieur se rattache à l’école de Fontainebleau, comme celle de la « tour de la Ligue » au château de Tanlay. Des dessins de Serlio ont peut-être servi à la construction, vers 1570, du château pentagonal de Maulne. Dans la seconde moitié du xvie s., le sculpteur sur bois et architecte Hugues Sambin (1518 - v. 1601) a laissé son nom à un type de décor puissant et chargé qui s’épanouit dans le mobilier comme aux façades des hôtels de Dijon. On en trouve l’écho au château de Sully, notamment dans la superbe cour intérieure.


Le xviie et le xviiie siècle

À partir du règne d’Henri IV, la production artistique de la Bourgogne, toujours abondante et souvent de belle qualité, tend à perdre son caractère local. L’architecture religieuse n’a plus la première place : jubé d’Appoigny, de style encore Renaissance ; grand séminaire d’Autun, où apparaît le classicisme ; reconstruction, au milieu du xviiie s., des bâtiments abbatiaux de Cluny et de Cîteaux ; église de Givry, d’époque Louis XVI, à plan centré.

L’activité des intendants royaux et le mécénat de la noblesse de robe ont contribué à l’éclat de la construction civile à Dijon et à Beaune ; à Chalon-sur-Saône, Emiland Marie Gauthey (1732-1806) bâtit le pont Saint-Laurent, à décor d’obélisques.

De nombreux châteaux sont construits ou modernisés. Le règne de Louis XIII et la minorité de Louis XIV nous ont laissé Montjeu, les imposantes écuries de Chaumont, près de Saint-Bonnet-de-Joux, Drée, une aile de Commarin, la riche façade du logis principal de Bussy-Rabutin et la majeure partie de Tanlay. De la fin du règne de Louis XIV datent Grancey, Thénissey, le corps principal de Commarin et l’harmonieux château carré de Vantoux, maison de campagne des premiers présidents du parlement de Dijon. Sous le règne de Louis XV, la grâce du style rocaille s’épanouit à Beaumont-sur-Vingeanne, à Talmay, à Longecourt-en-Plaine, château féodal rhabillé en stuc ; tandis qu’un style plus sévère, signe du retour de l’antique, s’affirme à Fontaine-Française et à Arcelot, aux portes de Dijon.

B. de M.

➙ Autun / Auxerre / Capétiens / Chalon-sur-Saône / Charles le Téméraire / Côte-d’Or / Creusot (Le) / Dijon / Franche-Comté / Jean sans Peur / Nevers / Nièvre / Philippe le Bon / Philippe le Hardi / Saône-et-Loire / Sens / Valois / Yonne.

 E. F. de La Cuisine, le Parlement de Bourgogne depuis son origine jusqu’à sa chute (Durand, 1857, 2 vol. ; nouv. éd., 1864, 3 vol.). / A. Kleinclausz, Histoire de la Bourgogne (Hachette, 1909 ; 2e éd., 1924). / G. Roupnel, les Populations de la ville et de la campagne dijonnaises au xviie s. (Leroux, 1922 ; 2 vol.). / H. Drouot et J. Calmette, Histoire de la Bourgogne (Boivin, 1928). / H. Drouot, Mayenne et la Bourgogne (Picard, 1938 ; 2 vol.). / A. Deléage, la Vie économique et sociale de la Bourgogne dans le haut Moyen Âge (Protat, Mâcon, 1941 ; 2 vol.). / G. Chabot, la Bourgogne (A. Colin, 1942). / L. Hommel, Marie de Bourgogne ou le Grand Héritage (Plon, 1946 ; nouv. éd., P. U. F., 1953). / J. Calmette, les Grands Ducs de Bourgogne (Club des libraires, 1956). / J. Richard, Histoire de la Bourgogne (P. U. F., coll. « Que sais-je ? », 1957 ; 2e éd., 1965). / C. Oursel, l’Art de Bourgogne (Arthaud, 1958). / R. Branner, Burgundian Gothic Architecture (Londres, 1960). / P. de Saint-Jacob, les Paysans de la Bourgogne du Nord au dernier siècle de l’Ancien Régime (Les Belles Lettres, 1961). / R. Gadille, le Vignoble de la côte bourguignonne (Les Belles Lettres, 1968). / R. Oursel, la Bourgogne romane (Zodiaque, la Pierre-qui-Vire, 1968). / A. Colombet, Bourgogne et Morvan (Arthaud, Grenoble, 1969 ; nouv. éd., 1975). / J. Fromental, la Réforme en Bourgogne aux xvie et xviie s. (Les Belles Lettres, 1969). / P. Poupon, Toute la Bourgogne (P. U. F., 1971). / R. Brunet et F. Claval, Bourgogne, Franche-Comté (Larousse, 1973).