Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
B

Bourdon (Sébastien) (suite)

L’éclectisme et la virtuosité de Bourdon se retrouvent dans ses tableaux de genre : les Mendiants (Louvre), le Four à chaux (Munich), où l’artiste s’inspire de ses contemporains nordiques Teniers* et Brouwer*. De même, l’élégance de Van Dyck* avait marqué ses portraits suédois : ceux de la reine Christine (Stockholm) ou du comte Adolph Johan l’aîné (Montpellier).

L’ascendant de Poussin et de Le Brun, mais aussi d’Italiens comme Pierre de Cortone*, triomphe finalement dans ses œuvres de maturité : la Chute de Simon le Magicien (1657-58), peinte pour la cathédrale de Montpellier, l’Eliézer et Rébecca du château de Blois ou les peintures de la galerie de l’hôtel de Bretonvilliers à Paris, aujourd’hui détruit (Histoire de Phaéton, à partir de 1663). Ainsi, Bourdon incarne un moment du classicisme français où dominent encore des influences étrangères, italiennes et autres, auxquelles se réfèrent de nombreux artistes de cette génération, tels Louis Boullongne (1609-1674), qui fut le condisciple de Bourdon à Rome, ou Jean Tassel (1608-1667), qui s’inspire, lui aussi, de Pieter Van Laer.

P. H. P.

 C. Ponsonailhe, Sébastien Bourdon, sa vie et son œuvre (chez l’auteur, 1884).

Bourg-en-Bresse

Ch.-l. du départ. de l’Ain ; 44 967 hab. (Bressans ou Burgiens).


Préfecture, ville de foires, carrefour ferroviaire et routier, centre industriel, Bourg-en-Bresse est le type de ces petites villes de province dont la population s’accroît rapidement depuis 1954.

La ville s’est développée au contact de trois pays différents : au nord, la Bresse, plaine bocagère où domine la petite exploitation de polyculture intensive ; au sud, la Dombes, avec ses forêts, ses étangs, ses grands domaines de chasse et d’agriculture ; à l’est, le Revermont, premier contrefort du Jura méridional, montagne d’élevage et d’exploitation forestière. Le commerce du bétail et spécialement des volailles représente l’activité essentielle des marchés-foires de Bourg ; en général, ce sont les Bressans et Dombistes qui vendent, tandis que les Jurassiens et les Savoyards achètent. Cette fonction commerciale de Bourg, très ancienne, fut liée jadis à la fonction politique : dès le xiiie s., la maison de Savoie réunissait le pays de Gex, le Bugey, la plus grande partie de la Bresse, de manière à contrôler le plus loin possible la route des Alpes. Bourg assurait le contact avec les pays de Bourgogne. La ville fut une véritable capitale au début du xvie s., lorsque Marguerite d’Autriche, veuve du duc de Savoie, Philibert II le Beau, gouvernait les Pays-Bas. C’est l’époque de la construction de Brou. Bourg devint chef-lieu du département de l’Ain en 1790. Au xixe s., les grands itinéraires routiers, puis ferroviaires, de Paris à l’Italie par Modane, de Marseille à l’Allemagne par Strasbourg, font de Bourg l’un des principaux carrefours du Sud-Est. Ce rôle fondamental du commerce et du transit apparaît aussi bien dans le plan en étoile de la ville que dans le nom des faubourgs développés au-delà des boulevards : faubourgs de Lyon, de Mâcon, du Jura. L’industrie est apparue très tôt sous la forme du tissage des draps, de la tannerie et du travail du bois.

Aujourd’hui, les activités du secteur tertiaire occupent près des deux tiers de la population active dans les administrations publiques, le commerce, les banques et les assurances. La ville compte près d’un millier d’établissements commerciaux, auxquels s’ajoutent, une fois par semaine, les forains. L’immense champ de foire est très animé le troisième mercredi de chaque mois et pendant les neuf jours de la Foire de printemps. Fondée en 1849, la Banque régionale de l’Ain est restée indépendante jusqu’à une date récente. Cependant, au sud et à l’ouest, la zone d’influence de Bourg est limitée par Lyon et par Mâcon.

Ville administrative et commerciale, Bourg s’est industrialisé depuis le début du siècle. La moitié de sa population ouvrière travaille dans la métallurgie et la mécanique, où l’on compte trois grandes entreprises : une tréfilerie spécialisée dans les câbles d’acier, une usine de montage de poids lourds automobiles, une fabrique de câbles et de fils électriques. La première de ces entreprises résulte d’une initiative locale ; les deux autres constituent des décentralisations de l’industrie lyonnaise. Pour les autres secteurs d’activité — produits alimentaires (salaisons, quenelles), maroquinerie, confection, bâtiment, travail du bois (meuble bressan) —, il s’agit surtout d’entreprises petites et moyennes. Environ 20 p. 100 des salariés qui travaillent à Bourg résident dans les communes rurales des environs. Cependant, des milliers de nouveaux logements collectifs ont été construits depuis une vingtaine d’années. Ils modifient assez profondément le paysage urbain traditionnel, formé de maisons basses, dont quelques-unes à colombages, datant du xve s., font le charme des rues tortueuses de la vieille ville, serrée jadis dans ses remparts. Mais le site naturel a favorisé l’extension de la ville moderne ; sur ces vastes espaces plats ou faiblement ondulés n’apparaissent que deux obstacles : les marais des bords de la Reyssouze, petite rivière très calme, et les voies ferrées. L’approvisionnement en eau est assuré par une nappe phréatique importante et de bonne qualité. De grands terrains peuvent être aménagés pour l’industrie. L’agriculture bressane libère de la main-d’œuvre. Bien placé sur les grands axes de communication entre Lyon et Paris notamment, Bourg est appelé à développer encore ses activités.

M. L.


L’art à Bourg et à Brou

Les pays qui ont formé l’actuel département de l’Ain (Bresse, Dombes, Bugey, pays de Gex), très divers géographiquement, oscillant au long des âges entre les attractions de la Bourgogne, de la Savoie, du Lyonnais, n’ont jamais constitué un foyer d’art. Quelques églises romanes, satellites modestes de l’astre clunisien (Saint-André-de-Bâgé en Bresse, Saint-Paul-de-Varax en Dombes, Nantua en Bugey), l’abbaye d’Ambronay (xiiie-xve s.), la petite cité médiévale de Pérouges et aussi les intéressantes fermes bressanes à toit de tuile peu incliné, à galerie extérieure en bois et à cheminée « sarrasine », voilà qui ferait un assez maigre bilan si Bourg-en-Bresse ne possédait un édifice de premier ordre, l’église de Brou, exceptionnelle par son histoire, son homogénéité, la diversité et la qualité de ses œuvres d’art.