Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
B

Blois (suite)

De l’étroite plate-forme de rive qui l’a vue naître et qui allonge la vieille ville basse parallèlement au fleuve sur 1 500 m, Blois a progressivement conquis, à l’époque contemporaine, son plateau bordier, vers l’ouest autour de la gare (Cabochon, les Allées), vers le nord en arrière de la préfecture (« Ferme départementale »), vers le nord-est le long de la route d’Orléans (les Cornillettes, La Chaussée-Saint-Victor). Ses conquêtes les plus récentes, les plus spectaculaires aussi, ont porté depuis 1960 sur l’aménagement, au nord-ouest de la ville, d’un grand ensemble, une ZUP (le nom lui est resté) de 4 000 logements (15 000 habitants), et d’une zone industrielle de 130 hectares. Au sud de la Loire, le peuplement urbain a débordé un vieux faubourg de rive (Vienne), gagné le coteau de Sologne (Saint-Gervais-la-Forêt) et atteint les limites d’une seconde zone industrielle (Vineuil, 4 393 hab.). La présence, en pleine ville, d’obstacles aussi contraignants qu’un ressaut topographique haut de 40 m et qu’un lit fluvial large de 260 m ne va pas sans poser, sur le plan urbanistique, de redoutables problèmes de liaison. Sur la rive droite, deux rocades pallient depuis un siècle les incommodités des raides voies de raccordement, « rampes » et « degrés », entre ville basse et ville haute, mais la ZUP demeure isolée du centre. Sur le fleuve, un pont double depuis 1970 un ouvrage en dos d’âne du xviiie s. construit pour remédier aux insuffisances du pont médiéval, mais il soulage mal la circulation intra-urbaine. Du moins sont-ce là les marques d’un effort soutenu en vue d’adapter aux exigences de la vie moderne un site difficile. La Loire elle-même a été intégrée dans l’aménagement de l’espace urbain. Barrée au moyen d’un ouvrage à vannes mobiles, elle constitue depuis 1969 un plan d’eau dont le tourisme de séjour et la villégiature pourraient bénéficier.

L’histoire

D’origine gallo-romaine, comme en attestent des vestiges archéologiques, Blois est achetée en 1391, par Louis d’Orléans. Au xvie s., son château est une des résidences favorites des Valois : là se tiennent les états généraux de 1576, desquels Henri III espère vainement obtenir des subsides pour restaurer l’État. Au cours des états généraux de 1588, le duc de Guise est assassiné sur l’ordre d’Henri III. C’est à Blois encore que Marie de Médicis est exilée en 1617. En 1814, l’impératrice Marie-Louise y transporte son gouvernement.

P. P.

Y. B.

➙ Centre / Loir-et-Cher (département de).

 F. Lesueur, le Château de Blois (D. A. Longuet, 1921 ; nouv. éd., Picard, 1970). / Congrès archéologique de France, Blois (Picard, 1926). / J. Caplat, Histoire de Blois depuis les origines jusqu’à nos jours (Blois, 1954). / Y. Babonaux, Villes et régions de la Loire moyenne (Touraine, Blésois, Orléanais). Fondements et perspectives géographiques (S. A. B. R. I., 1966).


Blois, ville d’art


Le château

Le premier des « châteaux de la Loire » couvre de son quadrilatère irrégulier un promontoire avancé entre la vallée de la Loire et le ruisseau d’Arrou. De la forteresse du xiiie s. subsistent les tours de Foix et de Châteaurenault, la grande salle des états, couverte d’un lambris en berceau.

De 1498 à 1503 s’élève l’aile Louis-XII, dont le portail est surmonté d’une statue équestre du monarque (reproduction de celle qui fut détruite en 1792). Sur la cour, le rez-de-chaussée est occupé par une longue série d’arcades en anse de panier, dont le retour d’équerre rejoint le chœur de la chapelle Saint-Calais, consacrée en 1508. Louis XII fait aussi aménager par Pacello da Mercogliano de vastes jardins émaillés de « fabriques », dont il ne reste plus que le charmant pavillon dit « d’Anne de Bretagne ».

François Ier, conservant la courtine du Moyen Âge, y adosse l’aile nord-ouest ; celle-ci, couronnée d’une balustrade, est centrée par la tour octogonale du grand escalier aux trois étages de balcons rampants. Au cours des travaux, on décide de doubler la construction en appuyant à l’autre face du rempart un second bâtiment prenant jour au-dehors (façade des « loges »). Malgré leur décoration à l’italienne, les constructions de la cour sont de structure gothique, alors que les travées rythmiques de la façade extérieure rappellent le style de Bramante. Les travaux sont arrêtés à la mort de Claude de France, en 1524.

Cent ans plus tard, Gaston d’Orléans demande à François Mansart* un projet pour reconstruire le château. Poussés activement de 1635 à 1658, les travaux amènent la destruction de l’aile de Charles d’Orléans, d’un bâtiment, attribué à Louis XII qui lui faisait suite, de la nef de la chapelle, d’une partie de l’aile François-Ier. Lorsque l’entreprise fut brutalement interrompue, seules les façades, avec, sur la cour, l’avant-corps central, réuni aux ailes par une colonnade semi-circulaire, et le décor sculpté dû aux ciseaux de Simon Guillain et de Jacques Sarazin avaient été exécutés. Le bâtiment ne reçut son aménagement intérieur qu’au xixe s.


Les autres monuments

Le chœur, le transept et la dernière travée de la nef de l’église bénédictine Saint-Nicolas, autrefois abbatiale Saint-Laumer, ont été élevés entre 1138 et 1186 ; les quatre premières travées, du début du xiiie s. sont inspirées de la cathédrale de Chartres. À la croisée du transept, une lanterne sur pendentifs ornés de niches abritant des statues. La façade, sévère, est flanquée de deux tours de largeur inégale. L’hôpital de Blois est installé dans les bâtiments abbatiaux élevés de 1663 à 1723, comme l’hôtel de ville dans l’ancien évêché de Jacques Gabriel. Sur la rive gauche de la Loire, en face de l’église Saint-Saturnin, du xvie s., se trouve l’ancien cimetière, entouré de galeries dont les piliers retracent des scènes de la « danse macabre ». Au-dessus de la crypte Saint-Solenne (fin du xe s. - début du xie s.) s’élève la cathédrale Saint-Louis, qui montre la persistance du gothique au milieu du xviie s., alors que Saint-Vincent-de-Paul illustre le style jésuite. Quant à Notre-Dame-de-la-Trinité, en béton bouchardé, c’est un édifice contemporain d’un effet monumental saisissant.

M. B.