Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
B

blocus naval (suite)

La Seconde Guerre mondiale verra la répétition du même schéma. Dès septembre 1939, les Alliés remettent en vigueur le contrôle de la navigation neutre, publient des listes de contrebande et désignent des ports de contrôle pour les navires des États neutres. Devant la protestation de ces derniers, soutenus par les États-Unis, les Alliés instituent dès décembre 1939 un système de certificats de navigation, ou navicerts. Attribués aux navires neutres qui acceptent de faire vérifier leur cargaison par une autorité alliée, les navicerts leur permettent de franchir les barrières du blocus. Après l’armistice de juin 1940, le blocus allié englobe la France entière ; en août, Hitler prend la même mesure pour l’ensemble des îles Britanniques, dont il vise, comme en 1917-18, à couper entièrement le ravitaillement par une action sans restriction des sous-marins allemands. Ainsi, le même processus « blocus-guerre sous-marine » se trouve engagé. Du fait du poids militaire et économique, sensible dès 1942, de l’intervention américaine, il se développera sur une échelle beaucoup plus vaste encore qu’en 1918 et se soldera, une fois de plus, par un échec retentissant pour l’Allemagne.


Le blocus, menace ou avertissement en temps de paix
Berlin 1948, Cuba 1962

Les guerres mondiales avaient montré la valeur décisive du blocus, encore accrue par l’importance déterminante des facteurs économiques dans la vie et la défense des nations. On notera que l’application éventuelle du blocus a été retenue parmi les sanctions qui peuvent être édictées par le Conseil de sécurité des Nations unies (art. 42 de la charte).

En fait, l’histoire récente prouve que le blocus reste utilisé comme un avertissement suprême décidé par une puissance qui veut signifier sa détermination à ses adversaires. C’est dans cet esprit qu’a été déclenché le blocus de Berlin* par les Soviétiques en 1948-49. Celui-ci n’échoua que devant l’efficacité du pont aérien organisé par les États-Unis pour ravitailler l’ancienne capitale allemande. (V. transport aérien.)

Un autre exemple en sera donné au plus fort de la crise de Cuba*. Le 22 octobre 1962, le président Kennedy, estimant le territoire américain menacé par les installations militaires montées par l’U. R. S. S. à Cuba, déclarait en fait le blocus de l’île. Il affirmait même sa détermination de faire contrôler à partir du 25 octobre par la marine américaine les navires soviétiques aux approches de Cuba et de contraindre ceux qui seraient porteurs d’armements offensifs à faire demi-tour. Refusant le risque d’une épreuve de force, l’U. R. S. S. décidait alors de dérouter ou d’interrompre ses transports en direction de l’île. Mais, cette fois, le blocus apparaissait nettement comme le premier élément d’une escalade qui avait toutes chances de conduire à un conflit nucléaire dont aucun partenaire ne voulait accepter la responsabilité.

A. L.

➙ Guerre mondiale (Première et Seconde) / Sous-marine (guerre) / Stratégie.

Blois

Ch.-l. du départ. de Loir-et-Cher, sur la Loire ; 51 950 hab. (Blésois). L’agglomération compte environ 60 000 habitants.


Blois occupe, sur la rive droite de la Loire, une position commandée par un double avantage de site et de situation.

Ville de plaine, à l’abri d’un éperon rocheux, ville étape sur l’axe Paris-Bordeaux-Espagne et une transversale Normandie-Berry, Blois tient une croisée de routes, tôt matérialisée par une forteresse (xe s.) et par un pont sur le fleuve (xiie s.).

À la jonction de quatre régions naturelles aux aptitudes complémentaires, Beauce fromentale au nord, Gâtine tourangelle herbagère à l’ouest, Val de Loire aux riches spéculations au centre (vigne, légumes, fruits), Sologne viticole au sud, la ville s’est toujours assuré, en outre, une lucrative fonction de marché.

À moins de 60 km de Tours et d’Orléans, elle n’a jamais pu s’épanouir aux dimensions d’une capitale régionale. Elle n’en a pas moins trouvé dans un concours de circonstances souvent heureux les éléments d’une activité diversifiée. Des séjours de la cour nomade des Valois aux xve et xvie s., elle a conservé, dans ses murs comme dans son voisinage (châteaux de Chaumont, Chambord, Cheverny, Beauregard, Fougères, Talcy), un patrimoine monumental qui en fait, avec Tours, l’un des deux pôles du tourisme ligérien. La composition architecturale du célèbre château, le charme des vieilles ruelles bordées d’élégants logis, les édifices religieux attirent chaque année 300 000 visiteurs. Blois héritait de son prestige Renaissance, après un long moment de repli, en 1697 un diocèse détaché de celui de Chartres, en 1790 un département âprement disputé en Beauce avec Chartres et Orléans, beaucoup plus largement concédé en Sologne par Orléans et Bourges. À sa fonction d’accueil, à son audience administrative s’ajoute une importante fonction bancaire et de redistribution (Banque régionale de l’Ouest, Familistère).

L’industrie est plus récente. Fondée traditionnellement sur l’exploitation de quelques ressources locales (minoterie, vinaigrerie, conserverie, industries du bois), enrichie au xixe s. par deux activités nouvelles, la chaussure et la chocolaterie (Poulain), celle-ci se hissant au rang de la très grande entreprise, elle devait surtout trouver dans des apports du dehors, suscités par les politiques de repli de guerre et de décentralisation des cinquante dernières années, les éléments d’un profond renouveau : avant 1939, outils tranchants, machines-outils, matériel aéronautique, confection ; depuis 1950, moteurs Diesel, électricité automobile, bâtiment, charpentes métalliques, robinetterie, édition, produits pharmaceutiques, vernis industriels. Sur près de 25 000 emplois que compte Blois, 900 appartiennent au secteur primaire (4 p. 100), 10 500 au secteur secondaire (42 p. 100), 13 500 au secteur tertiaire (54 p. 100). Sa population, paralysée à la fin du siècle dernier et au début du xxe s. par une longue phase de récession, meurtrie en 1940 par la guerre, qui ravagea ses quartiers centraux, connaît depuis 1954 une expansion rapide : 26 p. 100 d’accroissement entre 1954 et 1962, 25 p. 100 entre 1962 et 1968, 16 p. 100 entre 1968 et 1975.