blocus naval (suite)
La Seconde Guerre mondiale verra la répétition du même schéma. Dès septembre 1939, les Alliés remettent en vigueur le contrôle de la navigation neutre, publient des listes de contrebande et désignent des ports de contrôle pour les navires des États neutres. Devant la protestation de ces derniers, soutenus par les États-Unis, les Alliés instituent dès décembre 1939 un système de certificats de navigation, ou navicerts. Attribués aux navires neutres qui acceptent de faire vérifier leur cargaison par une autorité alliée, les navicerts leur permettent de franchir les barrières du blocus. Après l’armistice de juin 1940, le blocus allié englobe la France entière ; en août, Hitler prend la même mesure pour l’ensemble des îles Britanniques, dont il vise, comme en 1917-18, à couper entièrement le ravitaillement par une action sans restriction des sous-marins allemands. Ainsi, le même processus « blocus-guerre sous-marine » se trouve engagé. Du fait du poids militaire et économique, sensible dès 1942, de l’intervention américaine, il se développera sur une échelle beaucoup plus vaste encore qu’en 1918 et se soldera, une fois de plus, par un échec retentissant pour l’Allemagne.
Le blocus, menace ou avertissement en temps de paix
Berlin 1948, Cuba 1962
Les guerres mondiales avaient montré la valeur décisive du blocus, encore accrue par l’importance déterminante des facteurs économiques dans la vie et la défense des nations. On notera que l’application éventuelle du blocus a été retenue parmi les sanctions qui peuvent être édictées par le Conseil de sécurité des Nations unies (art. 42 de la charte).
En fait, l’histoire récente prouve que le blocus reste utilisé comme un avertissement suprême décidé par une puissance qui veut signifier sa détermination à ses adversaires. C’est dans cet esprit qu’a été déclenché le blocus de Berlin* par les Soviétiques en 1948-49. Celui-ci n’échoua que devant l’efficacité du pont aérien organisé par les États-Unis pour ravitailler l’ancienne capitale allemande. (V. transport aérien.)
Un autre exemple en sera donné au plus fort de la crise de Cuba*. Le 22 octobre 1962, le président Kennedy, estimant le territoire américain menacé par les installations militaires montées par l’U. R. S. S. à Cuba, déclarait en fait le blocus de l’île. Il affirmait même sa détermination de faire contrôler à partir du 25 octobre par la marine américaine les navires soviétiques aux approches de Cuba et de contraindre ceux qui seraient porteurs d’armements offensifs à faire demi-tour. Refusant le risque d’une épreuve de force, l’U. R. S. S. décidait alors de dérouter ou d’interrompre ses transports en direction de l’île. Mais, cette fois, le blocus apparaissait nettement comme le premier élément d’une escalade qui avait toutes chances de conduire à un conflit nucléaire dont aucun partenaire ne voulait accepter la responsabilité.
A. L.
➙ Guerre mondiale (Première et Seconde) / Sous-marine (guerre) / Stratégie.