Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
B

Bismarck (Otto, prince von) (suite)

Ainsi, après vingt-huit ans de pouvoir, Bismarck quitte les devants de la scène allemande et européenne. Déçu, amer, il s’érige en juge pendant les huit années qui lui restent à vivre. Il ne manque pas de critiquer ses successeurs, qu’il considère comme des amateurs maladroits. Mais force lui est de constater que les rouages de l’État tournent sans lui. Il dicte ses Mémoires à son vieux collaborateur Lothar Bucher, ses Pensées et souvenirs (publiés en 1898), qui, naturellement, manquent d’objectivité. Les articles qu’il écrit ou qu’il inspire pour les Hamburger Nachrichten, journal de faible diffusion, montrent un beau talent de publiciste, extrêmement sévère pour son successeur Leo von Caprivi ou pour Adolf von Marschall, et même pour l’empereur. Les polémiques quotidiennes, les critiques qui paraissent dans quelques feuilles dévouées donnent au vieillard l’impression de revivre. Se faisant passer pour victime des intrigues de Caprivi, recevant de nombreux visiteurs, Bismarck contribue à nourrir une légende bismarckienne qui, déjà, s’épanouit. L’empereur, des princes, quatre cents parlementaires viennent célébrer, à Friedrichsruh, le quatre-vingtième anniversaire du vieil homme d’État, mais Bismarck continue à détester Guillaume II et la « clique » de la Cour. Il a beau jeu de démontrer les erreurs de ceux qui, en ne renouvelant pas le traité de réassurance, ont poussé la Russie dans les bras de la France ; il fait à ce sujet des révélations qui tournent au scandale. Hostile à l’expansion coloniale, Bismarck ne voit pas l’intérêt de la politique navale, bien que l’amiral A. von Tirpitz soit venu à Friedrichsruh lui exposer ses idées. Avec une belle obstination, le vieillard, fidèle aux perspectives continentales, reste sourd à la voix des apôtres de la Weltpolitik. Mais, de plus en plus, Bismarck souffrant s’enferme dans le silence. Il s’éteint le 30 juillet 1898.

R. P.

➙ Allemagne / Franco-allemande (guerre) / Guillaume Ier / Guillaume II / Kulturkampf / Prusse.

 R. Stadelmann, Das Jahr 1865 und das Problem von Bismarcks deutsche Politik (Munich et Berlin, 1933). / A. J. P. Taylor, The Course of German History (Londres, 1945). / G. Ritter, Europa und die deutsche Frage (Munich, 1948). / F. Schnabel, Das Problem Bismarck (Hochland, 1949). / P. Renouvin, l’Empire allemand au temps de Bismarck (Tournier et Constans, 1953) ; Histoire des relations internationales, t. VI (Hachette, 1955) ; les Relations entre l’Allemagne, l’Autriche-Hongrie et la Russie de 1871 à 1890 (Tournier et Constans, 1956). / O. Becker, Bismarcks Ringen um Deutschlands Gestaltung (Heidelberg, 1958). / E. Engelberg, Revolutionäre Politik und rote Feldpost 1878-1890 (Berlin, 1959). / H. Geuss, Bismarck und Napoleon III (Cologne, 1959). / J. B. Duroselle, les Relations internationales de 1871 à 1918. Les hommes d’État, t. I : Bismarck (Tournier et Constans, 1960). / E. Zechlin, Bismarck und die Grundlegung der deutschen Grossmacht (Stuttgart, 1960). / J. Dittrich, Bismarck, Frankreich und die spanische Thronkandidatur der Hohenzollern (Munich, 1962). / J. N. Lambi, Free Trade and Protection in Germany (Wiesbaden, 1963). / O. Pflanze, Bismarck and the Development of Germany (Princeton, 1963). / R. Buchner, Die deutsch-französische Tragödie 1848-1864 (Würzburg, 1965). / H. Böhme, Deutschlands Weg zur Grossmacht (Cologne, 1966). / W. von Groste et U. von Gersdorff, Entscheidung 1866, der Krieg zwischen Österreich und Preussen (Stuttgart, 1966). / K. Malettke, Die Beurteilung der Aussen- und Innenpolitik Bismarcks von 1862-1866 in den grossen Pariser Zeitungen (Lübeck, Hambourg, 1966). / H. Rosenberg, Grosse Depression und Bismarckszeit (Berlin, 1967). / S. Kumpf-Korfes, Bismarcks « Drang nach Russland » (Berlin-est, 1968) ; Problem der Reichsgründungszeit 1848-1879 (Cologne, 1968). / E. Naujoks, Bismarcks auswärtige Pressepolitik und die Reichsgründung 1865-1871 (Wiesbaden, 1968). / J. Droz, Histoire de l’Allemagne, t. I : la Formation de l’unité allemande (Hatier, 1970).

bismuth

Corps simple métallique, blanc jaunâtre.



Découverte

Le bismuth métallique qui existe à l’état natif, associé à des minerais de plomb, d’argent et de cobalt, est signalé par Agricola (1494-1555). Au début du xviie s., Basile Valentin parle aussi du bismuth. Mais longtemps ce métal sera confondu avec le zinc ; on croyait en effet qu’il n’existait que sept métaux, alloués aux sept corps célestes.

Le nom de bismuth vient de l’allem. Wismut, mot de l’Erzgebirge où ce métal fut d’abord exploité.


État naturel

Le bismuth est encore plus rare que l’arsenic et l’antimoine. La lithosphère en contient 10–5 p. 100 en poids.

Il existe à l’état natif et surtout à l’état de sulfure Bi2S3.


Atome

Cet élément a le numéro atomique 83, et la structure électronique de l’état fondamental de l’atome correspond au symbole : 1s2, 2s2, 2p6, 3s2, 3p6, 3d10, 4s2, 4p6, 4d10, 4f10, 5s2, 5p6, 5d10, 6s2, 6p3 ; ainsi, cet élément a des analogies avec l’antimoine et l’arsenic. Le bismuth est dans la même colonne de la classification que ces deux autres éléments. L’atome a un rayon de 1,52 Å, et les potentiels successifs d’ionisation sont en électrons-volts : 8,5 ; 16,7 ; 25,6 ; 45,4 ; 56,1 ; 94,3 ; etc.

Le bismuth à l’état naturel n’est pas radio-actif, mais il existe des radio-isotopes appartenant aux familles radio-actives naturelles.


Corps simple

Il est à l’état solide sous une forme isomorphe des variétés métalliques de l’arsenic ou de l’antimoine, et a une conductibilité électrique voisine de celles de ces corps. Il fond à 271 °C.

Il donne, comme l’arsenic et l’antimoine, des composés semi-métalliques avec les métaux de transition. Il fournit des alliages très fusibles : l’alliage de Wood (tf = 71 °C), formé de 4 parties de bismuth pour 2 de plomb et 1 d’étain ; l’alliage de Rose (tf = 94 °C), formé de 2 parties de bismuth, 1 de plomb et 1 d’étain ; l’alliage de Lipowitz (tf = 60 à 65 °C), avec 15 parties de bismuth, 8 de plomb, 4 d’étain et 3 de cadmium.

Le bismuth brûle dans l’oxygène en donnant l’oxyde Bi2O3, et il est attaqué par l’acide nitrique.