Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
B

Betterave (suite)

L’espèce « Beta vulgaris » L

Uniquement cultivée, cette espèce est en général considérée comme dérivant de B. maritima L. À l’état sauvage, Beta maritima vit surtout sur les rivages de l’Europe occidentale et du pourtour méditerranéen, et jusque dans l’Inde. Depuis longtemps (xviie s., Olivier de Serres), la présence de sucre dans la racine était connue, mais les premiers travaux scientifiques n’eurent lieu que vers le milieu du xviiie s. en Allemagne. Au début du xixe s., devant l’impossibilité d’importer les quantités nécessaires de sucre de canne en provenance des Antilles, par suite des événements politiques, Napoléon Ier encouragea vivement les recherches pratiques, et c’est le 2 janvier 1812 que le premier sucre industriel provenant de Betteraves fut fabriqué en France, à Passy. À cette époque, et encore longtemps après, les racines de Betteraves non améliorées ne contenaient que 5 p. 100 de sucre. Par suite de travaux de sélection, on arrive actuellement à 14 et même 19 p. 100. Ce sont les Betteraves blanches de Silésie qui sont à l’origine des types cultivés pour la racine. Les formes agricoles de l’espèce sont : la Betterave sucrière, cultivée pour la teneur en sucre de la racine ; la Betterave fourragère, utilisée comme fourrage d’hiver ; la Betterave potagère, utilisée pour l’alimentation ; la Bette à carde, ou poirée, cultivée pour le pétiole de ses feuilles.

Dans certaines régions (Californie), Beta maritima est une mauvaise herbe difficile à détruire à cause de sa longévité.


Biologie et écologie


Caractères biologiques

Le fruit de la Betterave est composé (glomérule) de 2 à 6 graines soudées, à germination épigée. La radicule et l’hypocotyle donnent l’ensemble racine et collet, ce dernier étant une tige court-nouée qui porte les feuilles et les bourgeons axillaires. Tant que la plante n’a pas subi l’induction de floraison (quelques semaines à température inférieure à 8 °C) qui déclenchera la montée à graine, elle accumule du saccharose dans sa racine, dans le parenchyme entourant les nombreux manchons de tissus conducteurs (jusqu’à 7).


Caractères écologiques

Possible à 8 °C, la germination est mieux assurée vers 10 °C : en France, les premiers semis commencent à la fin de mars. L’eau, la chaleur (optimum de température entre 18 et 24 °C) et l’éclairement (en durée et en intensité) sont les facteurs de production essentiels. Aussi la Betterave est-elle une culture d’été, sensible à la compétition des adventices pour l’eau et la lumière, tant qu’elle ne couvre pas le sol, et au déficit en eau : l’irrigation est généralement utile en France. À l’intérieur de l’aire de culture définie par ces exigences climatiques, ce sont les sols bien pourvus en eau (donc profonds et à texture fine) et à teneur suffisante en calcium (pH vers 7) qui sont le mieux adaptés.


Les principaux parasites

Leur présence est, très généralement, déterminée par le climat de l’année et par l’histoire culturale de la parcelle. Les parasites de la racine, Taupins, Iule et Blaniule, sont relativement faciles à détruire en traitement de semences (heptachlore, aldrine) ; mais les Nématodes, en expansion actuellement, ne sont pas détruits économiquement pour le moment. Aux dépens des collets, il faut surtout noter les larves de Noctuelles, surtout dangereuses en cours d’été (heptachlore, aldrine) et les Atomaires sur les jeunes plantes en années humides, difficiles à détruire.

Les parasites du feuillage sont les plus importants quant aux pertes provoquées. La jaunisse est due à un virus transmis par des pucerons, Myzus persicœ (parasite aussi de la pomme de terre et du pêcher) et Aphis fabœ ; on peut utiliser des variétés plus résistantes, réduire la fécondité des pucerons (thiabendazole), et on pense à des procédés de lutte biologique (utilisation d’Hyménoptères parasites des pucerons). Contre la Pégomyie, ou Mouche de la Betterave, dont la larve creuse les feuilles, on dispose d’insecticides classiques : dieldrine, parathion, diazinon. Enfin une mycose, la cercosporiose, apparaît au début des étés chauds et humides ; on ne dispose que de peu de moyens curatifs (le Brestan 60 donne de l’espoir) ; aussi doit-on envisager des variétés résistantes.


Les variétés de Betteraves et leur amélioration

L’amélioration de la Betterave sucrière présente deux difficultés : l’allogamie est de règle quasi générale, et les souches sont très hétérogènes. Historiquement, on a surtout utilisé la sélection massale pour accroître le poids de la racine et la teneur en sucre ; ensuite, la sélection généalogique a permis de dégager les familles présentant les caractères les plus intéressants, et de les croiser (effet d’hétérosis). Récemment, la découverte aux États-Unis de souches présentant une stérilité mâle a permis de constituer des lignées pures, aux propriétés bien définies, que l’on peut hybrider ensuite. Enfin, la polyploïdie permet d’accroître les potentialités de la plupart des variétés. C’est à l’intérieur du genre Beta, et même chez des genres voisins (Chenopodium, Spinacia, Atriplex...), que l’on recherche les gènes. Les objectifs actuels de sélection des variétés sucrières sont : d’une part la résistance aux maladies et à la montée à graine ; d’autre part l’aptitude à la mécanisation (monogermie, hauteur du collet, hétérogénéité intervariétale). Pour les variétés fourragères, on a les mêmes objectifs ; mais la sélection des composantes du rendement ayant été moins poussée que pour les précédentes, on recherche aussi une meilleure teneur en matière sèche et un accroissement de la valeur fourragère. Les variétés potagères sont peu sélectionnées actuellement : c’est surtout la saveur qui a été recherchée.


Les techniques culturales

Les techniques culturales sont définies par trois groupes de données :
— les caractéristiques climatiques locales, à travers la probabilité de réalisation de telle température, de telle pluviométrie, de tel nombre de jours de pluie à telle époque ;
— les données de l’entreprise agricole : caractères de la parcelle cultivée (sa succession de culture, son degré d’infestation en parasites et mauvaises herbes, son sol [état de la structure]) ; organisation de l’exploitation (disponibilité en travail humain et mécanique, matériels existant, moyens de traction...) ;
— les caractéristiques propres de la plante : ses exigences en croissance et développement et son comportement en peuplement.