Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
B

Berlioz (Louis Hector) (suite)

 J. G. Prod’homme, Hector Berlioz, sa vie et ses œuvres (Delagrave, 1904 ; nouv. éd., 1927). / A. Boschot, Hector Berlioz (Plon, 1906-1912 ; nouv. éd., 1946-1950, 3 vol.) ; le Faust de Berlioz (Costallat, 1910 ; nouv. éd., 1945) ; Une vie romantique : Hector Berlioz (Plon, 1920 ; nouv. éd., 1952). / P.-M. Masson, Hector Berlioz (Alcan, 1923). / H. Bartenstein, Hector Berlioz’ Instrumentationskunst und ihre geschichtlichen Grundlagen (Strasbourg, 1939). / G. de Pourtalès, Berlioz et l’Europe romantique (Gallimard, 1939). / P. G. Mouthier, Berlioz (Art et technique, Bruxelles, 1944). / J. Barzun, Berlioz and the Romantic Century (Boston, 1950 ; 2 vol.). / J. Feschotte, Berlioz (la Colombe, 1951). / H. Barraud, Hector Berlioz (Costard, 1954). / C. Ballif, Berlioz (Éd. du Seuil, coll. « Microcosme », 1968). / M. Guiomar, le Masque et le fantasme (Corti, 1970). / J. M. Bailbé, Berlioz, artiste et écrivain dans les « Mémoires » (P. U. F., 1972).

Bermejo (Bartolomé)

Peintre espagnol de la seconde moitié du xve s.


Bermejo est l’exemple type de l’artiste ambulant du Moyen Âge, libéré de toute servitude locale et enrichissant sa manière par la fréquentation des milieux les plus divers.

Par une inscription figurant sur un de ses tableaux les plus célèbres, la Pietà de la cathédrale de Barcelone, on sait qu’il était originaire de Cordoue, mais son œuvre témoigne d’une connaissance si intime de la technique et de l’esthétique flamandes qu’on imagine difficilement qu’il ait pu se former en dehors des Pays-Bas. José Gudiol a proposé d’identifier un saint chevalier du Petit Palais à Paris, au visage très caractérisé, avec une œuvre de jeunesse de l’artiste ; celle-ci aurait été exécutée peu de temps après son retour des Flandres, soit entre 1460 et 1465.

Vers cette époque, Bermejo s’installe à Valence. Un panneau des environs de 1468, le Saint Michel provenant de Tous (localité à l’ouest d’Alcira) et actuellement en Angleterre, présente un fond d’or avec encadrement gaufré caractéristique de la production valencienne de l’époque. Quant au style de la figure, il dérive manifestement de Rogier Van der Weyden*. L’archange virevolte dans un grand déploiement d’étoffes au-dessus d’un démon de convention qu’il va transpercer de son glaive. Comme souvent chez les primitifs, la silhouette élancée du saint est hors de proportion avec le petit donateur agenouillé à ses pieds.

En 1474, on trouve Bermejo en Aragon, à Daroca, où il s’engage, le 5 septembre, à exécuter le retable du maître-autel de l’église Santo Domingo. Trois ans plus tard, cette œuvre demeurait inachevée. Le maître, alors installé à Saragosse, apparaît à la tête d’un atelier qui comprenait notamment le peintre Martín Bernat. On le désigne sous le nom de Bartolomé de Cárdenas. Du retable de Daroca subsiste le panneau central, une production monumentale et forte, qui est passée au musée du Prado. Le saint patron — qui fut abbé de Silos de 1047 à 1073 — trône en costume d’apparat dans un siège surabondamment sculpté. Sans conteste, l’artiste a été repris par le milieu natal. Il sacrifie au goût des écoles hispaniques pour l’or et le décor exagérément riche. Le caractère intense, impérieux de son dessin s’accorde avec la rudesse propre aux ateliers aragonais. Cependant, le visage témoigne d’une science du modelé peu commune dans la Péninsule à l’époque.

D’Aragon, Bermejo se serait-il rendu en Italie ? C’est ce que laisse supposer un retable de la cathédrale d’Acqui, près d’Alessandria, dont le panneau central, Vierge à l’Enfant avec un donateur, porte de nouveau sa signature. Le principal intérêt de ce tableau réside dans le paysage du fond. Les derniers rayons du soleil couchant enflamment des architectures et exaltent les vertus poétiques de l’atmosphère.

Ces qualités rares de peintre d’atmosphère se retrouvent dans un authentique chef-d’œuvre, la Pietà exécutée à la demande du chanoine barcelonais Luis Desplá. Depuis 1486, Bermejo était établi dans la capitale catalane, et le panneau devait être achevé le 23 avril 1490. Les effets dramatiques d’un paysage crépusculaire portent à son paroxysme l’émotion produite par la tragédie du Calvaire. Cependant, le drame sacré s’humanise avec le donateur : deux yeux remplis d’une infinie tristesse, dans un visage plus qu’à demi dévoré par une barbe courte mais drue.

Peu après, Bermejo disparaît, sans qu’aucun peintre espagnol ne se révèle capable de recueillir son message dans toute sa portée, ni de le propager.

M. D.

 E. Tormo y Monzó, Bartolomé Bermejo (Madrid, 1926). / C. R. Post, A History of Spanish Painting, vol. V (Cambridge, Mass., 1934).

Bermudes

En angl. Bermudas, archipel britannique de l’Atlantique.


Cet archipel, situé par 32° 20′ de lat. N. et 64° 40′ de long. O., à près de 1 000 km à l’est-sud-est des côtes des États-Unis, ne s’étend que sur 53,5 km2. Sa population résidante s’élève à 52 700 habitants, ce qui lui donne une densité proche de 1 000 habitants au kilomètre carré. La capitale est Hamilton (3 000 hab.). Situé entre l’Amérique du Nord-Est, les Antilles et l’Europe, il occupe une situation géographique de choix. Depuis le xviie s., il a servi de base stratégique à la marine anglaise pour contrôler les routes de l’Atlantique Nord. Plus récemment, son rôle d’escale aérienne est venu relayer celui de base maritime. En 1941, la Grande-Bretagne y a cédé à bail aux États-Unis une vaste zone de 6 km2 pour installer une puissante base aéronavale (environ 10 000 personnes). Les Bermudes se trouvent en outre à moins d’une heure et demie de vol de la fourmilière humaine du Nord-Est américain, avide de détente et de douceur climatique, et ne pouvaient manquer d’en tirer profit.

Les îles doivent leur fortune à une nature tropicale d’une grande beauté. Elles reposent sur le sommet d’un volcan immergé, et l’ensemble de l’archipel se disperse sur un platier ovale de 18 km sur 35 km, encombré de récifs et de bancs de sable. Seules une vingtaine d’îles sont habitées ; les sept plus grandes, situées au sud-est de l’archipel, ont été reliées entre elles par des ponts et une route, et forment la « mainland » (36,40 km2 [23 km de long et 3,2 km de large]). Les îles et les îlots sont constitués par des calcaires coralliens et des sables agglomérés. Les côtes présentent des formes étranges et pittoresques ; le relief, peu contrasté, est formé de collines (culminant à 75 m) et de dépressions fermées, tapissées d’argile rouge, qui constituent les seules terres cultivables.