Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
B

Bazaine (Jean)

Peintre français (Paris 1904).


Licencié ès lettres, Bazaine entre à l’École nationale supérieure des Beaux-Arts ; il s’initie à la sculpture, mais choisit dès 1924 la peinture et étudie au Louvre les maîtres anciens, hollandais et italiens. Lors d’une première exposition personnelle, en 1932, il reçoit la visite de Bonnard qui l’encourage et pour lequel il conservera une grande admiration.

En 1938, Bazaine obtient le prix Blumenthal. Malgré la guerre, il dessine, au hasard des postes isolés, et réfléchit sur l’art : expérience positive qui devait le conduire par la suite à dégager une vision de la nature où l’intériorisation des sensations jouerait un rôle important.

Avec quelques amis, en mai 1941, à Paris, il organise l’exposition-manifeste qui réunit à la galerie Braun une avant-garde combative sous le titre « Peintres de tradition française ». Bazaine expose la même année à la galerie Jeanne Bucher, puis en 1942 à la galerie Carré avec Jacques Villon (v. Duchamp [frères]), Maurice Estève, Charles Lapicque. Il publie en 1948 ses Notes sur la peinture d’aujourd’hui, qui ne sont ni un essai doctrinaire ni un plaidoyer, mais plutôt des réflexions écrites au fil des jours sur les problèmes de l’art contemporain. La galerie Maeght organise en 1949 une exposition de l’ensemble de son œuvre.

En parallèle à son activité picturale, Bazaine donne de 1943 à 1947 les cartons de trois vitraux pour l’église d’Assy et exécute en 1951 une grande mosaïque pour la façade de l’église d’Audincourt, complétée en 1954 par des vitraux en dalles de verre. Suivent les vitraux de Villeparisis, en 1958, ceux du chœur de Saint-Séverin à Paris, sur le thème des sacrements, de 1965 à 1970.

La peinture de Bazaine marque le point de rupture avec un naturalisme faussé par l’académisme, et d’autre part refuse l’abstraction dans la mesure où celle-ci se veut spéculative, désincarnée. Pour Bazaine, « la vraie sensibilité commence lorsque le peintre découvre que le remous de l’arbre et l’écorce de l’eau sont parents, jumeaux les pierres et son visage, et que le monde se contractant ainsi peu à peu il voit se lever, sous cette pluie d’apparences, les grands signes essentiels qui sont à la fois sa vérité et celle de l’univers ». Après une période initiale figurative, Bazaine a évolué vers une construction du tableau délaissant de plus en plus la géométrie extérieure des objets pour n’en retenir que les rythmes intérieurs et dégager leurs lignes de force. Aux premières toiles non figuratives — de 1942 à 1950 —, marquées par les fortes structures en grille orchestrées de masses colorées, rouges et bleues principalement (Nature morte devant la fenêtre, 1942, coll. L. Carré ; Messe de l’homme armé, 1944, coll. A. Maeght), ont succédé des œuvres aux tonalités plus légères, sous-tendues par une architecture secrète de rythmes plastiques (Entre la pierre et l’eau, 1964, musée national d’Art moderne).

Après avoir participé aux plus importantes expositions internationales, Bazaine a reçu en 1964 le Grand Prix national des arts, suivi, en 1965, d’une vaste exposition rétrospective au musée national d’Art moderne à Paris. Par la lucidité de son art et l’ampleur de son inspiration, il a marqué, notamment, la renaissance de l’art sacré au travers des conquêtes de la non-figuration.

H. N.

 J. Bazaine, Notes sur la peinture d’aujourd’hui (Floury, 1948) ; Exercice de la peinture (le Seuil, 1973). / Jean Bazaine (Maeght, 1954). / Catalogue d’exposition rétrospective : musée national d’Art moderne, Paris, 1965. / J. Tardieu et coll., Bazaine (Maeght, 1975).

B. C. G.

Vaccin contre la tuberculose. Le B. C. G. (bacille bilié de Calmette et Guérin) est une souche de bacille tuberculeux bovin isolée en 1901 et transformée en une souche avirulente. Utilisé pour la vaccination humaine depuis 1921, il a réduit la fréquence absolue de la tuberculose et raréfié ses formes aiguës.



Historique

La rareté des tuberculoses pulmonaires à l’âge adulte chez les sujets ayant guéri, avant 15 ans, de tuberculose ganglionnaire, est un fait connu depuis fort longtemps (A. Marfan [1858-1942]). Koch, en 1891, démontre la nécessité d’un bacille vivant lors de la première inoculation pour que le sujet ait une réaction d’immunité lors de son second contact avec le bacille. De ces connaissances se dégage la notion fondamentale de la vaccination par un bacille tuberculeux vivant, produisant une allergie. Albert Calmette (1863-1933) et Camille Guérin (1872-1961), pour appliquer cette vaccination à l’homme, rendent « avirulente » une souche de bacille tuberculeux bovin en procédant, en douze ans, à 230 repiquages successifs.

Le B. C. G. est un bacille tuberculeux qui diffère par sa morphologie, ses caractères biochimiques des bacilles humains, bovins et des autres mycobactéries. Surtout, il ne possède aucune virulence expérimentale chez les animaux de laboratoire.

Le vaccin B. C. G. est doué d’une complète innocuité. Des réactions locales (suppuration), régionales (adénite parfois fistulisée) ou générales (fièvre) peuvent parfois s’observer, mais ces réactions (familièrement nommées bécégite) guérissent toujours.

La vaccination chez l’homme est obligatoire en France depuis 1950 pour certaines catégories de la population, tels les enfants placés en pouponnière ou en crèche, les enfants d’âge scolaire, les membres du personnel médical ou paramédical dès le début de leurs études, les membres de l’administration, les militaires, les employés des entreprises de produits alimentaires. Les sujets de plus de 25 ans, les sujets ayant des réactions tuberculiniques positives ne sont pas soumis à ces règles.

La vaccination, contre-indiquée chez les sujets ayant des réactions tuberculiniques positives, l’est également chez les cardiaques, les sujets ayant une néphrite, une hémopathie. Elle est temporairement contre-indiquée chez les sujets ayant une maladie aiguë, un eczéma. Elle doit être faite à distance (trois mois) de toute autre vaccination.

On ne peut vacciner que les sujets ayant une cuti-réaction et une intra-dermo-réaction à la tuberculine négatives. Il est préférable de vacciner les jeunes enfants ou les nouveau-nés au cours des deux premiers mois.