Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
B

Bayonne et la Côte basque française (suite)

La fonction d’animation locale pour le Labourd et la Basse-Navarre ainsi que la fonction touristique donnent à Bayonne et à la Côte basque une animation certaine et surtout un rythme de vie différent selon les saisons. Il en résulte, aux moments les plus actifs, des difficultés de circulation d’autant plus grandes que la route menant en Espagne connaît une circulation internationale très active : Hendaye est, avec Le Perthus, le lieu de franchissement le plus fréquenté de la frontière franco-espagnole. Ainsi apparaît urgente la réalisation d’une liaison autoroutière, dont la construction d’un nouveau pont en amont de Bayonne et l’aménagement de la déviation de Saint-Jean-de-Luz sont des étapes.

S. L.

➙ Aquitaine / Basque français (Pays) / Pyrénées-Atlantiques.

Bazaine (Achille)

Maréchal de France (Versailles 1811 - Madrid 1888).


Engagé à dix-neuf ans après un échec au concours de Polytechnique, il sert à la Légion étrangère, puis en Algérie dans les Bureaux arabes. Quand vient la guerre de Crimée (1854), il commande le 1er régiment étranger ; sa brillante conduite lui vaut d’être promu général de brigade à quarante-trois ans et, moins d’un an plus tard, divisionnaire. Il se distingue durant la campagne d’Italie, et l’expédition du Mexique le place au premier rang de la hiérarchie militaire : il détermine la prise de Puebla sous les ordres de Forey, puis succède à ce dernier comme commandant en chef d’août 1863 à juin 1864, date à laquelle l’empereur Maximilien rejoint son nouvel État. Bazaine, nommé maréchal en 1864, sera le témoin des fautes de ce souverain avant de réussir en 1866-67 la délicate opération du retrait des troupes françaises. De 1867 à 1870, il commande le 3e corps à Nancy, ce qui lui permet d’étudier le théâtre d’opérations de Lorraine, et il adopte les thèses du général Poitevin de Maureilhan. Ce dernier avait jadis préconisé d’établir des camps retranchés qui serviraient de points d’appui à l’armée de campagne, et Bazaine estime, pour sa part, qu’il faut établir un camp retranché à cheval sur Metz et Toul. Or, le 12 août 1870, l’impératrice, l’opinion parlementaire et les vœux des milieux militaires amènent l’empereur à confier au commandant du 3e corps celui de l’armée de Lorraine. Trois mois plus tard, le maréchal prendra figure d’un traître. Pour établir son exacte responsabilité, il faut distinguer la période du 12 août au 4 septembre 1870, où il se laisse bloquer dans Metz, et celle du 4 septembre au 27 octobre, où il entame des négociations discutables.

Le 12 août, il a reçu la mission de ramener l’armée de Lorraine à l’aplomb de Verdun pour accueillir une autre armée qui se constituait au camp de Châlons. Pourquoi s’est-il laissé prendre de vitesse par les Allemands ? On doit tout d’abord accuser son inexpérience stratégique, car s’il manifeste sur le champ de bataille l’allant et le coup d’œil d’un bon tacticien, il ne sait pas s’élever au niveau d’un commandant en chef. Il faut cependant constater qu’il est mal obéi par ses principaux subordonnés, et qu’il est également trahi par les déficiences d’un état-major incapable de régler les mouvements et de ravitailler convenablement une masse de cinq corps d’armée. Les retards qui en résultent permettent aux Allemands de passer au sud de Metz et d’accrocher les colonnes françaises le 16 août, pour les rejeter sur Metz le 18.

Le désordre qu’offrait l’armée de Lorraine du 12 au 16 août a-t-il impressionné Bazaine au point qu’il ait jugé nécessaire de revenir à la conception de Maureilhan en s’enfermant dans Metz ? On est tenté de le croire, comme on est tenté de croire que cet homme de 59 ans fut sujet à des défaillances physiques : à Spicheren (6 août) comme à Saint-Privat (le 18), il avait manifesté de l’inertie, alors qu’à Borny, à Rezonville et ensuite à Noisseville il risqua sa vie très crânement. L’échec de la sortie de Noisseville le 30 août achève de le convaincre qu’il faut jouer le rôle d’un abcès de fixation en maintenant devant Metz six corps d’armée allemands. De ce fait, il consent un répit au gouvernement de Défense nationale, sans lequel l’armée de la Loire n’aurait jamais pu se constituer.

Une seconde période s’ouvre le 4 septembre, quand Bazaine apprend par un parlementaire le désastre de Sedan. Il ne sait toutefois que le 12 septembre la proclamation de la république, mais aucun contact n’est établi entre lui et le nouveau pouvoir, malgré l’envoi de messagers. En l’absence de directives, il est donc amené à se faire l’instrument d’un plan surprenant, élaboré dans l’entourage de l’impératrice après la fuite de celle-ci en Angleterre. Ce projet repose sur le postulat que la confusion consécutive à la révolution parisienne poussera Bismarck à négocier le traité de paix avec le gouvernement légal qui a été plébiscité massivement le 8 mai 1870. Mais la restauration envisagée ne sera possible qu’en s’appuyant sur des troupes fidèles, c’est-à-dire sur l’armée de Lorraine. Il faut donc obtenir pour cette armée un armistice, afin qu’elle puisse se porter au sud de la Loire et permettre le rétablissement du régime impérial. Bazaine se prête à un tel projet ; il accueille un envoyé de l’entourage de l’impératrice, Edmond Régnier. Celui-ci, après avoir vu Bismarck le 20 septembre, arrive le 23 à Metz pour en repartir le 24 et retourner auprès de Bismarck. Avec l’accord des Allemands, Bazaine envoie le général Bourbaki, puis le général Boyer, établir la liaison avec l’impératrice, mais lorsque celle-ci fait savoir qu’elle lui donne pouvoir de conclure une convention militaire, la famine accule le maréchal à la reddition (27 oct.).

On ne saurait donc prononcer le mot de trahison, qui justifia sa condamnation à mort prononcée le 10 décembre 1873 par un conseil de guerre que présida le duc d’Aumale. Il faut retenir seulement une lourde erreur ! Bazaine l’expia durement. Après son évasion de l’île Sainte-Marguerite dans la nuit du 9 au 10 août 1874, il se trouva sans ressources et mourut à Madrid dans la pauvreté.

P. R.

 E. Ruby et J. Regnault, Bazaine. Coupable ou victime ? (Peyronnet, 1960). / M. Baumont, l’Echiquier de Metz (Hachette, 1971).