Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
B

Baudouin Ier (suite)

À mesure que l’expérience du roi s’accroît, son influence en politique intérieure augmente. Préoccupé par la virulence des querelles linguistiques, le souverain proclame en 1962 la nécessité de réformes destinées à harmoniser les relations entre les communautés, tout en sauvegardant l’unité du pays. Refusant, l’année suivante, la démission du gouvernement, il accule celui-ci aux accords de Val-Duchesse (juill. 1963), qui donnent une solution provisoire aux problèmes linguistiques. En 1966, ne pouvant prévenir une nouvelle crise ministérielle, il adresse par voie de lettre publique un solennel avertissement au pays, stigmatisant le manque d’autorité gouvernementale. En juin 1968, le président Mobutu est l’hôte particulier du roi. Cette visite, suivie de négociations belgo-congolaises, prélude à la visite en retour que le couple royal effectue au Congo en juin 1970, associant ainsi la Belgique au 10e anniversaire de l’indépendance congolaise.

P. J.

 C. D’Ydewalle, Baudouin et Fabiola (Plon, 1960). / R. Delmarcelle, Baudouin roi des Belges (Bruxelles, 1961). / M. M. Martin, Baudouin Ier et la Belgique (Flammarion, 1964).

Baudroie

Poisson téléostéen marin à peau nue, à large bouche, vivant sur le plateau continental. Le premier rayon de la nageoire dorsale est libre et pourvu, à son extrémité, d’un lambeau cutané que l’animal utilise comme un leurre.


La Baudroie (Lophius piscatorius) est le type de l’ordre des Lophiiformes. Sa tête, énorme et aplatie, représente à elle seule la moitié de la longueur de l’animal et environ les deux tiers de son poids ; le reste du corps est effilé. Les nageoires pectorales sont portées par des moignons et ont valu à l’ordre son ancien nom de Pédiculés ; les pelviennes sont en position jugulaire ; la seconde dorsale, la caudale et l’anale sont petites. La première dorsale comporte six rayons épineux, dont les trois premiers sont libres. La mâchoire inférieure est frangée de lambeaux cutanés qui renforcent le camouflage par homochromie de la Baudroie sur les fonds sableux ou caillouteux, où elle vit. La denture est forte et dense, et elle recouvre la quasi-totalité de la paroi buccale. Les dents sont acérées et recourbées vers l’arrière. Des ligaments élastiques leur permettent de basculer vers le fond au passage des proies volumineuses. Les yeux sont dorsaux et rapprochés.

La Baudroie vit sur le plateau continental des deux rives de l’océan Atlantique Nord, où elle est activement pêchée au chalut. Elle est consommée sous le nom de Lote de mer. C’est un poisson benthique, immobile, péchant à l’affût et agitant au-dessus de sa bouche le leurre de son premier rayon dorsal. Ses proies sont normalement des poissons de taille moyenne (Harengs), mais on a cité le cas de Baudroies (qui peuvent atteindre 1 m et peser près de 20 kg) s’attaquant à des Oiseaux aquatiques.

La reproduction a lieu en été près des rivages. Les œufs sont émis par la femelle en un long cordon muqueux. Leur éclosion donne naissance à des larves pélagiques très différentes de l’adulte ; les rayons des nageoires, très allongés, servent d’organes de flottaison.

Parmi les Poissons voisins, citons les Antennaires (Antennarius), hôtes des récifs coralliens, les Crapauds de mer (Pterophryne), qui vivent au milieu des Algues de la mer des Sargasses, la Chauve-Souris de mer, de la mer des Caraïbes (Ogcocephalus vespertilio), à la forme si curieuse, et surtout le groupe des Cératioïdes, qui comprend une vingtaine de familles et dont les mœurs sont très particulières.

À partir du type « Baudroie », les Cératioïdes ont perdu les pelviennes, et leur dorsale épineuse n’est plus représentée que par le premier rayon, ou illicium, dont la structure peut se compliquer jusqu’à ressembler à la gaule et à la ligne d’un engin de pêche. Le leurre terminal est souvent un bulbe lumineux ; ces animaux sont en effet bathypélagiques, vivant entre 1 000 et 2 000 m de profondeur, et un leurre non visible dans ces régions obscures serait évidemment inefficace. À ces particularités morphologiques s’ajoute un dimorphisme sexuel sans équivalent chez les autres Vertébrés. Alors que les femelles ont une taille normale (jusqu’à 50 cm pour quelques espèces), les mâles sont nains et dépourvus d’illicium ; leur appareil digestif en régression montre qu’ils ne se nourrissent pas ; réduits à la seule fonction reproductrice, ils vivent fixés en parasites sur les femelles.

R. B.

Bauhaus

Établissement d’enseignement artistique créé par Walter Gropius à Weimar en 1919, l’année de la proclamation de la République allemande, et qui disparut en même temps que celle-ci, en 1933, à Berlin.


Par l’originalité de ses méthodes pédagogiques, la qualité de ses maîtres, la diversité de ses recherches, le Bauhaus (« maison de l’œuvre bâtie ») représente une expérience capitale pour le renouveau des méthodes d’enseignement artistique : son action s’est exercée aussi bien dans le domaine de l’architecture que dans celui de la communication visuelle, sur le plan du « design » comme sur celui des arts du spectacle et de l’expression plastique en général.


Préhistoire

Si le Bauhaus fut un des faits artistiques majeurs des années 20, c’est au premier avant-guerre que remonte le mouvement d’idées dont il est issu. Né dans le climat de l’Art* nouveau, ce mouvement tend d’une part à réformer les méthodes d’éducation artistique à tous les niveaux, depuis l’éveil des facultés d’expression chez l’enfant (méthode du Viennois Franz Čižek [1865-1946]) jusqu’à l’enseignement spécialisé (les « Werkkunstschulen ») et à l’initiation artistique du grand public (Alfred Lichtwark [1852-1914] à Hambourg), en tenant compte des données les plus récentes de l’esthétique (Konrad Fiedler [1841-1895]), de la psychologie, voire de la psychanalyse et de la pédagogie (Maria Montessori [1870-1952], Gustav Wyneken [1875-1964]). D’autre part, pour des raisons sociales ou commerciales autant qu’esthétiques, des efforts considérables sont déployés pour améliorer la qualité formelle du produit industriel. À partir de 1899, encouragé par le politicien libéral Friedrich Naumann, Carl Schmid, à Dresde, met au point des équipements mobiliers rationnels, fabriqués en grande série à des prix populaires (première utilisation du contre-plaqué pour la fabrication de meubles). L’Art industriel en Allemagne (1908), de F. Naumann, et Art et économie (1909), de Heinrich Waentig (1870-1943), diffusent l’idée de la nécessité d’un traitement formel spécifique du produit industriel. Surtout, en 1907, un groupe d’industriels et d’artistes fonde le Deutscher Werkbund, dont le but est de promouvoir la « bonne forme » dans l’industrie. La même année, l’architecte Peter Behrens (1868-1940) est chargé par Walther Rathenau, président de l’AEG, de réaliser un programme de « design intégré », allant du traitement architectural des centres de production à la mise en forme des produits et à la création d’un graphisme de marque.