Bartók (Béla) (suite)
À l’écart des grands centres musicaux de son époque (Paris, Vienne, Berlin), Bartók a choisi la voie d’une indépendance farouche et hautaine. Si elle lui a été fatale de son vivant, cette liberté lui a assuré l’admiration reconnaissante de tous les jeunes musiciens d’après 1945, soucieux d’échapper tant à la tyrannie néo-classique qu’au carcan sériel, et qui trouvèrent en lui un phare, un guide, et la plus pure caution spirituelle. Depuis lors, la musique a vu s’ouvrir d’autres perspectives, mais la perfection de cristal de l’œuvre bartokienne s’impose au-dessus des modes et des esthétiques.
Catalogue succinct des œuvres
Piano : 14 bagatelles, op. 6 (1908) ; 4 Nénies (1910) ; Allegro barbaro (1911) ; Suite, op. 14 (1916) ; 3 études, op. 18 (1918) ; improvisations, op. 20 (1920) ; sonate (1926) ; En plein air (1926) ; Mikrokosmos (1926-1937) ; sonate pour 2 pianos et percussion (1937).
Musique de chambre : 6 quatuors à cordes ; no 1 en la, op. 7 (1908) ; no 2 en la, op. 17 (1915-1917) ; no 3 en ut dièse (1927) ; no 4 en ut (1928) ; no 5 en si bémol (1934) ; no 6 en ré (1939) ; 2 sonates pour violon et piano (1921 ; 1922) ; sonate pour violon seul (1944) ; 44 duos pour 2 violons (1931) ; Contrastes pour violon, clarinette et piano (1938).
Orchestre : 3 concertos pour piano ; no 1 en mi (1926) ; no 2 en sol (1930-31) ; no 3 en mi (1945) ; 2 concertos pour violon ; no 1, posthume (1907-08) ; no 2 en si (1937-38) ; concerto pour alto (1945) ; 2e Suite pour orchestre, op. 4 (1905-1907) ; 2 portraits, op. 5 (1907-08) ; 2 images, op. 10 (1910) ; 4 pièces, op. 12 (1912-13) ; Suite de danses (1923) ; Musique pour cordes, célesta et percussion, en la (1936) ; Divertimento pour cordes, en fa (1939) ; concerto pour orchestre, en fa (1943).
Œuvres scéniques : le Château de Barbe-Bleue, opéra (1911) ; le Prince de bois, ballet (1914-1916) ; le Mandarin merveilleux, ballet-pantomime (1918-19).
Musique vocale : mélodies (1915-16) ; Cantata profana (1930).
H. H.
E. Haraszti, Béla Bartók. His Life and Works (trad. du hongrois, Lyrebird Press, 1938). / D. Dille, Béla Bartók (Bruxelles, 1947). / H. Stevens, The life and Music of Béla Bartók (Londres, 1953 ; nouv. éd., 1965). / S. Moreux, Béla Bartók (Richard Masse, 1955). / Numéro spécial de la Revue musicale, Béla Bartók, l’homme et l’œuvre (Richard Masse, 1955). / J. W. Downey, la Musique populaire dans l’œuvre de Bartók (2 vol.) ; les Idées de Béla Bartók sur le folklore (thèses, Paris, 1957 ; C. D. U., 1966). / B. Szabolcsi (sous la dir. de), Béla Bartók, Weg und Werk, Schriften und Briefe (Budapest, 1957). / P. Citron, Bartók (Éd. du Seuil, coll. « Microcosme », 1963). / P. Marette, Bartók (Hachette, 1970).
Repères biographiques
188125 mars. Naissance à Nagyszentmiklós, petit village de l’est de la Hongrie, aujourd’hui roumain.
1894-1903Études à Pozsony (l’actuelle Bratislava) de 1894 à 1899, puis au conservatoire de Budapest jusqu’en 1903.
1904Création de sa première œuvre orchestrale, le poème symphonique patriotique Kossuth, à Manchester, sous la direction de Hans Richter.
1905Rencontre de Kodály, découverte du folklore et premier séjour à Paris.
1907Nomination au conservatoire de Budapest comme professeur de piano (il se refusera toujours à enseigner la composition).
1908Rencontre de Debussy à Paris, suivant de peu la découverte de sa musique (1908).
1909Premier mariage.
1913Prospections folkloriques dans le Sud algérien.
1917-1918Premières consécrations comme compositeur avec les créations à la scène du ballet le Prince de bois (1917) et de l’opéra le Château de Barbe-Bleue (1918), tous deux à Budapest.
1923Second mariage.
1926Création du ballet le Mandarin merveilleux, à Cologne.
1927-1928Prix Coolidge remporté pour son 3e quatuor, et suivi d’une tournée aux États-Unis.
1939Mort de sa mère, passionnément aimée, et dernier séjour en Hongrie.
1940Exil aux États-Unis pour fuir la tyrannie nazie, insupportable à ce démocrate fervent.
194526 sept. Mort à New York.