Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
Y

York (suite)

Armé chevalier en 1426 par Henri VI, qui le nomme lieutenant général en France et en Normandie (1436-37 et de 1440 à 1445), il devient premier prince du sang à la suite de la mort suspecte, le 23 février 1447, de Humphrey, duc de Gloucester, à qui s’opposaient les Beaufort, fils légitimés de Jean de Gand et maîtres réels du pouvoir depuis la majorité d’Henri VI (1442). Il est rejeté dans les rangs de l’opposition par un de leurs parents, Guillaume de la Pole, duc de Suffolk, qui le nomme en 1447 lieutenant du roi en Irlande pour dix ans. Refusant cet exil déguisé, il revient à deux reprises à Londres les armes à la main, en septembre 1450 et en mars 1452, et il se fait reconnaître « protecteur du royaume » et « chef du Conseil » le 27 mars 1454, à la suite de la première crise de folie du souverain en août 1453. Les Beaufort et la reine Marguerite d’Anjou sont alors écartés du pouvoir. Mais le rétablissement d’Henri VI à la fin de 1454 et surtout la naissance, en octobre 1453, d’un prince de Galles, Édouard, éloignent Richard du trône.

Déçu dans ses espérances politiques, n’ayant pas pardonné, au fond de lui-même, l’exécution de son père, Richard de Cambridge, Richard d’York prend les armes avec l’appui des Neville et déclenche la guerre civile, guerre dite « des Deux*-Roses ». Vainqueur à Saint Albans le 22 mai 1455, il redevient « protecteur du royaume » en octobre 1455 à la faveur d’une nouvelle crise de folie du roi. De nouveau éloigné du pouvoir par Marguerite d’Anjou en octobre 1456, il se réconcilie théoriquement avec les Lancastres lors d’une cérémonie à Saint Paul le 25 mars 1458. Reprenant les armes en septembre 1459, défait à Ludlow le 12 octobre, il se réfugie en Irlande, d’où il revient le 8 septembre 1460 après le débarquement, en juin, et la victoire, le 10 juillet, à Northampton, de Richard Neville, comte de Warwick et gouverneur de Calais. S’installant au palais de Westminster, il accepte, pourtant, de laisser à Henri VI la couronne à condition que celle-ci lui revienne à sa mort. Mais, le 30 décembre 1460, à Wakefield, il est vaincu et tué par les lancastriens, qui décapitent son corps. Trois fils (Édouard [le futur Édouard IV], George [1449-1478, duc de Clarence] et Richard [le futur Richard III]) et deux filles (Marguerite [1446-1503] et Élisabeth [† v. 1503]) assurent sa succession.


Une royauté éphémère

Reconstitué sous l’autorité du fils aîné du défunt, Édouard, le parti à la « rose blanche » remporte le 29 mars 1461 la victoire de Towton, qui permet à son chef de se faire couronner roi sous le nom d’Édouard IV (28 juin). Mais son mariage en 1464 avec une lancastrienne, Élisabeth Woodville, et celui de sa sœur Marguerite d’York en 1468 avec Charles* le Téméraire rejettent Warwick dans le parti de Marguerite d’Anjou, avec qui ce dernier se réconcilie en 1470 grâce à l’intervention de Louis XI*. Bon nombre de ses partisans l’abandonnent pour rejoindre les lancastriens lors du débarquement en Angleterre de Warwick, qui restaure Henri VI (oct. 1470) et le contraint à se réfugier auprès du Téméraire. Mais, avec l’aide de ce dernier, Édouard IV débarque en mars 1471 en Angleterre, à Ravenspur (sur la Humber), et remporte les victoires décisives de Barnet (14 avr. 1471), où Warwick est tué, et de Tewkesbury (4 mai 1471), où le prince de Galles, Édouard, fils d’Henri VI, subit le même sort. Laissant ou faisant assassiner Henri VI le 21 mai, il rétablit sans difficulté son autorité sur l’Angleterre, n’hésitant pas à faire exécuter en 1478 son frère George, duc de Clarence, qui avait conspiré contre lui.

Ouverte par la mort d’Édouard IV (1483), qui laisse deux fils mineurs, Édouard et Richard, quatrième duc d’York, la succession royale oppose les Woodville au frère du roi défunt, Richard, duc de Gloucester, qui se fait couronner roi sous le nom de Richard III le 6 juillet 1483. Celui-ci rejette ainsi les Woodville et de nombreux yorkistes dans le parti des Lancastres, dont la cause est désormais défendue par les Tudors*, Jasper Tudor et surtout son neveu Henri Tudor (1457-1509). Le projet de mariage d’Henri Tudor, petit-fils de l’épouse du roi Henri V, avec la fille aînée d’Édouard IV, Élisabeth d’York (1465-1503), peut réconcilier, en les fusionnant, les deux branches de la maison royale, en conflit depuis trente ans. Aussi le prétendant débarque-t-il à Milford Haven le 7 août 1485 ; il remporte la victoire de Bosworth (22 août), qui met fin à la guerre des Deux-Roses par la mort de Richard III. Couronné le 30 octobre à Westminster, Henri VII Tudor (1485-1509) épouse Élisabeth d’York, réconciliant ainsi les « roses blanche et rouge ». Avec l’avènement des Tudors, légitimes héritiers de la famille des Lancastres, s’achève l’histoire dynastique des Yorks, dont le prestige, dû à leur volonté d’ordre et de justice, restait considérable auprès du peuple anglais.

P. T.


Les rois de la maison d’York


Édouard IV

(Rouen 1442 - Westminster 1483), roi d’Angleterre de 1461 à 1470 et de 1471 à 1483. Fils de Richard, troisième duc d’York, héritier des droits à la couronne des Clarence et des Yorks, couronné à Londres le 28 juin 1461, il commet l’erreur d’épouser secrètement le 1er mai 1464 la fille et jeune veuve de deux lancastriens, Élisabeth Woodville (1437-1492), alors que Richard Neville, comte de Warwick, négocie son union avec une belle-sœur de Louis XI. Warwick, humilié, se révolte avec l’appui du duc George, de Clarence, frère cadet du souverain. Édouard IV est fait prisonnier en juillet 1469 par George Neville, frère de Warwick ; libéré par ses amis en octobre, il contraint Warwick à s’exiler en avril 1470, avant d’être obligé lui-même de se réfugier en Hollande en octobre, d’où il regagne l’Angleterre en mars 1471. Restauré après avoir éliminé tous ses adversaires, il envahit la France en 1475, mais doit conclure avec Louis XI une série de conventions (traité de Picquigny, 29 août) qui met fin à la guerre de Cent* Ans.