Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
A

Autriche (suite)

Plus haut se situe Franz Anton Maulbertsch (1724-1796), dont les effets de clair-obscur, évidemment inspirés de Rembrandt, sont encore plus apparents dans les fougueuses esquisses et dont le dessin est d’un mouvement superbe, parfois dédaigneux des vraisemblances. Il a exécuté quelques décors à Vienne et a peint un nombre considérable de plafonds dans les églises et les abbayes de Moravie et de Hongrie. Il a eu quelques élèves, dont Johann Bergl (v. 1718-1789), fort différent de lui et à l’imagination volontiers exotique et légère.


Néo-classiques et romantiques

L’époque de Marie-Thérèse et de Joseph II est assez pâle : ni le sculpteur Franz Anton Zauner (1746-1822) ni l’architecte tessinois Peter von Nobile (1774-1854) ne suscitent l’enthousiasme.

Une stérilité assez analogue semble avoir frappé le romantisme autrichien, bien que le mouvement nazaréen (v. Allemagne) soit parti de peintres de l’académie de Vienne. Quant à la douceur de vivre du « Biedermeier » viennois, des guinguettes du Prater, des valses de Strauss, son expression ne va guère plus loin que la vignette. Le peintre romantique de Vienne, Ferdinand Georg Waldmüller (1793-1865), est le portraitiste d’une société désuète ainsi qu’un paysagiste un peu sec.


Le « ring » et la transformation de Vienne

Le milieu du xviiie s. est marqué par une grandiose opération d’urbanisme, effectuée sous le règne de François-Joseph, prince à peu près fermé aux questions d’art. C’est à Vienne, capitale s’identifiant de plus en plus avec un État dont les frontières allaient en se rétrécissant, la création du « Ring », boulevard aménagé de 1857 à 1885 environ sur l’emplacement de l’ancienne enceinte. Ce fut une réalisation heureuse, bien qu’on ait ironisé sur le « Ringstrassen-Stil » qui, en cette époque d’éclectisme architectural, est plutôt absence de style. Parmi les monuments édifiés, il faut signaler une église néo-gothique, l’Opéra, l’hôtel de ville, le Parlement antiquisant, et les musées pour lesquels on fit appel à la collaboration de l’Allemand Gottfried Semper*. À la même époque, le peintre Hans Makart (1840-1884) exécute d’immenses tableaux d’histoire avec une furia assez creuse qui le fit prendre pour un nouveau Rubens.


L’avènement de l’art moderne

La réaction contre le style du Ring vint des architectes. Otto Wagner (1841-1918) en fut le principal artisan. Les stations qu’il dessina pour le métropolitain (Stadtbahn) de Vienne, apparentées à l’Art* nouveau, firent sensation. Il évolua d’ailleurs rapidement vers plus de simplicité, et son église de l’asile d’aliénés du Steinhof (1904) à Vienne affecte des formes cubiques. L’un de ses nombreux élèves, Josef Hoffmann (1870-1956), se tourna vers l’organisation des intérieurs dans son palais Stoclet de Bruxelles (1905-1911). Il consacra une part importante de son activité aux ateliers viennois (Wiener Werkstätte), dont les productions, plus légères que leurs concurrentes allemandes, se firent une place importante en Europe. Plus radical se montra Adolf Loos (1870-1933), qui réagit avec violence contre le Jugendstil, ainsi que l’indique le titre d’une de ses conférences, « Ornement et crime ».


L’art autrichien du xxe siècle

Le peintre autrichien qui correspond le mieux au mouvement « fin de siècle » est Gustav Klimt (1862-1918). Il fonde en 1897 la Sécession viennoise et s’oriente vers un art à la fois décoratif et ésotérique, qui lui vaut une très grande réputation dans les milieux intellectuels, plutôt attirés par le symbolisme que par les valeurs plastiques d’une peinture où les corps nus, assez conventionnels, s’accordent plus ou moins heureusement avec un ornement qui foisonne. Ses dessins linéaires révèlent un artiste racé lorsqu’il consent à être spontané. Klimt fut de ceux qui travaillèrent au palais Stoclet. Il eut de nombreux élèves, parmi lesquels Egon Schiele (1890-1918), qui fut l’ami du plus remarquable expressionniste autrichien, Oskar Kokoschka* (né en 1886). À la fois poète et peintre, grand voyageur par goût, puis par nécessité (lorsque les nazis, en 1938, le contraignent à quitter sa patrie), Kokoschka est l’auteur de portraits violents et hallucinés, puis d’admirables paysages urbains en vue panoramique. Un autre exilé politique a été le sculpteur Fritz Wotruba (1907-1975) qui, rentré dans sa patrie et professeur à l’Académie de Vienne depuis 1945, a transmis à ses élèves les principes d’un art fait de masses savamment assemblées. Une des personnalités marquantes de l’après-guerre est le peintre Fritz Hundertwasser (né en 1928).

P. D. C.

➙ Allemagne [allemand (art)] / Vienne.

 L. Hevesi, Österreichische Kunst im neunzehnten Jahrhundert (Vienne, 1903 ; 2 vol.). / E. Tietze-Conrat, Österreichische Barockplastik (Vienne, 1920). / H. Sedlmayr, Österreichische Barockarchitektur (Vienne, 1930). / L. Réau, Vienne, Schönbrunn et les abbayes d’Autriche (H. Laurens, 1932). / B. Grimschitz, R. Feuchtmüller et W. Mrazek, Barok in Österreich (Vienne, 1960). / G. Schmidt, Neue Malerei in Österreich (Vienne, 1960). / R. Feuchtmüller et W. Mrazek, Biedermeier in Österreich (Vienne, 1963). / K. Sotriffer, Malerei und Plastik in Österreich von Makart bis Wotruba (Vienne, 1963). / E. Baumann, Crossroads of European Art (Salzbourg, 1964). / E. Hempel, Baroque Art and Architecture in Central Europe (Harmondsworth, 1965). / W. Hofmann, la Peinture moderne en Autriche (trad. de l’allemand, Vienne, 1965). / H. Perrin, Nous partons pour l’Autriche (P. U. F., 1973).

Autruche

Le plus grand Oiseau actuellement vivant, dont le poids peut approcher 150 kg.


Comme les autres espèces d’Oiseaux coureurs groupés dans la sous-classe des Ratites, l’Autruche ne peut voler, ne possédant ni des ailes suffisantes, ni un bréchet, ni des sacs aériens.

Les ancêtres de l’Autruche ont-ils toujours été inaptes au vol ou n’ont-ils perdu que peu à peu le pouvoir de voler ? Le problème paraît résolu par la découverte de deux fossiles : le Chœgnatus, du Crétacé, qui possédait des ailes réduites et un bréchet, et une espèce éocène, l’Eleutherornis, dont les os sont intermédiaires entre ceux des Autruches actuelles et ceux des Oiseaux doués du vol. Descendants ou non d’ancêtres volants, les Ratites actuels apparurent il y a quelque 10 millions d’années et sont parmi les plus anciens Oiseaux de la faune moderne.