Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
S

sérielle (musique) (suite)

Les années 1960 ont vu la disparition graduelle du sérialisme, technique extrêmement difficile à laquelle bien peu demeurent attachés aujourd’hui. Parmi les grands musiciens des années 1950, certains ont assoupli, élargi leur langage, d’autres ont traversé ou traversent encore une crise aiguë qui les a réduits au silence partiel ou total. Actuellement, la musique sérielle est entrée dans l’histoire, et sa pratique par certains compositeurs n’est ni plus ni moins anachronique que celle du langage tonal, dont les résurgences se multiplient dans la jeune musique, sans que cela puisse servir de critère qualitatif, dans un sens ou dans l’autre. Il reste que Schönberg et Webern ont présentement cessé d’être « radioactifs » : leur influence sur la jeune musique vivante n’est pas plus grande que celle de Brahms, et moindre que celle de Mahler. Moindre, sans nul doute, que celles de Debussy et de Varèse, les deux grands révolutionnaires non sériels du début du siècle, devenus plus que jamais maîtres à penser d’une musique qui prend le contre-pied du sérialisme intégral avec une violence ressemblant fort au « meurtre du père ». Quelle sera l’indispensable discipline qui succédera à cette phase diastolique ?

H. H.

 T. W. Adorno, Philosophie der neuen Musik (Tübingen, 1949, nouv. éd., Francfort, 1958 ; trad. fr. Philosophie de la nouvelle musique, Gallimard, 1962). / R. Leibowitz, Introduction à la musique de douze sons (l’Arche, 1949). / H. Eimert, Lehrbuch der Zwölftontechnik (Wiesbaden, 1950 ; 3e éd., 1954). / H. Jelinek, Anleitung zur Zwölftonkomposition (Vienne, 1952-1958 ; 2 vol.). / J. Rufer, Die Komposition mit zwölf Tönen (Berlin, 1952). / H. Pfrogner, Die Zwölfordnung der Töne (Zurich 1953). / L. Rognoni, Espressionismo e dodecafonia (Turin, 1954). / H. Eimert et K. Stockhausen (sous la dir. de). Die Reihe : Information über serielle Musik (Vienne, 1958 ; 8 vol. parus). / W. Steinecke et E. Thomas (sous la dir. de), Darmstädtter Beiträge zur neuen Musik (Mayence, 1958 et suiv. ; 13 vol. parus). / R. Vlad, Storia della dodecafonia (Milan, 1958). / R. Malipiero, Guida alla dodecafonia (Milan, 1961). / A. Plèbe, La Dodecafonia (Bari, 1962). / G. Perle, Serial Composition and Atonality (Berkeley, 1963).

sérigraphie

Procédé d’impression à l’aide d’un écran à mailles fines.



Principe

La sérigraphie est dérivée du pochoir. L’écran, ou trame, qui constitue le patron, ou stencil, est un tissu tendu dans un cadre et dont les parties qui ne doivent pas laisser passer l’encre ont été bouchées. Lors de l’impression, les petits carrés d’encre qui passent à travers les mailles non bouchées s’étalent sur le support à imprimer, et le dessin de la trame n’est plus apparent.


Réalisation


Confection des écrans

Comme l’indiquait l’ancienne appellation impression à la trame de soie, le tissu couramment employé depuis l’origine est de la soie très fine et très solide ; il en existe toute une variété différant par le mode de tissage et la dimension des mailles. On se sert aussi de tissu de coton, de Nylon, de fibres polyester ou de tissu métallique en fils de laiton ou d’acier inoxydable. La confection des écrans utilise la plupart des techniques manuelles ou photomécaniques de confection des autres formes d’impression. Tout d’abord, on peut dessiner directement sur l’écran tendu, au crayon lithographique ou au pinceau avec une encre soluble dans de la benzine. Quand l’encre a séché, on étale de la colle forte sur toute sa surface ; puis on dissout à la benzine l’encre du dessin qui part en entraînant la colle qui se trouve dessus. On peut également obstruer tout ce qui ne doit pas imprimer en y collant des découpages : papiers gommés, films spéciaux opaques ou transparents sur lesquels on a tracé les contours de l’image. Bien entendu, il est possible de combiner dessin et découpage. Les techniques photomécaniques utilisent des couches sensibles de gélatine bichromatée déposées sur l’écran ; on y copie dans un châssis-presse un positif ou un dessin, puis on développe à l’eau tiède ; la gélatine qui a été tannée par la lumière reste sur l’écran et y adhère fortement. On peut copier des positifs à grosse trame pour obtenir des images modelées et faire des copies multiples. Il existe des pellicules présensibilisées que l’on insole, découpe et colle sur l’écran.


Impression

On place sur une table le support à imprimer, une feuille de papier par exemple. On pose dessus le cadre, on met sur l’écran une petite quantité d’encre et, avec une raclette en caoutchouc qu’on promène d’un bord à l’autre du cadre, on fait passer l’encre à travers les mailles. La machine à imprimer la plus élémentaire est une simple table où le cadre monté sur charnières peut s’abaisser et se relever. L’ensemble est réglé de façon que l’écran se trouve à 1 ou 2 mm au-dessus du papier, au contact duquel la pression exercée par la raclette l’amènera. La raclette est une simple bande de caoutchouc dans un support en bois avec un manche pour la manœuvre. Des taquets de butée assurent la mise en place précise des feuilles pour le repérage d’impressions en couleurs. La cadence d’impression est de l’ordre de 200 feuilles à l’heure. Avec une table pneumatique où le papier reste maintenu en place par succion, la vitesse est plus élevée.

Les machines semi-automatiques possèdent des systèmes d’encrage et de raclage. Sur les machines automatiques, le soulèvement du cadre, le mouvement de la raclette, la mise eu place et l’enlèvement des feuilles sont complètement mécanisés ; on a ainsi de véritables machines à imprimer, dont certaines sont de grand format et dont la vitesse d’impression peut atteindre 3 000 feuilles à l’heure.


Encres

La gamme des encres pour sérigraphie est extrêmement étendue. N’importe quel produit peut convenir à condition que son pigment soit broyé assez fin et que sa consistance lui permette de passer à travers les mailles ; on l’appelle d’ailleurs indifféremment encre ou peinture. Pour le papier, on utilise des encres à l’eau, des peintures à l’huile, des encres métalliques, des laques (gommes colorées ayant un brillant particulier), des encres fluorescentes, pour lesquelles ce procédé est très indiqué en raison de la forte épaisseur déposée. Les tables simples et certaines machines permettent d’imprimer sur des supports épais de plus d’un centimètre. De nombreuses petites machines ont été conçues pour décorer n’importe quel objet. Outre papiers, cartons, tissus, plastiques, on peut imprimer métal, bois, verre, céramique, etc. À chacun de ces supports sont adaptées des encres spéciales, depuis les teintures pour les tissus jusqu’aux encres céramiques pour les faïences et les encres-réserves pour gravure du verre.

Après impression, il est nécessaire de sécher les épreuves. Le mode de séchage le plus simple consiste à suspendre les feuilles ou à mettre les objets sur des claies ; le procédé le plus rapide est de les faire passer devant des sécheurs à soufflerie d’air ou à rayonnement infrarouge.