Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
R

Rossellini (Roberto)

Metteur en scène de cinéma italien (Rome 1906).


Rossellini débute au cinéma comme décorateur et monteur. Entré à l’Institut Luce, il réalise plusieurs courts métrages dont Prélude à l’après-midi d’un faune (1937) et Fantaisie sous-marine (1939). À la même époque, il collabore au scénario de Luciano Serra, pilote (1938), de G. Alessandrini. Le commandant Francesco De Robertis, directeur du Service cinématographique du ministère de la Marine, lui confie en 1941 la réalisation du Navire blanc (La Nave bianca). Dans le même esprit du semi-documentaire, Rossellini signe en 1942 Un pilote revient (Un pilota ritorna), et en 1943 l’Homme à la croix (L’Uomo della croce), œuvres qui participent toutes de l’effort de guerre mussolinien.

Les qualités éparses de ces premiers essais, on les retrouve avec infiniment plus de force, de métier, de persuasion dans le film qui marquera aux yeux du monde entier la naissance du néo-réalisme : Rome, ville ouverte (Roma, città aperta, 1945). Ce film, réalisé dans les pires conditions techniques, remporte un grand succès, à l’étranger surtout, et permet à la veine néo-réaliste (déjà décelable dans Ossessione [1942] de L. Visconti) de s’épanouir. Lyrique et tragique, le film, qui décrit l’agonie d’un amour dans Rome à la fin de l’occupation allemande, ouvre la voie à un cinéma uniquement préoccupé de vérité et de réalité sociales. Paisà, réalisé l’année suivante, est un film divisé en sketches mettant chacun en scène un épisode de la vie italienne à l’arrivée des Américains. Rossellini y apparaît comme un humaniste lucide, à la curiosité insatiable, qui abandonne cependant bientôt le constat d’une époque troublée pour s’attacher au double problème de la femme et du couple.

Amore (1947) marque la rupture : le cinéaste y adapte, dans la première partie, le monologue de J. Cocteau la Voix humaine, où Anna Magnani exprime le désespoir d’une femme abandonnée et choisit une anecdote d’inspiration christique pour le Miracle, le second volet du film, où A. Magnani a pour partenaire F. Fellini.

Rossellini tourne ensuite en Italie la Machine à tuer les méchants (La Machina ammazzacattivi, 1948, mais sorti en 1952), une fantaisie satirique, et en Allemagne Allemagne année zéro (Germania anno zero, 1948) dans lequel il décrit, à la fois avec tendresse et froideur, la mort d’un foyer et le suicide d’un enfant. De retour en son pays, il signe Onze Fioretti de saint François d’Assise (Francesco, giullare di Dio, 1950), qui marque une brusque orientation spiritualiste.

Sa rencontre à Hollywood avec l’actrice Ingrid Bergman, qu’il épouse, est déterminante dans la direction de sa carrière : les films qu’il réalise pour la comédienne lui aliènent le public qui l’acclamait au temps du néo-réalisme. Stromboli (1950), premier de cette série de portraits féminins, illustre l’idée d’un Dieu créateur, qui sera absent d’Europe 51 (1952), dont le ton stendhalien trahit le désarroi profond du metteur en scène. Voyage en Italie (Viaggio in Italia, 1953) marque le point culminant de la crise intérieure traversée par Rossellini. Ce film, qui influencera considérablement la Nouvelle Vague, montre une Italie renaissante et ensoleillée sur laquelle plane, selon le vœu même du réalisateur, « le sentiment de la vie éternelle », et de la liberté, qu’illustrait déjà, sur le ton de la comédie épique, Où est la liberté ? (Dov’è la libertà ?, avec Toto).

Après la Peur (Angst, 1955, d’après S. Zweig), mélodrame tourné en Allemagne, Rossellini part pour l’Inde, d’où il ramène un journal de voyage, India 58. Le Général Della Rovere (1959, Lion d’or au festival de Venise) lui permet de renouer avec le succès, que ne rencontre pas son film suivant, également consacré à la guerre et à la résistance, les Évadés de la nuit (Era notte a Roma, 1960). Après Viva l’Italia ! (1960), qui se situe à l’époque garibaldienne, Rossellini adapte Stendhal dans Vanina Vanini (1961), qui passe plus ou moins inaperçu. Anima nera (1962), amère comédie de mœurs, connaît le même sort. Mais, lorsque Rossellini tourne pour la télévision française la Prise de pouvoir par Louis XIV (1966), on s’aperçoit qu’il est toujours le premier des grands cinéastes didactiques, ce que rappelait déjà l’Age du fer (L’Eta del ferro, 1964), tourné en trois épisodes pour la télévision italienne.

Aujourd’hui, le metteur en scène tourne presque exclusivement pour la RAI. Fidèle aux budgets modestes, toujours rigoureux, il réalise notamment les Actes des Apôtres (1967), Socrate (1970) et Blaise Pascal (1972), poursuivant ainsi sa quête de vérité. En 1974 il tourne Anno Uno, un film sur la démocratie chrétienne et Alcide De Gasperi et, en 1975, il signe le Messie. Son cheminement l’a conduit de l’enquête documentaire à l’expression des motivations dramatiques (c’est la période Ingrid Bergman) avant de le ramener au constat des choses telles qu’elles sont, ou qu’elles furent. Inventeur d’une technique fluide (un certain emploi du « zoom », ou travelling optique) permettant d’unir en un même mouvement l’homme et le décor dans lequel il évolue, Rossellini a fait du cinéma un moyen de connaissance (historique, mais aussi morale) dont humilité et honnêteté demeurent les composantes principales.

M. G.

 M. Mida, Roberto Rossellini (Parme, 1953 ; 2e éd., 1961). / P. G. Hovald, le Néoréalisme italien et ses créateurs (Éd. du Cerf, 1959). / M. Verdone, Roberto Rossellini (Seghers, 1963). / J. L. Guarner, Roberto Rossellini (Londres, 1970).

Rossini (Gioacchino)

Compositeur italien (Pesaro 1792 - Passy 1868).


À la suite de son prodigieux essor au xviiie s., la musique italienne a connu une crise grave due à la pénurie de compositeurs capables de perpétuer sa splendeur classique, ou de la faire évoluer, à la dégradation du goût de son médiocre public et enfin à son retard à assimiler les idées romantiques en dépit des pressions révolutionnaires qui les véhiculaient.