Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
A

arme (suite)

La guerre de 1914-1918 révèle enfin un nouveau chapitre, celui de la « guerre chimique ». Les moyens qu’elle emploie alors, les gaz* asphyxiants, dus à la technique allemande, interviennent de façon si inhumaine dans la bataille que les belligérants de 1939-1945, pourtant peu soucieux de la qualité des coups portés à l’adversaire, ne les ont finalement pas employés de nouveau...


La Seconde Guerre mondiale

Vingt ans seulement séparent ce deuxième conflit de la grande guerre de 1914-1918. Aussi, les armées de 1939 sont-elles équipées d’armes très comparables à celles de 1918.

C’est d’un perfectionnement technique des deux « nouveautés » de cette époque, le blindé et l’avion, et de leur emploi systématiquement combiné que Hitler attend la victoire, et ce sont effectivement les blindés et l’aviation qui deviendront, dans les deux camps, les grands arbitres de ce conflit. Celui-ci est caractérisé par un accroissement des performances de l’ensemble des armes dites aujourd’hui « classiques ». Ces progrès s’appliquent essentiellement à la motorisation, qui, généralisée, multipliera la mobilité des armées, et à la radio, qui offrira au commandement la possibilité, dont a toujours rêvé le chef de guerre, de « savoir » assez vite pour devancer ou parer les décisions de l’adversaire. Cette évolution s’accompagne d’une standardisation des armes, conséquence de productions en série exigées d’industries de guerre surchargées.

Toutefois, un certain nombre d’armes nouvelles sont mises au point au cours du conflit :
— le radar*, première application de l’électronique, joue un rôle capital dans la bataille aérienne d’Angleterre de 1940 ;
— l’aérotransport avec parachutage d’hommes et de matériels passe, en 1941 (Crète), du stade expérimental au stade opérationnel (v. aéroporté) ;
— avec les roquettes antichars et les roquettes d’avions réapparaît la vieille invention des projectiles autopropulsés*, grâce à l’amélioration des poudres propulsives et à l’emploi de mélange de combustibles liquides ; leur premier guidage, encore très rudimentaire dans le V2 allemand de 1945, annonce le missile* ;
— les premiers avions équipés de moteurs à réaction sont mis au point et engagés par les Allemands, à la fin de 1944 (v. aviation) ;
— les charges creuses sont adaptées comme munitions antichars à des roquettes ou même à des projectiles d’artillerie.


Le bouleversement nucléaire

Tout cet édifice est bouleversé de fond en comble par l’explosion, le 6 août 1945, de la première bombe atomique américaine sur Hiroshima.

Réalité et moralité de la guerre, finalité du combat, mobilisations humaines et industrielles, relations internationales et stratégies, tout est remis en question par le fait nucléaire, qui marque une véritable discontinuité dans l’évolution séculaire des armes. Ce bouleversement est encore accentué dans ce singulier après-guerre par la mise au point d’armes chimiques et biologiques, dont l’évocation du pouvoir destructeur laisse loin en arrière les terribles souvenirs des gaz de 1915-1918.

Vingt-cinq ans après la fin de la Seconde Guerre mondiale, le concept d’armes a donc subi une mutation profonde. L’arme moderne peut être soit le prolongement de ses devancières (dites « classiques »), soit la combinaison d’une charge nucléaire, d’un propulseur et d’un système de guidage électronique (d’où résultent les missiles stratégiques et tactiques). Elle se présente donc comme un assemblage d’éléments technologiques de plus en plus diversifiés, dont l’élaboration est entièrement tributaire de la recherche scientifique et technique.

J. de L.

➙ Armement / Artillerie / Aviation / Blindé / Bombe nucléaire / Cavalerie / Gaz (guerre des) / Marine / Missile / Nucléaire (énergie) / Transmissions.


Les conditions de fabrication et de vente, d’acquisition, de détention, de port, de transport et d’usage

En matière juridique sont considérés comme armes toutes machines, tous instruments ou ustensiles tranchants, perçants ou contondants ; les cannes simples, les couteaux et les ciseaux de poche sont réputés armes s’il en a été fait usage pour tuer, blesser ou frapper. (À cette énumération lapidaire du Code pénal, la jurisprudence a ajouté : bâtons ferrés, coups-de-poing américains et pierres.)

On comprend qu’un État réglemente la fabrication, la détention, le port et le commerce des armes s’il veut assurer la sécurité des citoyens, priver de moyens d’action les factieux et éviter les complications internationales. Ainsi trouve-t-on des textes à Athènes et à Rome contre les porteurs d’armes à l’intérieur des villes, seul étant admis le transport au cas de voyage. Chez les Francs et les Germains, c’était une peine d’être privé du droit de rester armé en tout temps, mais Charlemagne interdisait l’exportation des armes. L’apparition des armes à feu portatives au xvie s. amena de sévères prohibitions et, peu à peu, les nobles se virent même retirer le droit de porter l’épée à la ville, tandis qu’il était prescrit aux chirurgiens de dénoncer à la police les blessés par armes qu’ils auraient pansés (ordonnances de 1666 et 1720). Quant à la fabrication du matériel de guerre, déjà étroitement surveillée, elle fut nationalisée par une loi du 11 août 1936.


La fabrication et le commerce

En France, la fabrication et le commerce des armes sont réglementés. L’ouverture d’usine est soumise à déclaration et même à autorisation, ainsi que, pour les quatre premières catégories, à un contrôle permanent.

L’importation est interdite, sauf pour les armes de tir et les armes historiques ; l’exportation est soumise à agrément. Les brocanteurs ne peuvent se livrer à la vente des armes et des munitions des catégories 1, 2, 3, 4 et 6. Quant aux fabricants et commerçants d’armes, ils doivent exiger avant toute opération la présentation d’une pièce d’identité et la remise de l’autorisation légale ; ils en font mention sur un registre contrôlé deux fois par an.

La fabrication, la détention, le transport et le commerce des poudres, de la dynamite et des explosifs connaissent également une étroite réglementation.