Paestum

Paestum, le temple de Poséidon
Paestum, le temple de Poséidon

Fraction de la commune de Capaccio, en Italie (province de Salerne), sur la côte Tyrrhénienne, à une centaine de kilomètres au S. de Naples.

L'HISTOIRE DE PAESTUM

La Poseidônia grecque fut fondée par des colons de Sybaris. Ceux-ci s'établirent vers le milieu du viie s. avant J.-C. à l'embouchure du Silaris (l'actuel Sele), là où s'élève le sanctuaire d'Héra, puis ils choisirent un site mieux défendu, sur un petit plateau calcaire à quelques kilomètres. Entre le milieu du viie s. avant J.-C. et le milieu du ve s. avant J.-C., la cité connut une prospérité remarquable. Puis, peu avant 400, elle tomba aux mains des Lucaniens, barbares déjà fortement hellénisés. En 273 avant J.-C., elle fut conquise par Rome, et devint, sous le nom de « Paestum », une colonie de droit latin. La ville prospéra jusqu'au ier s. de notre ère, puis déclina peu à peu. Dépeuplée par la malaria, elle fut détruite par les Sarrasins vers 877.

Mais, plus qu'à ces vicissitudes, Paestum, dont les roses furent chantées par Virgile et Horace, doit sa célébrité actuelle aux temples élevés par les colons grecs. De plus, elle montre admirablement comment s'est faite l'hellénisation des populations italiennes.

LE SITE ARCHÉOLOGIQUE

Poseidônia offre un des ensembles architecturaux les plus imposants et les mieux conservés de Grande-Grèce et même du monde grec. Si le sanctuaire d'Héra Argiva, découvert au bord du Silaris en 1934, est très ruiné, on a dégagé tout le décor d'un de ses édifices, le trésor, construit peu après 550. Les métopes, exposées au musée de Paestum, narrent dans un style très expressif des légendes populaires dont beaucoup sont prises à la geste d'Héraclès ou à l'Iliade.

Plus importants encore sont les trois temples qui se dressent sur le site même de Paestum : ils permettent de retracer l'histoire de l'architecture dorique en Occident. Le plus ancien, que l'on appelle communément la « Basilique » bien que ce soit un temple d'Héra, a été élevé vers 550. Il donne une impression d'archaïsme qui s'explique moins par sa date que par la survie de certains traits, abandonnés alors en Grèce propre. La cella, entourée d'un véritable mur de colonnes (9 sur les petits côtés, 18 sur les longs, au lieu des 6-13 canoniques), est encore divisée en deux nefs par une colonnade médiane, ce qui permet de mieux asseoir la toiture, mais nuit considérablement au logement de la statue de culte. Un discret décor floral vient animer la sévérité de l'ensemble.

Le temple d'Athéna, dit à tort « de Cérès », est plus récent d'environ un demi-siècle. Il marque l'aboutissement des recherches faites par les architectes de Grande-Grèce. La cella, dont la façade est mise en valeur par un vestibule très profond, précédé d'une colonnade ionique, est parfaitement dégagée pour recevoir la déesse.

Au milieu du ve s., on décida de construire un second temple à Héra. Celui-ci, appelé communément temple de Poséidon, se dresse à côté du premier et marque, par opposition au temple d'Athéna, un retour de l'influence grecque. L'architecte s'est en effet étroitement inspiré du temple de Zeus à Olympie ; c'est ainsi qu'il élève dans la cella une colonnade à deux étages, encore bien conservée.

Ces sanctuaires sont parmi les plus beaux et les mieux conservés de Grande Grèce. On a retrouvé le forum de la colonie romaine, les rues, plusieurs maisons et un temple (dit « temple de la Paix ») qui était probablement le Capitole.

Mais les vestiges les plus extraordinaires de Paestum sont peut-être ceux de la nécropole. La tombe du plongeur, décorée vers 480-470 avant J.-C., contient les seules grandes peintures grecques de cette époque qui nous soient parvenues : une scène érotique dans un banquet, et la scène de plongée qui lui a donné son nom. Des tombes lucaniennes du ive s. avant J.-C. montrent des guerriers et des danses.