Pline l'Ancien

en latin Caius Plinius Secundus

Naturaliste et écrivain latin (Côme 23 après J.-C.-Stabies 79).

Pline l'Ancien est l'auteur de la première grande encyclopédie scientifique connue. Cet ouvrage, qui constitue une source de renseignements infiniment précieuse sur les connaissances des Anciens, restera jusqu'au xve siècle l'essentiel du savoir de l'Occident chrétien tant en matière de zoologie et de botanique qu'en médecine et qu'en minéralogie.

L'épisode le plus célèbre de la vie de Pline est celui de sa fin tragique, que son neveu, Pline le Jeune, a relatée dans une lettre écrite à Tacite peu après l'événement. Commandant de la flotte stationnée à Misène (Campanie) lorsque se produit l'éruption du Vésuve, le 24 août 79, Pline veut observer de près le phénomène et se fait conduire à Stabies, sur la rive sud-est de la baie de Naples. C'est là qu'il expire, le 25 août, asphyxié par les gaz qui s'échappent du volcan. Le surlendemain, on retrouvera son corps intact.

Né sur les bords du lac de Côme, Pline appartient à une riche famille provinciale. Il fait, comme officier puis comme procurateur (haut fonctionnaire de l'administration impériale), une brillante carrière qui l'amène dans différentes parties de l'Empire romain – Germanie, Gaule, Espagne, Syrie, Jérusalem, notamment. Sa curiosité est toujours en éveil et il travaille énormément : il se lève dès le milieu de la nuit pour lire, écrire ou dicter, et continue ainsi jusqu'au soir sans interruption, même pendant ses repas et ses déplacements, accomplis en litière. Il composera quelque 160 volumes, parmi lesquels les 31 livres de son Histoire contemporaine et les 37 livres de son Histoire naturelle qui, seule, nous est parvenue. Cet ouvrage, daté de l'an 77 et dédié à Titus, fils de Vespasien, est une compilation de près de cinq cents auteurs différents. Pline y traite aussi bien de cosmographie, de physique, de météorologie, d'histoire ou d'ethnographie que de zoologie, de botanique, d'agriculture, de médecine ou de minéralogie.

Les livres VIII à XI, qui sont consacrés aux animaux proprement dits, passent en revue successivement les animaux terrestres, les « poissons » – c'est-à-dire les animaux marins et les poissons de rivière –, les oiseaux et les insectes. Pline a beaucoup emprunté à Aristote, mais il a aussi enrichi le bestiaire de celui-ci en ajoutant quelque quarante mammifères, une quinzaine de reptiles et d'amphibiens, une vingtaine de poissons et une trentaine d'insectes. Dans de rares cas, lorsqu'il traite de la faune périarctique et de la faune alpine par exemple, il a imprimé sa marque personnelle, ayant véritablement observé les animaux dont il parle. Cependant, sa compilation est généralement sans critiques et sans effort d'analyse. Il ne cherche pas, comme Aristote, à savoir la raison des choses. Il n'a pour but, comme il le dit, que « de décrire des phénomènes évidents, non d'en détecter les causes obscures ». Ses textes abondent en erreurs et en fables saugrenues. Ainsi, il n'hésite pas à prêter des sentiments religieux aux éléphants, à vanter la « clémence » du lion ou la « subtilité » du crocodile. Il croit, « de source sûre », que la moelle épinière de l'homme peut donner naissance à un serpent ou que la canine droite du loup portée en amulette a des vertus magiques. À côté de ce penchant plus ou moins avoué pour le merveilleux, il nous apporte quand même une grande quantité d'informations capitales sur l'état des connaissances et aussi sur la vie quotidienne de son époque. Dans le domaine de la zoologie comme dans d'autres, il a, en effet, des préoccupations utilitaires évidentes. Quand il parle des oies, il ne manque pas de donner une recette de foie gras et d'évoquer le revenu fourni par les plumes des oies blanches. Il nous renseigne aussi bien sur les parcs à huîtres et les escargotières que sur le prix « extravagant » atteint par certains poissons à Rome, et plusieurs de ses livres sont consacrés aux « remèdes tirés des animaux ».