Roy Orbison

Compositeur et chanteur de rock, de pop et de rockabilly (Vernon, Texas, 1936-Hendersonville, Tennessee, 1988).

La pureté et la mélancolie du rock. Découvert très tôt par le manager de Buddy Holly, il enregistre ses premiers 45 tours de country et de blues. En 1956, il signe sur le label rockabilly de Memphis, Sun. Mal à l'aise dans ce créneau musical, Roy déménage à Nashville, travaille avec Chet Atkins et se recentre sur ce qui deviendra sa marque de fabrique : la pop. L'année 1960 marque le début de son succès. Il signe avec le producteur Fred Foster et le label Monument. Durant les quatre années suivantes, son âge d'or, il compose une multitude de hits (Blue Angel I'm Hurting Running Scared Crying …) et devient, du même coup, une légende. Un succès qui atteint la Grande-Bretagne, où les Beatles lui offrent leur première partie en 1963 lors d'une tournée anglaise. Sa musique, mâtinée de blues, de country et de rock, reflète les états d'âme sombres et torturés d'une personne écartelée entre la confusion romantique et la souffrance.

L'homme blessé. Sa mèche d'ébène gominée, ses lunettes de soleil et ses cuirs noirs contrebalancent sa timidité maladive et son hypersensibilité d'homme blessé. Plutôt vilain de sa personne, il est l'antithèse d'Elvis Presley (qui le considérait pourtant comme son seul rival sérieux), de Jerry Lee Lewis ou de Little Richard. Des mélodies enivrantes, un registre très diversifié et, surtout, « une » voix, cette voix qui semble planer, alimentent des ballades poignantes, trop étroitement liées à un vécu douloureux pour être copiables. Juste après sa signature avec le label MGM et son rôle dans le film The Fastest Guitar Alive, sa femme se tue en moto. En 1968, deux de ses trois enfants périssent dans l'incendie de sa maison. Meurtri à vie, il décide néanmoins de se remarier un an plus tard et de survivre en composant. Miné affectivement, il se reconstruit en tournant abondamment. Pourtant sa popularité baisse et on l'oublie, sauf en Angleterre où il continue d'être adulé (The Very Best Of Roy Orbison, disque d'or en 1976).

Rattrapé par le destin. C'est grâce aux autres — notamment une récompense pour un duo avec Emmylou Harris ou la reprise de son hit Pretty Woman par Van Halen en 1982, et utilisé pour le film du même nom quelques années plus tard — qu'il revient sur le devant de la scène. En 1986, sur la lancée, il est introduit au Rock'n'Roll Hall Of Fame par Bruce Springsteen et collabore au premier album des Traveling Wilburys (avec Bob Dylan, Tom Petty, George Harrison …). Sa carrière relancée, il signe Mystery Girl, un album acclamé par la critique et le public et qui réalise son meilleur classement dans les charts, mais à titre posthume. Il succombe d'un arrêt cardiaque juste après la sortie de l'album. « The Big O », comme le surnommaient ses fans, dont les chansons furent reprises par Jerry Lee Lewis, Buddy Holly ou les Everly Brothers, a été une influence majeure pour la musique, et particulièrement pour Bruce Springsteen, Del Shannon, Elvis Costello, Chris Isaak, K. D. Lang (duo en 1987) et même pour le cinéaste David Lynch, qui a utilisé le thème In Dreams dans son film Blue Velvet (1986).