Nikolaus Günther Nakszynski, dit Klaus Kinski

Acteur allemand (Zoppot, Pologne, 1926-Lagunitas, Californie, 1991).

Mythomane halluciné et flamboyant, voué aux rôles de sadiques et de possédés, capable du pire comme du meilleur, Klaus Kinski a navigué de westerns spaghetti en films underground, en clamant bien haut son refus de faire carrière.

Né près de Danzig, Nikolaus Günther Nakszynski arrive très jeune à Berlin avec ses parents et connaît une enfance misérable. Exerçant mille petits métiers après son renvoi de l'école, il est mobilisé dans la Wehrmarcht, déserte, puis est capturé par les Anglais. Il passe alors plus d'un an dans un camp de prisonniers, où il s'initie au théâtre. Revenu à Berlin, il devient, sous le nom de Klaus Kinski qu'il choisit à cette occasion, l'un des acteurs les plus fêtés de sa génération, jouant Shakespeare comme Ibsen, et donnant de nombreux récitals de poésie, où il célèbre Rimbaud et Villon, ses auteurs préférés.

Obsédé par la transgression, toujours aux limites de la marginalité, il aborde le cinéma en dilettante dans les années 1950, avec un premier rôle important dans Des enfants, des mères et un général (1955), de László Benedek, où il campe un officier nazi. Durant la décennie suivante, il tourne surtout dans des westerns, qu'il marque de sa forte présence et de son jeu volontiers emphatique. On le voit dans un chef-d'œuvre de Sergio Leone, Et pour quelques dollars de plus (1965), et dans le Grand Silence (1968), de Sergio Corbucci. Il renoue avec le genre quelques années plus tard, en 1975, avec Un génie, deux associés, une cloche, de Damiano Damiani.

Entre-temps, il a beaucoup tourné, enchaînant comme à son habitude « navets », films érotiques et quelques réalisations marquantes : il est ainsi inoubliable dans le baroque Aguirre, la colère de Dieu (1972), de son compatriote Werner Herzog, où il incarne un conquistador égaré dans un rêve impossible, étonnamment humain dans L'important, c'est d'aimer (1975), d'Andrzej Zulawski, et presque sobre dans la Femme enfant (1980), de Raphaëlle Billetdoux. Infatigable cabotin, il multiplie les apparitions, avec un éclectisme impressionnant, passant du film coquin (Madame Claude, 1976, de Just Jaeckin) au film policier (Mort d'un pourri, 1977, de Georges Lautner), avant de retrouver Werner Herzog, qui lui offre quelques-uns de ses meilleurs rôles : Nosferatu, fantôme de la nuit et Woyzeck (tous deux en 1978), suivis de Fitzcarraldo (1982) et Cobra Verde (1987). Kinski, qui a joué dans près de cent cinquante films, a réalisé en 1990 Paganini, où il fait preuve de son outrance coutumière.