Edmond Rostand

Edmond Rostand
Edmond Rostand

Écrivain français (Marseille 1868-Paris 1918). [Académie française, 1901.]

Edmond Rostand naît le 1er avril 1868 dans une famille bourgeoise et cultivée. Son père économiste et poète lui transmet sa passion pour la littérature. Après de bonnes études secondaires, Edmond Rostand poursuit des études de droit, mais sa vocation est littéraire et il ne sera jamais avocat.

Le poète des débuts

Il épouse la poétesse Rosemonde Gérard avec qui il aura deux enfants, Maurice et Jean. En 1890, il publie à compte d'auteur Les Musardises, poèmes subtils et inventifs dont l’expression annonce le génie créatif d’Edmond Rostand (→ poésie). Comparé à Alfred de Musset et à Victor Hugo, références majeures de la littérature du xixe siècle, Rostand a déjà un style, et un style qui plaît : « Ce jeune homme se faisait remarquer par la virtuosité, par la possession déjà complète de son instrument, par le don, si rare, assez dangereux aussi, que Victor Hugo possédait également, dès la vingtième année, de mettre en vers et en vers agréables, absolument tout ce qu’il voulait ».

L'homme de théâtre

Mais pour réussir en cette fin de xixe siècle, le théâtre est préférable à la poésie. On parle même à Paris d’une épidémie de « théâtrite » ! Dans la capitale, parmi des dizaines de théâtres, la Comédie-Française reste fidèle à son répertoire classique et moderne, tandis que le Théâtre de la Porte-Saint-Martin, où sera créé Cyrano, s’est spécialisé dans les grands drames populaires. « Machine à gloire » (Géraldi Leroy, La Vie littéraire à la Belle Époque), le théâtre répond aux ambitions de Rostand. C’est pourquoi en 1894, le jeune auteur crée à la Comédie-Française Les Romanesques, une comédie en trois actes qui donne déjà la mesure de son talent dramatique : « Dès les Romanesques, Rostand se montra homme de théâtre. Il avait l’instinct d’une fable ingénieuse, curieuse, originale, à amuser l’imagination. Il avait le don du mouvement, de l’action vive sans être précipitée, ne s’arrêtant jamais et se renouvelant par elle-même ».

Dans les années qui suivent, La Princesse lointaine (1895), histoire d’un poète fou d’amour pour une princesse qu’il n’a jamais vue, et La Samaritaine (1897), œuvre d’inspiration biblique, ne reçoivent qu’un succès d’estime mais témoignent d’un flair exceptionnel : Rostand a compris que, pour l’emporter sur la scène parisienne, il faut avoir des têtes d’affiche capables de faire se déplacer les foules. Sarah Bernhard, la comédienne la plus glorieuse de l’époque, lui fait déjà confiance. En 1898, « le grand Coquelin », acteur réputé, s’engage à son tour à ses côtés et endosse le rôle titre de Cyrano de Bergerac. C’est un triomphe sans précédent : le 28 décembre 1897 au Théâtre de la Porte-Saint-Martin, le jour de la générale, vingt minutes d’applaudissements déchaînés suivent la tombée du rideau. Dans les coulisses, un ministre s’approche de Rostand, décroche sa Légion d’honneur pour la lui agrafer, en disant : « Permettez-moi de prendre un peu d’avance. » (il recevra en effet la Légion d'honneur la même année). La pièce connaîtra un destin hors pair et fera de Rostand une gloire nationale à 30 ans.

On doit également compter avec l’actualité de l’époque, notamment avec l’affaire Dreyfus, scandale politique du nom de cet officier juif injustement accusé de haute trahison à la suite d’une sordide machination. Ce terrible épisode de l’histoire de France coupa le pays en deux, mettant face à face dreyfusards (dont Rostand) et antidreyfusards. Il déchira la nation sur la question de l’identité française et du patriotisme. Cyrano, héros très « gaulois » et symbole du tempérament français, fait entendre la voix de Rostand dans cette bagarre nationale.

En 1900, L’Aiglon, drame avec Sarah Bernhard dans le rôle-titre, remporte un vif succès. Rostand est admis à l’Académie française en 1901. Il est considéré comme le plus grand dramaturge français de l’époque.

Atteint de maladie et de dépression, Edmond Rostand s'isole volontairement dans sa somptueuse villa du pays basque à Cambo-les-Bains où il poursuit son œuvre. Il crée Chantecler en 1910, une pièce dont le héros est un coq gaulois. Puis, il rédige La Dernière Nuit de Don Juan qui ne sera joué qu'en 1922. Ces pièces connaissent un accueil mitigé. Mais en 1913, la reprise de Cyrano de Bergerac est encore une fois un triomphe.

La guerre éclate en 1914. Malade, Rostand n'est pas mobilisé. Il rédige Le Vol de la Marseillaise, des poèmes de guerre publiés en 1919. Il décède à 50 ans à la suite d’une épidémie de grippe espagnole, le 2 décembre 1918.

Edmond Rostand
Edmond Rostand
Edmond Rostand
Edmond Rostand
Edmond Rostand à l'Académie française
Edmond Rostand à l'Académie française
Edmond Rostand, Chantecler
Edmond Rostand, Chantecler
Edmond Rostand, Cyrano de Bergerac
Edmond Rostand, Cyrano de Bergerac
Edmond Rostand et Constant Coquelin
Edmond Rostand et Constant Coquelin
Edmond Rostand, la Dernière Nuit de Don Juan
Edmond Rostand, la Dernière Nuit de Don Juan
Edmond Rostand, l'Aiglon
Edmond Rostand, l'Aiglon
Sarah Bernhardt
Sarah Bernhardt
Sarah Bernhardt dans l'Aiglon, d'Edmond Rostand
Sarah Bernhardt dans l'Aiglon, d'Edmond Rostand
  • 1897 Cyrano de Bergerac, comédie héroïque de E. Rostand.