Guyana

anciennement Guyane britannique

Nom officiel : République coopérative de Guyana

Carton de situation - Guyana
Drapeau du Guyana
Drapeau du Guyana

État d'Amérique du Sud baigné au nord par l'océan Atlantique, le Guyana est limité au sud par le Brésil, à l'est par le Suriname et à l'ouest par le Venezuela.
Le Guyana est membre du Commonwealth.

  • Superficie : 215 000 km2
  • Nombre d'habitants : 804 567 (2021)
  • Nom des habitants : Guyaniens
  • Capitale : Georgetown
  • Langue : anglais
  • Monnaie : dollar du Guyana
  • Chef de l'État : Irfaan Ali
  • Chef du gouvernement : Mark Phillips
  • Nature de l'État : république à régime parlementaire
  • Constitution :
    • Entrée en vigueur : 6 octobre 1980
Pour en savoir plus : institutions du Guyana

STATISTIQUES : DÉMOGRAPHIE

  • Population : 804 567 hab. (2021)
  • Densité : 3 hab./km2
  • Part de la population urbaine (2022) : 27 %
  • Structure de la population par âge (2022) :
    ● moins de 15 ans : 29 %
    ● 15-65 ans : 65 %
    ● plus de 65 ans : 6 %
  • Taux de natalité (2022) : 20 ‰
  • Taux de mortalité (2022) : 10 ‰
  • Taux de mortalité infantile (2022) : 23 ‰
  • Espérance de vie (2022) :
    ● hommes : 62 ans
    ● femmes : 69 ans

Le Guyana, grand comme la moitié de la France, est presque vide et sa densité de population est une des plus faibles de toute l'Amérique latine. La population est composée pour moitié de descendants d'immigrants venus de l'Inde, de près d'un tiers de descendants d'esclaves venus d'Afrique, et de minorités de métis et d'Amérindiens. Elle est concentrée pour un quart à Georgetown et pour plus des trois quarts sur le littoral. Moins du tiers des habitants a moins de 15 ans.

STATISTIQUES : ÉCONOMIE

  • GÉNÉRALITÉS
  • PNB (2021) : 8 milliards de dollars
  • PNB/hab. (2021) : 9 410 dollars
  • PNB/hab. PPA (2021) : 22 920 dollars internationaux
  • IDH (2021) : 0,714
  • Taux de croissance annuelle du PIB (2021) : 20,1 %
  • Taux annuel d'inflation (2021) : 5,0 %
  • Structure de la population active (2020) :
    ● agriculture : 16,8 %
    ● mines et industries : 22,9 %
    ● services : 60,3 %
  • Structure du PIB (2021) :
    ● agriculture : 13,5 %
    ● mines et industries : 50,4 %
    ● services : 36,1 %
  • Taux de chômage (2021) : 16,4 %
  • Tourisme
  • Recettes touristiques (2018) : 28 millions de dollars
  • Commerce extérieur
  • Exportations de biens (2021) : 4 356 millions de dollars
  • Importations de biens (2021) : 3 701 millions de dollars
  • Défense
  • Forces armées (2019) : 3 000 individus
  • Dépenses militaires (2021) : 1,0 % du PIB
  • Niveau de vie
  • Incidence de la tuberculose pour 100 000 personnes (2021) : 83
  • Part en % des richesses détenues par les 10 % les plus élevés (2021) : 61,5 %
  • Part en % des richesses détenues par les 50 % les moins élevés (2021) : 4,3 %
  • Dépenses publiques d'éducation : n.d.

Forestier pour les trois quarts de sa superficie (la Norvège investit financièrement dans la préservation de la forêt), le Guyana compte seulement 2,2 % de sa superficie en terres cultivables. Ses ressources viennent surtout de ses exportations : sucre et riz, pêche (crevettes), bois, or et bauxite, le secteur minier attirant les investissements étrangers, particulièrement depuis la découverte de pétrole dont la production, a fait bondir le taux de croissance estimé à plus de 50 % en 2022 (7 % pour le secteur non pétrolier).

GÉOGRAPHIE

1. Le milieu naturel

Le Guyana s'étend sur une partie de la région naturelle des Guyanes, entre 1°30′ et 8°25′ de latitude nord. Elle est formée d'une plaine côtière longue de 450 km et large de quelques kilomètres à 50 km, et d'une partie de la pénéplaine des Guyanes. Cette surface très vallonnée est formée d'un complexe de roches anciennes et recouverte en arrière de la plaine côtière de vastes épandages de sables blancs stériles. Elle s'élève vers le sud jusqu'à des massifs de reliefs tabulaires et vers l'ouest jusqu'aux murailles des hautes falaises de grès culminant au mont Roraima. Le climat est de type équatorial, très pluvieux (plus de 2 m d'eau par an, sauf dans le Sud, abrité et sec) ; il n'y a qu'une courte saison sèche de septembre à novembre. Le réseau hydrographique est donc très dense et les fleuves très puissants. À partir de leurs estuaires, ils sont navigables sur plus d'une centaine de kilomètres avant d'être coupés par des rapides. La forêt dense recouvre 75 % du pays ; dans le Sud et dans les secteurs les plus infertiles de la région des sables blancs, elle cède la place à des savanes. Les alluvions littorales sont colonisées par une vigoureuse mangrove.

2. La complexité du peuplement

En raison de l'insalubrité, il a fallu attendre la Seconde Guerre mondiale et les succès contre les maladies tropicales pour que la mortalité diminue et que l'excédent naturel devienne très élevé (3,5 % par an entre 1950 et 1965). Il s'y ajouta une forte immigration des Antilles ; néanmoins le pays est resté très peu peuplé : environ 740 000 en 2007, avec une densité moyenne d'à peine 3 habitants par km2.

La composition ethnique de la population est complexe et joue un rôle déterminant dans l'histoire politique du pays. Durant les premiers temps de la colonisation européenne, les Amérindiens furent déportés en masse vers les îles des Antilles ; ils ne représentent plus, aujourd'hui, que 7 % de la population totale, laquelle est composée à 36 % de descendants d'esclaves africains et à 50 % d'Indiens arrivés dans le pays entre 1846 et 1917 comme travailleurs sous contrat, à l'instigation du pouvoir colonial britannique. Leur présence avait pour but de faire concurrence aux Noirs sur le marché du travail et de contrecarrer ainsi de possibles revendications sociales. Le reste de la population est constitué de descendants d'Européens (Britanniques ou Portugais) ainsi que de nombreux Antillais, Chinois et Indonésiens. De fortes tensions ethniques ont marqué l'histoire du Guyana, et persistent toujours entre les communautés noires et indiennes.

La population est très inégalement répartie sur le territoire. La mince bande côtière concentre, à elle seule, 75 % des habitants. Les zones rurales sont occupées par les Indiens, alors que la population noire est avant tout urbaine. Le poids de la jeunesse est important (32 % des Guyaniens ont moins de 15 ans), mais l'accroissement de la population est modéré par un taux de natalité en régression (21 ‰), une mortalité infantile encore élevée (48 ‰) et une émigration soutenue.

3. Les caractéristiques économiques

Le Guyana est un pays économiquement faible. Le développement repose à la fois sur l'agriculture et le secteur minier. Les principales exportations du pays sont le sucre, le riz, la bauxite, l'alumine et l'or. Le Guyana importe essentiellement des biens de consommation courante, des machines et du carburant.

L'agriculture et la pêche constituent le secteur le plus important de l'économie. Avec l'industrie forestière, elles fournissaient, en 2004, 31 % du produit intérieur brut (PIB). Des polders ont été aménagés pour accroître la superficie agricole, mais des surfaces considérables potentiellement propices à l'agriculture restent encore inexploitées. L'essentiel de la production de sucre est destiné à l'exportation. Le Guyana, qui produit également du riz, du coton, du café, du cacao, des noix de coco et du coprah, a presque atteint l'autosuffisance alimentaire. L'exploitation de la forêt, encore peu développée, compte sur les investissements étrangers. La pêche est un secteur en expansion ; il couvre le marché local et contribue, avec la crevette, aux exportations.

Concentrée dans l'intérieur du pays, l'industrie minière repose principalement sur la bauxite et l'alumine et, dans une moindre mesure, sur l'extraction de l'or, des diamants et du manganèse. Le secteur, qui souffre aujourd'hui du vieillissement de l'appareil de production, est particulièrement sensible à la variation des cours mondiaux.

HISTOIRE

La colonisation

En 1596, les Hollandais fondent Stabrock, la future Georgetown. La Compagnie des Indes occidentales (1621-1791) assure le développement du pays (sucre de canne et coton). Les Anglais l'occupent en 1796, rejetant les Hollandais au-delà du Courantyne ; restitué à la République batave (1802), le pays est repris par les Anglais en 1803. Les traités de 1814 laissent aux Hollandais l'actuelle Suriname et à la France la Guyane française, les Anglais s'installant définitivement dans la partie occidentale, qui prend en 1831 le nom de British Guiana.

L'économie de la colonie est fondée sur la culture de la canne à sucre et, les esclaves ayant été libérés (1833-1838), elle entraîne l'arrivée de nombreux travailleurs noirs et hindous. Pratiquement sans gouvernement propre jusqu'en 1841, le pays reçoit une Constitution fondée sur le suffrage restreint en 1928. La Constitution de 1953 introduit le suffrage universel. C'est le début de l'affrontement des trois forces sociales et ethniques avec leurs expressions politiques : les habitants originaires de l'Inde dans le parti progressiste populaire (PPP), communiste, de Cheddi Jagan ; les Noirs dans le People National Congress (PNC) de Forbes Burnham ; et les Blancs dans l'United Force de Peter d'Agniar.

L'indépendance

Le chemin vers l'indépendance est marqué par de nombreux troubles ethniques.

Les principaux leaders des partis politiques ne s'entendent pas sur les termes de la Constitution du futur État indépendant. Le trucage de la loi électorale permet l'arrivée au pouvoir du PNC de F. Burnham, malgré les protestations du PPP de C. Jagan et son refus de participer à la conférence nationale finalisant l'accession à l'indépendance en 1966.

En 1970, le Guyana devient une république tout en restant dans le cadre du Commonwealth. Le PNC se maintient ensuite au pouvoir jusqu'en 1992 en pratiquant systématiquement et massivement la fraude électorale. Pendant l'administration de F. Burnham, le pays, devenu de fait une dictature, se rapproche de Cuba et des pays du camp socialiste.

Les tensions entre les communautés s'aggravent. L'assassinat, en 1980, de Walter Rodney, leader de l'Alliance des travailleurs (WPA), mouvement marxiste fondé en 1977 qui essayait de dépasser le clivage traditionnel entre Noirs et Indiens, montre la dégradation de la situation politique du Guyana. À la mort de F. Burnham, en 1985, le Premier ministre Hugh Desmond Hoyte assume la présidence ; il change l'orientation économique du pays sans abandonner les pratiques électorales frauduleuses de son prédécesseur. Les élections qui devaient se tenir en 1990 sont reportées à deux reprises pour cause de graves irrégularités constatées dans le processus électoral. En 1992, les élections en présence d'observateurs du Commonwealth donnent la victoire au PPP de Cheddi Jagan. Celui-ci a la lourde tâche de redresser une économie en déroute. Sa mort, intervenue en mars 1997, conduit son Premier ministre, Samuel Hinds, à assurer l'intérim jusqu'aux élections organisées en décembre de la même année. L'épouse de C. Jagan, Janet Jagan, candidate du PPP, sort victorieuse de ce scrutin, marqué une fois encore par la suspicion et la violence opposant Afro-Guyanais et Indo-Guyanais. Elle démissionne en août 1999 pour raisons de santé, et choisit son ministre des Finances, Bharrat Jagdeo, âge de 35 ans, pour la remplacer jusqu'à la fin de son mandat prévue en 2001. Ce dernier reste à la tête de l'État après sa victoire à la présidentielle de mars 2001, tandis que son parti, le PPP, remporte la majorité absolue des sièges à l'Assemblée nationale avec 53 % des suffrages exprimés (34 sièges). L'opposition incarnée par le PNC de H. D. Hoyte obtient 42 % des suffrages (27 sièges) et, comme en 1997, dénonce des fraudes et la « marginalisation » des Afros-Guyanais.

À compter de 2002, le PNC s'engage dans une politique de « non-coopération active » avec le gouvernement. La mort de son leader conduit néanmoins à un apaisement des tensions, le nouveau dirigeant du PNC, Robert Corbin, mettant un terme au boycottage du Parlement en mai 2003.

Le contexte intérieur est marqué par une criminalité élevée et par les soupçons qui pèsent sur le ministre de l'Intérieur, accusé de diriger un escadron de la mort, jusqu'à sa démission en mai 2005. Au mois d'octobre 2005, d'anciens membres du PPP fondent l'Alliance pour le changement (AFC), qui appelle les Guyaniens à dépasser les clivages ethniques pour « voter pour le changement ». Toutefois, lors des élections législatives du 28 août 2006, l'AFC n'obtient que 5 sièges derrière le PPP (36 sièges) et le PNC (22 sièges). B. Jagdeo et S. Hinds sont reconduits dans leurs fonctions de président et de Premier ministre.

En novembre 2011, Donald Ramotar, secrétaire général du PPP depuis 1997, est élu président de la République tandis que son parti l’emporte une nouvelle fois aux législatives mais perd sa majorité. S. Hinds est maintenu au poste de Premier ministre à la tête d’un gouvernement minoritaire.

En mai 2015, l’opposition, réunie au sein de la coalition Association pour l'unité nationale-Alliance pour le changement (APNU-AFC) remporte cette fois de justesse les élections anticipées avec 33 sièges sur 65, et son chef de file, David Granger, accède à la présidence de la République.

Membre de l’OEA depuis 1991, de l’Unasur ainsi que du Caricom, le Guyana doit faire face à des relations régionales conflictuelles. Un différend l'opposait au Suriname au sujet du tracé de leur frontière maritime, jusqu'au verdict du tribunal maritime international de septembre 2007 favorable au Guyana. Le Venezuela revendique la souveraineté sur le territoire de l'Essequibo (155 000km2, soit les deux tiers du pays), riche en ressources minières. Une certaine détente s'est installée entre les deux pays depuis que l'affaire est soumise à l'arbitrage de l'ONU (1989). Mais en 2017, ce différend, qui date de la fin du xixe siècle, n’était toujours pas réglé : des discussions entre les deux parties avec la médiation des Nations unies en vue d’une solution définitive ont été relancées, mais les tensions restent d’autant plus vives que la prospection pétrolière, contestée par Caracas, s’avère prometteuse pour le Guyana au large de cette zone.