Gupta

Ajanta, bouddha couché
Ajanta, bouddha couché

Dynastie de l'Inde (vers 270 ?- 550 après J.-C.).

Les Gupta n'entrèrent réellement dans l'histoire qu'avec Candragupta Ier (vers 320-vers 330). Samudragupta (vers 330-vers 375), son fils, fut un grand roi conquérant. L'apogée de l'empire, qui s'étendait sur toute la moitié nord de l'Inde, se situe sous Candragupta II (vers 375-414), son fils. Il conquit (vers 390) Ujjayini (aujourd'hui Ujjain), mettant un terme au pouvoir shaka.

ARTS

La dynastie des Gupta entreprit et réussit une large unification politique ; cette unification s'accompagna d'un essor culturel sans précédent, auquel tous les arts participèrent.

La sculpture

Le génie de la sculpture gupta s'exprima essentiellement dans la représentation du corps humain, qu'il s'agisse de figurer le Bouddha ou, beaucoup plus rarement, les divinités brahmaniques aux riches costumes et parures. À partir du ve s. environ, le vêtement des bouddhas, hérité tout d'abord du drapé gréco-bouddhique, épousa le modelé du corps, suggéré sous une fine mousseline transparente. Cette étoffe, qui dessine parfois des plis disposés en ondes concentriques, couvre la majorité des bouddhas de style gupta (Musée archéologique, Sarnath ; Musée national, New Delhi). Les plus belles de ces sculptures représentent ce que l'art indien, en obéissant au système de mesures exposé dans les traités d'art (çastra), a produit de plus équilibré et de plus harmonieux. Le nimbe gréco-bouddhique se développa : derrière la tête et les épaules du maître, il décrivit un immense cercle abondamment orné de motifs décoratifs.

Les personnages secondaires des scènes bouddhiques et brahmaniques (Ajanta, Deogarth) sont torse nu et vêtus d'une longue jupe ; souvent, ils portent une coiffure lourde et compliquée. Vers les vie et viie s., la silhouette sculptée s'épaissit. Les règles mathématiques qui visaient à calculer les proportions des œuvres se multiplièrent et se codifièrent.

L'architecture

L'architecture connut également son apogée à l'époque gupta. Un modèle de temple (petit temple de Sanchi) fut adopté. Au cours des époques ultérieures, son plan subit peu de modifications. Ce sanctuaire est formé d'un bloc rectangulaire (Garbha Griha), simple cella en pierre, précédé d'un édifice hypostyle (mandapa). Exemple typique de l'évolution finale de l'ordre indien, les colonnes s'élèvent à partir d'un socle rectangulaire en un fût octogonal coiffé d'un chapiteau que surmonte un abaque sculpté.

Un goût presque classique anime ces monuments aux formes simples et dépouillées. Sous la dynastie Gupta apparurent plusieurs éléments architecturaux appelés à connaître un développement considérable : le vimâna, le gopura (toitures à étages se multipliant, surchargées d'ornements) et le çikhara (flèche curviligne des tours sanctuaires).

La peinture

La peinture qui subsiste dans les cavernes rupestres bouddhiques d'Ajanta (région du Dekkan), et qui recouvrait jadis la totalité de leur surface intérieure, est l'une des plus grandes œuvres de toute la peinture indienne. Ici, l'art de la fresque est parvenu à une maîtrise extraordinaire dans la composition, la sûreté du trait et le rapport des tons. Cet ensemble dépasse à la fois l'esprit narratif religieux dont il relève (encore que l'influence de la littérature profane puisse s'y faire sentir) et l'intention décorative. Les fresques bouddhiques de Sigiriya et de Bagh, les fresques brahmaniques de Bâdâmi témoignent encore de la prodigieuse vitalité que connut la peinture au temps de la dynastie Gupta.