The Cure

The Cure
The Cure

Groupe britannique de rock new wave formé en 1976 à Crawley, Sussex, par Robert Smith (guitare, chant), Michael Dempsey, remplacé par Simon Gallup (basse) et Laurence Tolhurst, dit Lol Tolhurst (batterie, claviers), rejoints par Porl Thompson.

1978. Alors que la tornade new wave se prépare, trois garçons de Crawley, morne petite ville du sud de Londres, enregistrent un premier single pour un petit label, Small Wonder. Inspiré de l'Étranger de Camus, le titre, Killing An Arab, fait scandale. Mais l'originalité du son de Cure, une sorte d'urgence distante portée par le jeu de la guitare de Smith, étonnamment clair et limpide pour l'époque, n'échappe pas aux oreilles alerte d'un certain Chris Parry. Ce directeur artistique néo-zélandais, qui a fait signer The Jam puis Siouxsie And The Banshees chez Polydor, souhaite créer son propre label, Fiction. En Cure, il détecte l'oiseau rare. Le premier album, Three Imaginary Boys, sort au mois de mai 1979. Le disque, qui propose d'emblée un rock sec et envoûtant, reçoit un bon accueil critique, sans plus. En recrutant son ami d'enfance Simon Gallup en lieu et place de Dempsey, Smith définit le style Cure : un spleen rock onirique et introspectif. Sur les albums suivants (Seventeen Seconds, Faith), des nappes de claviers font mine d'adoucir une musique qui n'a rien perdu de sa violence. Le succès est enfin au rendez-vous. Cure devient, à l'égal de Joy Division, l'artisan principal de la cold wave. Les shows noyés dans la fumée que donnent Smith et sa cohorte triomphent à travers l'Europe. En 1982, le douloureux mais passionnant Pornography clôt la première époque d'un groupe qui multipliera les métamorphoses tout au long de sa carrière.

Du groupe culte au dinosaure. Comme sorti d'un long tunnel éprouvant, Smith et sa bande surprennent leur monde en enregistrant de simples pop songs : les dansants Let's Go To Bed ou The Walk et le fringant et swinguant Lovecats. Et pendant que le groupe goûte aux honneurs des charts grâce notamment à leurs vidéos au comique absurde, le toujours imprévisible Robert disparaît du devant de la scène pour louer ses services de guitariste à Siouxsie And The Banshees, avec qui il tourne et enregistre. Ces expérimentations en forme de récréation donnent cependant envie à Smith de réactiver Cure. Avec le toujours fidèle Tolhurst, passé désormais aux claviers, Phil Thornally à la basse et Angry Anderson à la batterie, il enregistre en 1984 l'étouffant et dense The Top. En dépit de l'austérité de l'album, Cure voit sa popularité s'étendre. Les États-Unis commencent à mordre à l'appât. Cure est sur le point de passer du stade de groupe culte à celui de dinosaure. C'est à l'automne 1985 que la « Curemania » va se mettre à déferler sur l'Europe, notamment sur la France, où, du jour au lendemain, l'étrange visage à la tignasse ébouriffée et au rouge à lèvres de travers de Smith fait la une de tous les magazines musicaux, toutes tendances confondues. À l'origine de cette explosion populaire, In Between Days et Close To Me, deux singles impeccables, illustrés par les clips inventifs du réalisateur Tim Pope. Cure, sans rien perdre de son identité (textes torturés et fascinants gémissements de Smith), renoue avec la limpidité mélodique grâce à sa formation la plus soudée depuis des lustres : Gallup est de retour, accompagné de Porl Thompson. En 1987, le double album Kiss Me Kiss Me Kiss Me, enregistré dans le sud de la France et contenant le titre Just Like Heaven, composé spécialement pour le générique de l'émission Les enfants du rock, est certifié disque de platine outre-Atlantique, où Cure est célébré comme le parrain du rock alternatif. Robert Smith, punk existentialiste, rocker iconoclaste et authentique poète, a réussi à imposer son groupe comme un modèle de versatilité intelligente et, surtout, d'intégrité. Il possède un style et une personnalité, à l'instar de sa voix, sorte de râle enfantin ensorcelant, tout à fait uniques au milieu d'un océan de rock stars stéréotypées. Avec une bonne dose d'humour en plus.

Une éternelle séparation et reformation. Épuisé par les tournées interminables, Smith décide de s'accorder une année sabbatique en 1988. Mais au mois d'août, tous les membres du groupe se retrouvent pour le mariage de Robert et éprouvent instantanément le besoin de foncer dans le studio d'enregistrement le plus proche. Disintegration, malgré son titre apocalyptique, présente un Cure au sommet de sa forme. Les années qui suivent s'avèrent plus difficiles. Lol Tolhurst, le vieux complice, accusé d'alcoolisme et de manque de créativité, est à son tour exclu du groupe. Un procès s'ensuit. Pire, Robert Smith, qui n'a jamais cessé de clamer son dégoût pour « les rentiers comme les Rolling Stones et Pink Floyd » ou « les mégalos opportunistes comme U2 », flirte lui-même avec la facilité : la sortie d'un album de remix et de deux albums live approximatifs a laissé penser aux plus sceptiques que le leader de Cure pouvait être en proie à de sérieuses pannes d'inspiration. En 1995, Smith restructure à nouveau son groupe, décidé à affronter de nouvelles aventures, dont celle d'un nouvel et très éclectique album, l'année suivante, Wild Mood Swings qui ne remporte aucun succès. Après une tournée mi-figue mi-raison aux États-Unis et en Europe, Robert Smith annonce le 6 novembre 1996, à l'issu d'un ultime concert au Bataclan, à Paris, (ils y ont commencé leur carrière européenne le 12 décembre 1977), que l'histoire est finie.

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