solidarité

Samu social
Samu social

Sentiment qui pousse les hommes à s’accorder une aide mutuelle.

POLITIQUE

Le mot « solidarité » désigne d’abord un fait : les maillons d’une même chaîne sont solidaires, ils sont dépendants les uns des autres. De ce point de vue, la solidarité ne se choisit pas. Les problèmes écologiques le montrent éloquemment : dans l’écosystème, tout est lié à tout.

Par extension, le mot « solidarité » s’applique à l’attitude responsable consistant à aider les personnes qui en ont le plus besoin. Les deux sens sont liés : le second suppose le premier. Le souci d’aider les plus démunis et les exclus de la société repose sur la conscience d’un lien réel, fondé dans l’humanité et dans la citoyenneté. Un homme ne peut être absolument étranger à un autre homme en raison de l’humanité qui leur est commune ; a fortiori, le citoyen est solidaire des autres citoyens.

La conscience de la solidarité s’est accrue avec le désir de paix qui s’est imposé après deux guerres mondiales et, plus récemment, du fait de l’aggravation de la pauvreté et de l’exclusion. La solidarité n’est plus seulement un phénomène social, elle est devenue une priorité politique aux multiples aspects.

La solidarité nationale

L’engagement de l'État en matière de solidarité remonte essentiellement au lendemain de la crise économique des années 1930 et de la Seconde Guerre mondiale. Il prend la forme de l'État-providence : l’intervention de l'État dans la vie économique et sociale apparaît nécessaire afin de lutter contre la pauvreté et les inégalités et d’assurer la cohésion nationale. Cette prise de conscience est inscrite dans le préambule de la Constitution française de 1946 (repris par celle de 1958), qui garantit le droit au travail, la protection de la santé, l’accès à l’instruction, la sécurité matérielle… Concrètement, elle est à l’origine de la création de plusieurs institutions de protection sanitaire et sociale, reposant sur des systèmes d’assurance obligatoire organisés par l'État : la sécurité sociale est créée dès 1945 ; c’est également dans les années d’après-guerre qu’est mise en place l’assurance-chômage. La solidarité nationale est notamment financée par l’impôt sur le revenu, qui repose sur une redistribution des richesses, chaque citoyen y contribuant en fonction de ses moyens.

À partir des années 1970, avec le début de la crise économique et la montée du chômage, le modèle de l’État-Providence montre ses failles. Toutefois, face à l'aggravation de la pauvreté et de l'exclusion, de nouveaux dispositifs de solidarité sont mis en place, tels que le revenu minimum d’insertion (RMI), en 1988, ou encore, en 2000, la couverture maladie universelle (CMU), destinée à assurer l'accès aux soins des personnes défavorisées en étendant à tous les prestations de la sécurité sociale.

Dans un contexte marqué par la remise en cause du rôle de l’État, les initiatives de solidarité privées augmentent, organisées par un grand nombre d’associations.

La solidarité intergénérationnelle

L’allongement de l’espérance de vie fait apparaître un modèle social à quatre, voire à cinq générations. Parallèlement, le chômage des jeunes, l’augmentation du nombre de familles monoparentales, le poids des anciens en situation de dépendance fragilisent la famille et font naître le besoin de soutiens. Lorsque les « aidants » familiaux sont défaillants, l’État doit se substituer à eux. Ces nouvelles problématiques interpellent les pouvoirs publics, qui ont successivement mis en place l’impôt de solidarité sur la fortune (I.S.F. [1988]), la contribution sociale généralisée (C.S.G. [1991]) et la contribution pour le remboursement de la dette sociale (R.D.S. [1996]). Pour sa part, la Conférence de la famille, devenue institutionnelle en 1994, a suscité en 2006 la création d’un congé de soutien familial et d’un plan « solidarité grand âge ».

La solidarité avec les personnes dépendantes

La loi de modernisation sociale du 17 janvier 2002, qui faisait suite à la loi d'orientation du 30 juin 1975, fondatrice en matière de solidarité nationale à l'égard des personnes handicapées, a introduit la notion de « droit à compensation du handicap ».

La loi du 30 juin 2004, relative à la solidarité pour l’autonomie des personnes âgées et des personnes handicapées, consacre une prise en charge globale de la dépendance et du handicap. La mesure la plus médiatisée a été la suppression du lundi de Pentecôte ou d’un jour de congé à compter du 1er juillet 2004. Ce jour non chômé a été appelé « journée de solidarité ». La loi du 11 février 2005 pour l’égalité des droits et des chances, la participation et la citoyenneté des personnes handicapées prolonge la réforme introduite par la loi de juin 2004. Elle institue notamment la Caisse nationale de solidarité pour l'autonomie (C.N.S.A.), établissement public intervenant dans le dispositif de financement et de gestion de l'aide aux personnes handicapées et aux personnes âgées dépendantes.

La solidarité internationale

La solidarité avec les pays en développement est un des objectifs de la politique étrangère, en conformité avec les idéaux de la République française : dès 1789, la France a posé en principe le devoir de solidarité humaine. Celui-ci a été entériné par la conférence de Brazzaville de 1944, puis relayé par les responsables politiques. De son côté, la C.N.U.C.E.D. a admis que la coopération reposait sur des raisons morales et humaines.

Même si la politique de coopération et de solidarité est inhérente au souci de garantir le rayonnement de la France, l’engagement de ses troupes dans les forces de l’O.N.U. pour le maintien de la paix témoigne d’un sens de la responsabilité au plan international. La solidarité internationale n’est toutefois pas le propre de la politique étrangère. La notion de devoir d’ingérence, promue notamment par Bernard Kouchner au milieu des années 1980, repose sur une contestation de la souveraineté des États : au-delà de la diplomatie classique, les situations d’urgence humanitaire exigent des interventions directes dans les pays concernés. Les organisations non gouvernementales sont ainsi fondées à s’affranchir des règles diplomatiques.

Cette logique, dont on peut voir une préfiguration dans la Croix-Rouge fondée par Henri Dunant en 1859, mobilise de nombreuses associations et mouvements de toute confession et obédience.