mozarabe

(ancien espagnol moz’arabe, de l'arabe musta‘rib, arabisé)

Nom donné par les Arabes aux chrétiens d'Espagne sous la domination musulmane.

Mozarabe est le nom, d'origine populaire, signifiant « arabisés », qui fut donné, sous la domination arabe, aux chrétiens espagnols. À la différence des mudéjars (musulmans ultérieurement soumis aux chrétiens et qui furent convertis de force), les mozarabes furent traités avec une grande tolérance, en particulier sous les Omeyyades, qui régnèrent sur le califat de Cordoue de 756 à 1031. Ces populations, qui adoptèrent peu à peu certains aspects de la culture arabe, avaient leurs administrateurs, qui devaient cependant en référer à leurs maîtres musulmans ; ils payaient tribut à leurs propres collecteurs d'impôts et soumettaient leurs différends à leurs juges, qui légiféraient selon le code wisigothique.

De nombreux mozarabes parlaient l'arabe et beaucoup adoptèrent des noms et des coutumes musulmans, exerçant en retour une influence certaine sur leurs suzerains. Leur liturgie est connue sous le nom de rite mozarabique : la messe en arabe, officiellement abolie au xie siècle, est aujourd'hui encore célébrée dans la chapelle mozarabe de la cathédrale de Tolède.

Malgré cette situation favorable et des années de tranquillité, une rébellion chrétienne, entre 852 et 886, fut réprimée durement par Mohammed Ier et contraignit les mozarabes à la conversion ou à la fuite. Cela explique qu'il reste aujourd'hui très peu d'édifices de pur style mozarabe, excepté quelques églises, disséminées sur le territoire espagnol, en particulier aux environs de Tolède (San Sebastián, Santa Eulalia et surtout Santa María de Melque, la plus remarquable) et dans le Nord, près de León (San Miguel de Escalada), d'Astorga (Peñalba de Santiago), d'Orense (San Miguel de Celanova), de Logroño (San Millán de Suso) et de Soria (San Bodelio).

En peinture, on conserve l'enluminure du Beatus de Lievana (milieu du ixe siècle), œuvre étrange et fascinante mêlant des figures humaines et des animaux fantastiques.

Les mozarabes ont également eu une influence importante dans la littérature arabo-chrétienne d'Espagne.