funéraire

(bas latin funerarius)

Plaque en terre cuite peinte
Plaque en terre cuite peinte

Relatif à la sépulture, à la tombe.

Lié aux rites qui entourent la mort, l'art funéraire est également un moyen d'accès privilégié à la compréhension des sociétés. Alors que nous avons bien souvent perdu toute trace des rites qui ont présidé à l'ensevelissement ou à la crémation des défunts, l'architecture des tombes, leur décoration, leur regroupement et leur localisation, en particulier pour les époques préhistoriques, sont dans bien des cas les seuls éléments qui nous restent pour comprendre la vie des sociétés qui les ont conçues. Ce sont d'ailleurs la tombe, le cercueil et le mobilier funéraire, plus que le traitement du corps, qui sont l'objet de préoccupations artistiques.

Les décors funéraires

Les productions artistiques funéraires sont fréquemment le reflet des préoccupations des vivants ou la représentation de l'au-delà. C'est ainsi que les décorations des tombes étrusques illustrent pour la plupart les plaisirs de la chasse, de la pêche, des banquets ou des jeux. De la même manière, les scènes sculptées des sarcophages romains évoquent la brièveté de la vie, idéalisent les actes du défunt, et ses prouesses sont parfois associées à de grandes figures de la mythologie gréco-latine. Le souci de représenter la vie et de mettre en valeur le défunt se retrouve dans d'autres sociétés. Dans la Chine de la dynastie des Han (iiie s. avant J.-C.-iiie s. après J.-C.), la dernière demeure, souterraine, du défunt devait reproduire son habitation. Les dalles ciselées des chapelles funéraires du Henan et du Shandong reprennent les peintures murales des habitations. Elles mettent en scène des aspects de la vie aristocratique de l'époque, tels des banquets ou des processions de chars. Les peintures murales, celles des lécythes (petits vases) de la Grèce classique aux jugements derniers ou aux danses macabres, figurent de véritables récits de ce qui se passe après la mort.

La statuaire funéraire est, en Europe occidentale, un des grands chapitres de l'histoire de la sculpture. Le Moyen Âge créa la figure du gisant : le défunt est représenté allongé à plat dos sur une dalle, le plus souvent les mains jointes (sauf en Angleterre où, aux xiiie et xive siècles, il était couché sur un côté, les jambes croisées, dégainant son épée). Vers la fin du xiiie s., les traits du gisant, idéalisés jusqu'alors, se rapprochèrent de ceux du modèle ; mais les visages et les membres restaient ceux de vivants endormis, revêtus de vêtements d'apparat, dont les plis restaient ceux qu'ils devraient avoir si la statue était à la verticale. À la fin du Moyen Âge apparut la figure du « transi », où le corps du mort est représenté non plus comme celui d'un vivant endormi, mais de manière réaliste, nu, décharné et dans toute l'horreur de la décomposition.

Les maîtres de la Renaissance appliquèrent leur génie à la sculpture funéraire, qui atteignit des sommets dans les tombeaux de Jules II ou des Médicis (Michel-Ange) et dans les gisants exécutés par Germain Pilon. À partir de l'époque classique, le défunt fut représenté agenouillé, ou assis, ou assisté dans ses derniers moments. Au xixe s., tous les genres précédents furent réutilisés. Puis, après la guerre de 1870, la sculpture funéraire s'épanouit dans les monuments aux morts.

Dans les sépultures chinoises comme égyptiennes, des figurines ou des statues représentent les esclaves, les guerriers, les serviteurs et les animaux qui accompagnent le mort dans sa vie d'outre-tombe. Les abords des sépultures sont fréquemment ornés de sculptures, qui n'atteignent pas toutes la taille des lions et des chevaux montant la garde près des empereurs Han.

L'architecture funéraire

La plus ancienne forme de monument funéraire est le tumulus, simple amas de terre ou amoncellement de pierres dont on trouve des exemples sur tous les continents. La volonté de marquer l'emplacement où sont conservés les restes d'un personnage vénéré ou chéri a conduit à l'édification de constructions remarquables : le tombeau de Mausole à Halicarnasse (ive s. avant J.-C.) était considéré dans l'Antiquité comme l'une des Sept Merveilles du monde ; le Tadj Mahall (xviie s.), en Inde, est un éclatant témoignage de l'amour de l'empereur Chah Jahan pour son épouse.

Tandis que les cimetières chrétiens sont souvent entourés de hauts murs, les cimetières musulmans sont ouverts. Les cimetières reflètent la place faite aux morts dans une société et la part d'immortalité qu'elle se souhaite.