cathédrale

(de église cathédrale)

La cathédrale d'Amiens.
La cathédrale d'Amiens.

Église mère d'un diocèse, où se trouve la cathedra, qui est le siège de l'évêque.

La cathédrale est à la mesure de son rôle religieux, social aussi, dans la cité épiscopale comme dans le diocèse.

En Orient

Le monde oriental, byzantin, montre des édifices très fermés et de taille moyenne, remarquables surtout par la richesse de leur décor. Plusieurs cathédrales ont pu coexister en un même lieu, jusqu'à quatre au kremlin de Moscou, deux à Kiev, etc.

En Occident

Au début du Moyen Âge, l'Occident avait connu une situation un peu comparable à celle de l'Orient. À l'exemple de certains monastères, la multiplication de sanctuaires distincts donne le groupe cathédral (à Paris : St-Étienne, Ste-Marie et St-Jean-le-Rond). Quand, au xie s., les cités commencent à retrouver leur rôle, le seigneur-évêque tend à réunir ces éléments en un seul édifice de grande taille, susceptible d'accueillir les diverses communautés et les grandes assemblées urbaines. La fréquence des incendies, qui oblige à reconstruire plusieurs fois nombre d'églises et invite à les voûter, provoque une évolution rapide de l'art de bâtir, en particulier dans la partie nord de la France, où des conditions économiques et techniques très favorables vont permettre la floraison gothique. Dans la région picarde et les pays de bonne pierre qui l'entourent, on élève, au xiie s., Noyon, Soissons, Senlis, Laon, et, au xiiie s., Amiens et Beauvais ; cela en relation avec Arras, Cambrai et Tournai, avec la Normandie et la Champagne (Reims). Au sud, Sens, Paris et Meaux renouvellent leur cathédrale ; et, encore plus au sud, Bourges, Tours et Angers. La diffusion de l'esprit gothique, qui subordonne les arts de la vie à l'architecture de la cathédrale, est rapide vers l'Europe continentale (Cologne, Strasbourg, la Bohême et la Hongrie) ; elle l'est moins vers le sud, où les vieilles cathédrales romanes suffisent encore. Néanmoins, les jalons ne manquent pas (Clermont, Limoges, Narbonne) vers la péninsule Ibérique, où devait s'épanouir, avec les progrès de la Reconquête, un gothique très particulier, en relation avec le nord de l'Europe.

La Grande-Bretagne, conquise par les Normands, avait connu des conditions assez proches de celles du nord de la France (l'arc brisé et la croisée d'ogives sont, à Durham, des années 1130). Il en est résulté une importante floraison de cathédrales gothiques (Salisbury, Lincoln, Wells, etc.), qui aboutit, au milieu du xive s., à un style typiquement anglais, le perpendicular, aux voûtes « en éventail » caractéristiques.

En Italie, pays de traditions urbaines, la cathédrale, le « dôme », tenait une place importante ; il n'a guère cependant, sauf en Lombardie, subi l'influence des structures gothiques. Sur la côte adriatique, les traditions byzantines avaient prévalu à Ravenne et à Venise (St-Marc, qui servit de modèle pour les églises à coupoles du Sud-Ouest français). Ces traditions se combinent avec l'influence normande dans la Pouille et en Sicile. Ailleurs, c'est la technique romaine, la brique habillée de marbre, qui prévaut, surtout en Toscane (Lucques, Pise, etc.). Le baptistère de Florence va même offrir à Brunnelleschi le principe structural d'où dérive la coupole de Ste-Marie-des-Fleurs : premier dispositif d'un dôme qui va désormais être l'élément majeur des édifices sacrés.

Les cathédrales élevées à partir de la Renaissance seront pour la plupart, en effet, des édifices centrés à dôme (St Paul de Londres, comme St-Isaac de Saint-Pétersbourg). Et l'on peut considérer les tours-lanternes des cathédrales contemporaines comme un avatar du dôme (Alger, Brasília, Liverpool). La cathédrale de la Résurrection d'Évry, ouverte en 1995 (première cathédrale construite en France depuis un siècle), avec sa forme cylindrique taillée en biseau, est également une tour de grand diamètre.