caricature

(italien caricatura, de caricare, charger)

Woodward, A Democrat
Woodward, A Democrat

Représentation grotesque, en dessin, en peinture, etc., obtenue par l'exagération et la déformation des traits caractéristiques du visage ou des proportions du corps, dans une intention satirique.

La naissance et l'évolution du genre

La caricature semble avoir existé dès l'Antiquité, chez les Grecs et chez les Romains, comme en témoignent le nom du caricaturiste Pauson, cité par Aristophane et Aristote, ainsi que les graffitis découverts sur les murs de Pompéi. Au Moyen Âge, on rencontre, dans les peintures et les sculptures, des personnages grotesques et un bestiaire fabuleux. La laideur étant alors à la beauté ce que le vice est à la vertu, la caricature tient lieu de parodie. Néanmoins, il n'est pas certain que les représentations grotesques de l'Antiquité et du Moyen Âge appartiennent à ce genre proprement dit, dans la mesure où elles s'appliquent le plus souvent à des personnages imaginaires, dans un contexte religieux et parfois avec un but d'exorcisme.

La pratique de la caricature apparaît comme un jeu dans l'atelier d'Annibal Carrache, à Bologne, à la fin du xvie siècle. Le mot est défini pour la première fois, dans la préface (par Mosini) des Cris de Bologne d'après A. Carrache (1646), comme une méthode de portrait issue d'un souci réaliste, mais dans un but fantaisiste ou comique. À la Renaissance et au xviie siècle, Léonard de Vinci, les Carrache, Giuseppe Arcimboldo ou encore Jacques Callot, tout en précisant l'idéal du portrait, contribuent à l'essor de la caricature. En France, à partir de la Révolution, elle se nourrit de l'agitation politique et devient un art à part entière.

La caricature connaît son apogée au xixe siècle, au moment de la révolution de 1830 (→ journées de juillet 1830). On distingue le « portrait-charge », qui recourt à la déformation physique – comme l'illustrent les têtes de Louis-Philippe en forme de poire, dessinées par Charles Philipon et parues dans la Caricature en 1831 –, de la caricature de mœurs, qui dresse un tableau satirique de certaines couches de la société, comme l'atteste la création de personnages : Robert Macaire, Ratapoil, mis en scène par Honoré Daumier ; Joseph Prudhomme, par Henri Monnier.

Caricaturistes et journaux satiriques

Les premiers grands caricaturistes sont, en France, Cham, Honoré Daumier, Gustave Doré, Paul Gavarni, André Gill, Grandville, Alfred Grévin (1827-1892), Henri Monnier ou encore Nadar.

En Grande-Bretagne, George Cruikshank, James Gillray, William Hogarth, Thomas Rowlandson. En Allemagne, Daniel Chodowiecki (1726-1801). En Espagne, Goya, et, aux États-Unis, Thomas Nast (1840-1902).

Tandis que les revues satiriques comme le Charivari (1832), le Rire (1894) ou l'Assiette au beurre (1901) se multiplient, une nouvelle génération de caricaturistes s'impose en France dès la fin du xixe siècle : Caran d'Ache, Jean-Louis Forain, Henri Gabriel Ibels (1867-1936), Charles Léandre (1862-1934), Albert Robida (1848-1926), Théophile Alexandre Steinlen, notamment.

Pendant l'entre-deux-guerres, la caricature politique est principalement représentée par Henri-Paul Gassier (1883-1951), Francisque Poulbot, Sennep (1894-1982), Ralph Soupault (1904-1962). Aujourd'hui encore, elle est présente dans les journaux satiriques, comme le Punch (depuis 1841 en Angleterre), Simplicissimus (depuis 1896 en Allemagne), le Canard enchaîné (depuis 1916 en France), Krokodil (depuis 1922 en Russie), Mad Magazine (depuis 1952 aux États-Unis), et dans certaines émissions télévisées, comme « Les guignols de l'info » sur la chaîne française Canal +.

La caricature d'actualité, parfois virulente dans les années 1960, comme celle de Siné, George Wolinski, Cabu ou J.-M. Reiser dans Hara-Kiri (1960) et Charlie Hebdo (1970), est aussi représentée par le dessin d'humour tel que le pratique Plantu dans le quotidien le Monde. Georg Grosz et Loriot (1923-2011) en Allemagne, Ronald Searle (1920-2011) et Ralph Steadman (né en 1936) en Grande-Bretagne, David Levine (1926-2009) aux États-Unis sont aussi à l'origine d'un renouveau de la caricature.

Caricature de Littré par Gill.
Caricature de Littré par Gill.
Dessin, par Wolinski
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Forceval, le Congrès s'amuse
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Francisco de Goya, Ils se font beaux
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François le Villain, le Romantisme ou le Monstre littéraire
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Gioacchino Rossini
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Hector Berlioz
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Honoré Daumier, les Célébrités du Juste Milieu
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Louis-Philippe Ier
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Ralph Soupault, couverture pour le Charivari
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Trapéziste, par Cabu
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Voilà toute la différence
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Woodward, A Democrat
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