basilique

(latin basilica, du grec basilikê stoa, portique royal)

Aquilée
Aquilée

Édifice civil romain en forme de grande salle rectangulaire, généralement divisée en plusieurs vaisseaux longitudinaux par des files de colonnes et terminée par une abside.

HISTOIRE, BEAUX-ARTS

La basilique sous la République romaine

La basilique romaine est une création du début du iie s. avant J.-C. La plus ancienne basilique de Rome, la Porcia, fut construite par Caton le Censeur, en 184 avant J.-C., près de la Curie ; elle fut détruite par César, de même que la basilica Sempronia, située du côté sud du Forum, construite en 170 avant J.-C., et qui fut remplacée par la basilica Julia.

De l'époque républicaine il subsiste plusieurs basiliques, dont une à Rome (l'Aemilia) et surtout une à Pompéi. Toutes sont des rectangles allongés, avec colonnade interne concentrique. L'entrée est située au milieu d'une des longueurs, sauf à Pompéi, où elle se trouve sur une des largeurs. Face à l'entrée, le tribunal, plate-forme surélevée, est soit inclus dans le rectangle, soit rejeté dans une exèdre saillant à l'extérieur ; la couverture de la partie centrale est un lanterneau surélevé, percé de fenêtres.

La basilique sous l'Empire romain

À l'époque impériale, toute cité possède une basilique, généralement annexée au forum et servant de cour de justice. On trouve également des basiliques dans les théâtres, les thermes, où elles servent à des réunions diverses, et en annexe aux marchés pour abriter des commerces. Beaucoup d'associations, notamment religieuses, utilisent pour leurs réunions des basiliques, de dimensions généralement modestes. La plus remarquable, la basilique souterraine proche de la porte Majeure, paraît bien avoir servi à une secte néopythagoricienne, comme le montre le décor de stuc de ses voûtes et de ses parois. Les basiliques de cette époque sont élevées selon un plan – toujours rectangulaire – où l'entrée s'ouvre sur un petit côté, l'abside se situant en face, sur l'autre côté, ce qui met mieux en valeur les images cultuelles ou les officiants. Dans les palais, les basiliques, de même plan, servent de salles d'audience et de justice.

Le plan basilical

Dès le iiie s., les chrétiens donnent l'aspect d'une basilique à certains de leurs lieux de réunion ; après la paix avec l'Empire, en 313, ces basiliques prennent des proportions grandioses et sont influencées par l'architecture palatine. Elles conservent un plan rectangulaire, partagé, dans le sens de la longueur, en une large nef centrale flanquée de deux collatéraux, puis, plus tard, d'un seul, l'abside, saillante ou non, étant située à l'E. Entre l'abside et les nefs prend parfois place le transept. À l'O. se trouve le narthex, quelquefois précédé par l'atrium. L'ensemble est généralement couvert par un toit en charpente à double pente, pour la nef centrale, et par des appentis, nettement plus bas, laissant ainsi au jour la partie haute de la nef, percée de fenêtres. Le sanctuaire est installé dans l'abside.

On demeura fidèle à ce type de monument, en Occident, jusqu'à l'époque carolingienne. Dans l'Empire byzantin, dès le vie s., ce plan fut utilisé en même temps que les plans centrés, ou plans cruciformes ; mais les variantes régionales foisonnent pour les modes de couverture (charpentes ou voûtes ; appentis ou plafonds plats en dalles de pierre), l'aménagement intérieur et le développement de la coupole, dont le plus bel exemple, tardif, fortement influencé par les pratiques byzantines, est la basilique Saint-Marc de Venise (xie s.).

La fonction basilicale

Avant tout lieu de célébration du culte, la basilique répond aussi, dès le début du christianisme, à d'autres fonctions : commémoration de l'endroit où les saints sont morts (Saint-Jean d'Éphèse, construite autour du tombeau de l'apôtre), célébration du lieu où vécurent ces saints (saint Siméon Stylite, en Syrie du Nord), édifices associés à des épisodes de la vie du Christ (église de la Nativité, à Bethléem ; basilique du Golgotha, à Jérusalem). Enfin, les basiliques peuvent avoir une fonction funéraire (Sétif, Hippone, basilique des Sept-Dormants, à Éphèse).

Seules quatre églises de Rome sont des basiliques majeures : Saint-Jean-de-Latran, Sainte-Marie-Majeure, Saint-Pierre et Saint-Paul-hors-les-Murs. De nombreuses églises du monde entier sont des basiliques mineures : basiliques de Lourdes, du Sacré-Cœur de Montmartre, etc.

Le décor basilical

La richesse du décor intérieur varie selon l'importance des monuments et du lieu à vénérer, ou selon le rôle social des donateurs. Le marbre est utilisé à profusion, pour la construction (colonnes et chapiteaux) et le mobilier (chancels et ambons), tandis que les murs de la nef principale, l'arc triomphal, le cul-de-four de l'abside sont généralement couverts de mosaïques ou de fresques (dont peu nous sont parvenues) narrant des épisodes de la vie du Christ ou de l'Ancien Testament. Seuls les monuments de Grèce et d'Occident (surtout Rome et Ravenne) témoignent de cette richesse décorative.