art des steppes

Expression désignant la production artistique, à partir de l'âge du bronze, des peuples nomades occupant le domaine des steppes eurasiennes, de la Mongolie à la Roumanie.

La pratique intensive de la métallurgie du bronze et les échanges commerciaux qu'elle implique, ainsi qu'une certaine forme commune d'économie, dans laquelle le nomadisme prend de plus en plus d'importance, amènent une relative unité culturelle.

Aux confins orientaux de la steppe, le rayonnement de la Chine se décèle dans la qualité des bronzes, dans le répertoire décoratif des objets de la région de l'Ordos et dans celui de différentes cultures de Sibérie (Karassouk, Tagar, etc.).

Entre 1550 et 1200 avant J.-C., la région du Talych, autre centre du bronze, situé à la limite du monde transcaucasien et du monde oriental, joue également un rôle important. Dans la première moitié du Ier millénaire avant J.-C. s'épanouit en Ciscaucasie occidentale la culture « kobanienne » (du village de Koban, en Ossétie du Nord), dont les tombes possèdent un abondant matériel funéraire (bijoux, harnachement, etc.). Cette culture, qui était en étroit rapport avec le Talych et le Lorestan, essaime, au milieu du Ier millénaire, jusque sur la Volga, le Don et le Dniepr, influençant, dès le viie s. avant J.-C., l'art scythe.

Entre le viiie et le iiie s. avant J.-C., l'art des steppes, à son apogée, déploie un bestiaire où dynamisme exubérant et stylisation s'allient. Ce caractère marque aussi la civilisation de l'Altaï, florissante entre le vie et le ive s. avant J.-C. et à laquelle appartiennent les sépultures de Pazyryk. Cet esprit de stylisation, joint au goût des incrustations, marque, sur tout le domaine des steppes, le passage du style scythe au style sarmate. Dans cette immense zone, toutes ces populations, aux cultures différenciées mais qui toutes semblent accorder une importance majeure au rituel chamanique (dans lequel l'animal joue un rôle prépondérant), créent dans un souci d'efficacité magique un monde de créatures étranges, influencé tantôt par la Chine, tantôt par le Proche-Orient. Véritable trait d'union entre l'Extrême-Orient et le monde occidental, elles seront à l'origine du répertoire ornemental des Celtes, des Vikings et de celui des Barbares du haut Moyen Âge.