alluvions

(latin alluvio)

Matériel résultant d'un transport à distance par les eaux courantes.

GÉOGRAPHIE

Les alluvions sont constituées par des particules provenant des roches en place, mais ayant subi des modifications plus ou moins importantes du fait de leur transport par les eaux courantes. Ces modifications concernent en premier leur composition pétrographique, qui ne correspond pas à celle des roches du bassin : les proportions des divers éléments de roches composant les alluvions sont modifiées en fonction de la plus ou moins grande aptitude de ces éléments à être érodés et de leur comportement pendant le transport. Des affleurements restreints de roches meubles mal protégées par la végétation peuvent fournir la majeure partie des alluvions d'un cours d'eau. L'intensité de l'altération dépend directement du climat et de la fourniture d'acides organiques par la végétation : dans la zone intertropicale humide, on ne rencontre jamais de galets calcaires ou granitiques, tout au plus des galets de quartz et de quartzite.

Les éléments de roches qui forment les alluvions sont encore modifiés dans leur forme. Les fragments transportés par l'eau sont soumis à une combinaison d'actions mécaniques et chimiques qui les use et les corrode suivant des formes dont l'étude statistique donne de précieux renseignements sur les conditions de leur façonnement. Il est ainsi possible de préciser la dynamique des rivières actuelles et d'identifier les processus de mise en place des nappes alluviales anciennes, ce qui présente un très grand intérêt pour les recherches minières.

Les alluvions sont caractérisées aussi par leur agencement : les galets se disposent en majorité plus ou moins perpendiculairement au courant, ce qui permet de reconstituer la direction de ce dernier lors de la mise en place d'une couche alluviale. Sables et graviers s'accumulent en lentilles qui correspondent au comblement de chenaux lors de la décrue, avec des lits successifs inclinés dans la direction du courant ; les dimensions des lentilles et l'inclinaison des lits renseignent sur le régime du cours d'eau qui les a déposés.

Enfin, les alluvions ont une granulométrie caractéristique : l'eau courante exerce sur les fragments qu'elle transporte une action de triage, généralement plus efficace que l'usure. La taille des particules abandonnées dépend de la vitesse du courant, ce qui provoque, dans les alluvions, la formation de lits dont les éléments ont des dimensions variées. Pendant les crues, le courant est plus fort dans le lit : ce sont des éléments grossiers, accumulés en bancs, qui s'y déposent (galets, sable). Sur les prairies ou dans les forêts marécageuses de la plaine inondable, le courant est plus faible en raison de la moindre épaisseur de la nappe d'eau et du freinage par la végétation : ce sont des éléments fins qui sont abandonnés ici, généralement des limons et des argiles, dépôts désignés du nom de limons de débordement. On observe naturellement un passage progressif des colluvions aux alluvions sous l'influence des actions fluviatiles. Les caractéristiques des alluvions dépendent étroitement des modalités du transport et de l'accumulation fluviatile. Le remaniement des éléments fins sur quelques centaines de mètres par le ruissellement diffus donne des colluvions. L'étude systématique des alluvions, par les géomorphologues, peut rendre de très grands services aux hydrologues (en complétant les études de rivières sur modèles réduits) et aux ingénieurs chargés d'établir des ouvrages d'art ou des systèmes d'irrigation.