Sainte Ligue ou Sainte Union ou Ligue

Procession des partisans de la Sainte Ligue
Procession des partisans de la Sainte Ligue

Mouvement religieux et politique créé par les catholiques après la paix de Monsieur (6 mai 1576), qui a mis fin à la cinquième guerre de Religion.

1. La défense de la religion catholique

1.1. Henri Ier, duc de Guise

Refusant de céder Péronne à Condé en vertu de la paix de Monsieur, Charles d'Humières rallie la population et constitue un groupement avec des gentilshommes, des soldats et des paysans. Son geste est bientôt imité dans de nombreuses villes, dont Paris, d'où surgit une organisation de défense de la religion catholique dirigée par Henri Ier, duc de Guise.

Animée notamment par le bas clergé et les éléments populaires, elle entraîne rapidement les bourgeois et les gentilshommes. Henri III, surpris, cède à la puissance du mouvement. Il s'institue chef de Ligue et désavoue l'édit de Beaulieu (novembre 1576).

Mais, après la mort du duc d'Anjou, frère d'Henri III (1584), la Ligue se réorganise, suscite un candidat à la Couronne, le cardinal de Bourbon (qui sera proclamé roi sous le nom de Charles X en 1589), et se donne pour chef le duc de Guise, qui obtient l'appui financier et militaire de Philippe II d'Espagne (traité de Joinville, 1584).

1.2. Le conseil des Seize

Le 9 mai 1588, le duc, bravant l'interdit royal, entre dans la capitale, dont il se rend maître à l'issue de la journée des Barricades (12 mai). Maîtres de la milice urbaine, les ligueurs renversent la municipalité, divisent la capitale en seize quartiers, dont les chefs élus forment une sorte d'état-major de la Ligue, le conseil des Seize.

2. La rébellion ouverte contre le roi

2.1. Le duc de Mayenne

Le mouvement prend dès lors un caractère révolutionnaire, attisé par la crise de subsistance et le chômage. Dans les prêches enflammés des moines ligueurs, dans les longues processions armées surgissent des revendications de souveraineté populaire. L'assassinat des Guise (le duc Henri et son frère le cardinal Louis de Lorraine) à Blois (décembre 1588) déclenche la rébellion ouverte contre le roi.

Sous la pression de la Ligue, la Sorbonne délie les sujets de leur serment de fidélité. Les Seize prennent en main l'administration et, après avoir épuré les grands corps de l'État, étendent au royaume le gouvernement révolutionnaire par la création d'un Conseil général de l'Union, composé des délégués des Seize et des représentants des trois ordres, et présidé par le duc de Mayenne, promu lieutenant général de l'État et de la Couronne de France.

2.2. L'avènement d'Henri IV et la division des ligueurs

La plupart des grandes villes, Lyon, Bourges, Marseille, Toulouse, prennent parti pour la Ligue. Mais l'assassinat d'Henri III par le ligueur Jacques Clément et l'avènement d'Henri IV (août 1589) affaiblissent la Ligue, qui se divise : aux Seize, qui refusent toute entente avec Henri IV, s'oppose un parti modéré prêt à se rallier au roi légitime.

3. Le ralliement

Mayenne, qui s'appuie sur les ligueurs modérés, entame des négociations avec les catholiques royaux dirigés par Renaud de Beaune lors des états généraux qu'il réunit à Paris (1593).

Une trêve est conclue quelques jours après l'abjuration d'Henri IV (25 juillet 1593), qui amorce le ralliement. Le 22 mars 1594, Paris, bastion de la Ligue, ouvre ses portes au roi. En province, les chefs ligueurs se soumettront les uns après les autres (1594-1598).

Pour en savoir plus, voir l'article guerres de Religion.