PLD

sigle de parti libéral-démocrate

Parti politique japonais issu de la fusion en 1955 de deux partis conservateurs, le parti libéral et le parti démocrate.

1. Introduction

Depuis sa fondation, en 1955, le PLD gouverne seul sans alternance au pouvoir jusqu'en 1993, ce qui fait du Japon un cas unique parmi les pays développés. La vie partisane est dominée par le jeu des factions, institutionnalisées, au nombre de quatre ou cinq. Comme aucune d'elles n'est majoritaire, une coalition est nécessaire entre deux ou trois d'entre elles pour la prise de grandes décisions, qu'il s'agisse de la formation d'un gouvernement ou de la définition de grandes orientations politiques. La pérennité du parti au pouvoir lui permet d'entretenir une relation particulière avec la bureaucratie et le monde des affaires par l'interpénétration du personnel dirigeant ou par les échanges de bons procédés. D'autre part, le maintien du parti au pouvoir nécessite l'entretien d'un clientélisme exacerbé. Confronté à des scandales politico-financiers, le parti, conscient de la nécessité d'une réforme structurelle, relance régulièrement un débat interne mais, pendant longtemps, l'immobilisme continue de prévaloir.

2. Les années 1970

Au cours des années 1970, la modernisation de la société, les dégâts de la croissance (pollution, urbanisation désordonnée) et les à-coups économiques liés aux chocs pétroliers redonnent de l'élan à la gauche. La toute-puissance du PLD s'érode : de 63,2 % des voix en 1955, il tombe à 41,9 % en 1976. Pendant une dizaine d'années (1967-1976), des fronts socialo-communistes gouvernent la plupart des grandes villes, dont Tokyo et Osaka. Des partis centristes apparaissent : le Komeito, bras séculier de la secte bouddhiste Soka-Gakkai, et le petit parti social-démocrate (PSD). Les gouvernements PLD deviennent instables : Tanaka (1972-1974), Miki (1974-1976), Fukuda (1976-1978), Ohira (1978-1980), Suzuki (1980-1982). Cependant, les divisions de l'opposition, la stabilisation de la société et le retour d'une croissance soutenue remettent le PLD en selle. Nakasone Yasuhiro (1982-1987) applique son programme néonationaliste.

3. Le retrait du pouvoir (1993-1996)

La pression des partenaires du Japon et l'évolution des mentalités remettent en cause le modèle fondé sur le protectionnisme, l'intervention de l'Administration dans l'économie et l'autoritarisme dans la vie sociale. Le PLD doit entreprendre l'ouverture du marché et la déréglementation, alors que ses électeurs les plus fidèles (paysannerie, PME et PMI) y sont opposés. Les mandats écourtés de Takeshita Noboru (1987-1989) et d'Uno Sosuke (mai-août 1989) témoignent de la confusion qui s'installe dans le parti. En 1993, le PLD est affaibli par une scission : 36 députés de l'aile droite menés par Ozawa Ichiro forment le parti du Renouveau (PR) ; dix autres créent le parti pionnier (PP, centre gauche). Aux élections de 1993, le PLD se trouve pour la première fois minoritaire et doit céder le pouvoir à une coalition composée en grande partie de formations néoconservatrices issues de ses propres rangs. Il demeure cependant influent et opère notamment un retour en force dans le gouvernement de coalition formé en 1994 par un socialiste.

4. De 1996 à 2001 : un parti divisé

En 1996, le PLD récupère le poste de Premier ministre au profit de Hashimoto Ryutaro. À l'issue des législatives anticipées de 1996, il peut à nouveau gouverner seul mais subit, en juillet 1998, une lourde défaite aux élections sénatoriales poussant Hashimoto Ryutaro à la démission. Obuchi Keizo prend la tête d'un gouvernement de coalition regroupant diverses formations centristes et le Nouveau Komeito. Les réformes engagées (élargissement de la coopération militaire avec les États-Unis, officialisation des emblèmes nationaux) divisent profondément le parti. La nomination à huis clos de Mori Yoshiro en remplacement d'Obuchi Keizo (victime en avril 2000 d'un accident cérébral), achève de ternir son image aux yeux de l'opinion publique, qui le sanctionne aux législatives de juin.

5. Sous la houlette de Koizumi Junichiro (2001-2006)

En avril 2001, la base du PLD élit, à la surprise générale, Koizumi Junichiro, un réformateur. Celui-ci promet de « changer le Japon, changer le PLD » et entend mener à bien des réformes structurelles (privatisation de la poste et de la régie des autoroutes) qui mènent le parti au bord de la scission. Cependant, la majorité absolue – obtenue à l'issue des législatives anticipées de 2005 – consacre la victoire du courant le plus droitier (dont est issu Koizumi Junichiro) sur celui du clan de l'ex-Premier ministre Hashimoto, fondé sur le compromis social.

6. En quête d'un leadership (2006-2012)

Conduit par Abe Shinzo à partir de 2006, le PLD est sévèrement battu aux élections sénatoriales de 2007 par le parti démocrate du Japon (PDJ), dont la politique d'opposition systématique paralyse l'action de Fukuda Yasuo, Premier ministre depuis 2007, mais contraint de s'incliner et de céder sa place à son secrétaire général, Aso Taro, en septembre 2008. La crise financière et économique internationale qui frappe alors sévèrement le Japon révèle l'échec de la politique suivie par le PLD depuis l'éclatement de la « bulle spéculative » au début des années 1990. Ses dirigeants se succèdent au poste de Premier ministre mais se révèlent incapables d'empêcher l'augmentation des inégalités et de la précarité, l'accroissement de la pauvreté, la mise en faillite de la sécurité sociale et du système des retraites, le déficit des finances publiques. Dans ce contexte, le PLD sort laminé des élections législatives anticipées d'août 2009 remportées par le PDJ. Déchu et ne détenant plus que 119 sièges (sur 480) à la Chambre basse, le PLD, après avoir monopolisé le pouvoir pendant 54 ans, est en plein désarroi. Désormais dans l'opposition, il est présidé par Tanigaki Sadakazu depuis septembre 2009.

7. Le retour au pouvoir (depuis 2012)

En septembre 2012, Abe Shinzo retrouve la présidence du parti alors que se profilent des élections législatives anticipées exigées par le PLD en échange de son appui au gouvernement de Noda Yoshihiko. Le PDJ essuie une défaite cinglante en étant réduit à 57 députés contre 230 dans la précédente assemblée. Avec son allié, le Nouveau Komeito, le nouveau gouvernement est assuré d’une majorité supérieure aux deux tiers à la Chambre basse. Abe Shinzo remporte ainsi une remarquable revanche même si le taux de participation (59,3 %) est historiquement bas et si ce vote semble surtout sanctionner l’instabilité politique depuis l’accession du PDJ au pouvoir.

Pour en savoir plus, voir l'article Japon : vie politique depuis 1945.