LCR

sigle de Ligue communiste révolutionnaire

Parti politique français, d'inspiration trotskiste, créé en décembre 1974.

1. Origines

La Ligue communiste révolutionnaire succède à la Ligue communiste, dissoute en juin 1973. Cette dernière, représentant la section française de la IVe Internationale, était elle-même issue des Jeunesses communistes révolutionnaires (JCR) créées en avril 1966 par plusieurs militants exclus de l'Union des étudiants communistes (UEC), au sein desquels figuraient notamment Daniel Bensaïd (1946-2010) et Alain Krivine.

Réunis en congrès en avril 1974, les militants décident de présenter A. Krivine à l'élection présidentielle de 1974 et choisissent l'appellation de Front communiste révolutionnaire (FCR). En décembre de la même année, soucieux d'affirmer et de revendiquer la continuité de la Ligue communiste sans provoquer la justice, ils changent une nouvelle fois d'appellation et optent pour celle de Ligue communiste révolutionnaire.

2. Une organisation « révolutionnaire, internationaliste, féministe et écologiste »

Opposée à la « construction du socialisme dans un seul pays », la LCR cherche à fédérer à l'échelle européenne et internationale tous les courants militants attachés à une transformation révolutionnaire de la société et à la lutte pour le socialisme. Se définissant comme une organisation « révolutionnaire, internationaliste, féministe et écologiste », elle s'investit dans le monde social, milite au sein des organisations syndicales, de diverses associations du monde ouvrier, et participe aux mouvements de soutien aux immigrés, aux mouvements féministe et altermondialiste, ainsi qu'aux mobilisations écologistes contre la pollution et les risques industriels.

3. Résultats électoraux

Forte d'environ 3 000 militants, elle recrute principalement parmi les enseignants et diffuse ses idées par le biais d'un journal, Rouge, dont le premier numéro paraît en septembre 1968. Se présentant derrière une candidature commune avec Lutte ouvrière (LO) aux élections européennes de 1984 et de 1999, la LCR obtient, à l'issue de ces dernières deux sièges d'eurodéputés (A. Krivine et Roselyne Vachetta).

Représentée à l'élection présidentielle de 1974 par A. Krivine, elle a pour candidat Olivier Besancenot en 2002, qui recueille 4,25 % des suffrages.

Après avoir participé activement à la campagne contre le projet de Constitution européenne en 2005 puis envisagé de soutenir un candidat commun aux organisations antilibérales d'extrême gauche pour l'élection de 2007, la LCR investit finalement à nouveau O. Besancenot, qui obtient un score honorable, avec 4,08 % des suffrages (soit encore près de 300 000 voix de plus qu'en 2002) et arrive nettement devant les autres formations de la gauche antilibérale et Les Verts. Elle progresse aux législatives de 200 000 voix par rapport à 2002, au détriment des autres organisations de la gauche anticapitaliste, qu'elle cherche désormais par ailleurs à fédérer dans un grand parti.

4. L'essor du Nouveau Parti anticapitaliste (NPA)

En février 2009, ses militants votent sa dissolution avant de se fondre dans le Nouveau Parti anticapitaliste (NPA). Des négociations menées dans la foulée avec le tout nouveau parti de Gauche et le PCF en vue de la constitution de listes communes pour les échéances électorales achoppent sur la question de l’indépendance vis-à-vis du parti socialiste (PS) fermement défendue par le gros de la direction. Mais l’option de l’isolement qui est adoptée ne va pas sans tension ni scission : quelques cadres décident ainsi de quitter la formation pour créer la Gauche unitaire et intégrer le Front de Gauche.

Aux élections européennes de juin 2009, son premier test électoral, le NPA obtient 4,9 % des suffrages, score qui est finalement jugé décevant au regard du résultat réalisé par l’alliance PCF-parti de Gauche, au point de bientôt provoquer des remous au sein des instances dirigeantes, alors même que le mouvement fait face à une baisse significative de ses effectifs. La reconduction du choix de la stratégie du cavalier seul pour les scrutins régionaux de mars 2010 est manifestement sanctionnée par les électeurs. Ces derniers n’accordent que 2,5 % de leurs voix aux candidats du NPA, mais jusqu’à 8,6 % et 13,1 % aux listes d’union avec le Front de Gauche respectivement en Languedoc-Roussillon et en Limousin (puis 19,1 % et 2 élus du parti au second tour dans cette dernière Région). De quoi nourrir un peu plus la contestation interne, d’autant que par ailleurs, l’affaire du voile porté par l’une des militantes présentées en Provence-Alpes-Côte d’Azur a suscité le trouble en plein débat sur le port de la burqa.

5. Retour dans la marginalité

Le NPA enregistre de nouvelles défections à sa tête lors de son congrès de février 2011. Il ne peut alors que constater le départ en deux ans de 4 000 militants et l’absence de majorité qualifiée pour la motion de politique générale proposée par une direction qui n’en finit pas de s’étioler. C’est pourtant la ligne de l’autonomie que celle-ci continue de promouvoir qui finit par s’imposer en juin, non sans s’être heurtée à de nouvelles oppositions au sommet comme auprès de la base. En parallèle, O. Besancenot, qui appuie cette stratégie, fait savoir qu’il souhaite désormais s’effacer du champ médiatique en laissant tout d’abord la fonction de porte-parole à Myriam Martin et Christine Poupin, puis la charge de faire entendre la voix du parti à l'élection présidentielle de 2012 à l'ouvrier automobile bordelais Philippe Poutou.

Crédité de 1,15 %, il donne au soir du premier tour la consigne de faire obstacle à Nicolas Sarkozy, ce qui ne signifie toutefois en rien ralliement à François Hollande : le parti campe sur son opposition résolue aux politiques d’austérité, qu’elles soient de droite ou de gauche. Mais cette ligne ne conduit pas pour autant à un rapprochement, même tactique, avec les communistes ou les partisans de Jean-Luc Mélenchon, malgré les avances de ce dernier : la direction du NPA décide en effet de mener les batailles et campagnes successives en solo, loin de toute participation à un front commun de la gauche radicale sur le modèle grec (Syriza) ou espagnol (Podemos), faisant de la sorte renouer la formation avec sa marginalité originelle.

Le nombre de militants s’étiole toujours plus, pour atteindre un plancher d’environ 2 000 au début 2015 ; les moyens consacrés à la préparation des échéances fondent en conséquence et les résultats aux différents scrutins sont à l’avenant : si le NPA revendique une petite dizaine d’élus lors des municipales de 2014, il le doit paradoxalement, pour l’essentiel, à des listes de rassemblement à gauche ; il n’obtient par contre que 0,4 % des suffrages lors des européennes, et ne peut faire plus que présenter que quelques tickets aux départementales de 2015, sans remporter un seul siège. En décembre de la même année, contrairement à LO pour laquelle il appelle finalement à voter, il est dans l’incapacité d’aligner la moindre liste aux régionales.

Mais dès mars 2016, malgré des finances exsangues et des réseaux réduits, il ressort que P. Poutou portera à nouveau les idées de la formation dans la campagne pour les élections présidentielles de 2017.

Pour en savoir plus, voir l'article France : vie politique depuis 1958.