Empire byzantin : musique

La musique profane et instrumentale

Héritier de la civilisation gréco-romaine, l’Empire byzantin nous a transmis des traités sur la musique grecque antique. En revanche, il nous a légué fort peu de chose de sa musique profane. Celle-ci, à la différence de la musique sacrée, comportait des instruments : syrinx, aulos, cithare, orgue. Alors que l'on dispose du témoignage indirect de quelques monuments figurés et d'un certain nombre de textes littéraires byzantins, arabes, latins, etc., aucune partition d'orgue, aucune musique profane n'a été découverte. Absence de recherche méthodique ? Ou bien l'enseignement de la musique profane à Constantinople était-il exclusivement oral ? Il se peut que l'étude critique du folklore néogrec donne quelque lumière sur la musique profane de l'époque byzantine.

La musique sacrée

Jusqu'au iiie s., le grec était la langue de l'Église dans tout l'Empire romain, à l’exception de l’Afrique. C'est aussi celle de la musique sacrée byzantine, qui emprunte les modèles de sa poésie aux Syriens (saint Éphrem, Rhômanos le Mélode, etc.) et le chant des textes scripturaires au judéo-christianisme. Cette musique comporte deux notations très différentes : celle des livres de chant, en neumes diastématiques ; celle des livres scripturaires, dite « ekphonétique » par les modernes.

La notation diastématique repose sur un ensemble de huit modes, appelé oktoïchos. Elle est affectée au chant de poésies composées par des mélodes. Celles-ci sont contenues dans les livres suivants : a) le sticherarion, ainsi nommé parce que ses tropaires monostrophiques s'entremêlent aux versets (stichi) des psaumes. Chaque stique est idiomèle, c'est-à-dire qu'il a sa mélodie propre. Ce livre nous est parvenu en de nombreux exemplaires ; b) l'hirmologion, qui contient des tropaires caractérisés par une strophe modèle hirmos ; c'est un ancien tropaire auquel on a emprunté son rythme et sa mélodie. Dans l'hirmologion, les tropaires, groupés par huit ou neuf selon la période liturgique, sont toujours classés dans l'ordre de l'oktoïchos. Les hirmologia présentent d'importantes différences d'un manuscrit à l'autre. Ils nous sont parvenus en petit nombre ; c) le kontakion, qui est un recueil d'homélies poétiques. Celles-ci sont constituées par une suite de strophes (oiki) bâties sur un hirmos et munies d'un refrain. Un proïmion (ou kontakion) qui a une autre mélodie, les précède. Ce recueil n'est pas toujours noté. Les transcriptions sont parties de la notation médiobyzantine (1100-1450), qui devient de plus en plus précise après 1175. Elle a pu être déchiffrée grâce aux traités contemporains de musique, qui ont fourni à la fois le nom et la valeur des signes. La notation paléobyzantine (950-1200), moins complète, est difficile à transcrire, une part trop importante étant laissée à la transmission orale. Cette notation a été éclairée par les travaux des slavisants (M. Velimirović, C. Floros, R. Jakobson, etc.). Inversement, la notation néo-byzantine (1400-1821) a introduit trop de signes – notamment les « grandes hypostases » –, dont on a perdu la clef.

À la différence des neumes diastématiques, la notation ekphonétique ne peut pas être transcrite. Elle est composée de petites formules, dont on ignore comment le lecteur les adaptait. Vers 1200, cette tradition tombe en décadence. De 843 à 1200, l'ensemble des manuscrits présente une notation stable, que C. Høeg a appelée classique. La tradition de Constantinople semble s'imposer à tout l'Empire. Les formules sont réparties en deux catégories strictement séparées : les intonations et les clausules. Les signes sont placés, l'un au début, l'autre à la fin d'un élément textuel qui peut être un monosyllabe ou une proposition. Avant 843, les manuscrits, peu nombreux, représentent chacun une tradition différente. Rudimentaire dans le Codex Uspenski (A. D. 835), elle est très développée dans le Vaticanus gr. 2144. Ce manuscrit, écrit probablement entre 784 et 813, a appartenu à une église de Constantinople.