Confédération germanique

en allemand Deutscher Bund

La Confédération germanique
La Confédération germanique

Union politique qui groupa les États allemands de 1815 à 1866.

1. Naissance, composition et fonctionnement de la Confédération

Créée par l'Acte fédératif de Vienne du 9 juin 1815 (→ congrès de Vienne), qui reconnaît son indissolubilité, la Confédération germanique, édifiée sur les ruines de la Confédération du Rhin, tient compte en partie de l'œuvre irréversible d'unification napoléonienne.

L'Acte fédératif reconnaît l'existence de 38 États souverains (39 en 1817), dont un empire (l'Autriche), 5 royaumes (Prusse, Bavière, Hanovre, Saxe et Wurtemberg), 8 grands-duchés, 10 duchés, 10 principautés et 4 villes libres (Francfort, Hambourg, Brême, Lübeck).

Placée sous la présidence honorifique de l'empereur d'Autriche, la nouvelle Confédération, où sont représentés les souverains de Danemark, en tant que duc de Holstein, des Pays-Bas, en tant que grand-duc de Luxembourg, et d'Angleterre, en tant que roi de Hanovre, a pour organe essentiel la Diète de Francfort. Composée de 69 membres, ayant pouvoir de modifier la Constitution à condition que l'unanimité soit réalisée, cette assemblée manque de moyens d'action, malgré la formation d'une armée fédérale de 300 000 hommes et la levée possible de contributions matriculaires sur les États ; de fait, elle ne se réunit que seize fois de 1815 à 1850, année à partir de laquelle elle ne tient plus séance. En réalité, le véritable pouvoir appartient à un comité permanent et restreint de 17 membres (11 pour les grands États, 6 pour les autres), qui vote à la majorité simple sans que ses décisions soient pour autant appliquées dans les États souverains et autonomes, à moins que les assemblées de ces derniers ne les transforment en lois d'État.

La constitution de cette confédération germanique ne fait que consacrer la volonté des princes allemands de conserver le maximum d'autonomie politique et celle de l'Autriche d'empêcher la Prusse de réaliser l'unité allemande, en cristallisant autour d'elle les espoirs des patriotes allemands, espoirs nés, en 1813, lors de la guerre de libération, et déçus volontairement en 1815 par le gouvernement de Vienne, désireux de conserver le contrôle de l'Allemagne, opération d'autant plus difficile pour lui que ses territoires ont été regroupés au sud-est de la Confédération, alors que ceux de la Prusse s'étendent désormais presque d'un seul tenant du Niemen au Rhin.

2. L'opposition des libéraux

Aussi l'histoire de la Confédération germanique sera-t-elle dominée par une double lutte : celle des libéraux, héritiers de la pensée révolutionnaire française, qui demandent l'application stricte de l'article 13 de l'Acte fédératif promettant de nombreuses libertés, dont celle de la presse, qui est interdite à la demande de l'Autriche lors de la conférence de Karlsbad (1819) ; celle de la Prusse contre l'Autriche, pour la réalisation de l'unité allemande.

Jusqu'en 1847, c'est la question libérale qui l'emporte, et la lutte se déroule, dans le cadre de sociétés plus ou moins secrètes (Tugendbund) ou universitaires (Burschenschaft, fondée à Iéna en 1815), pour l'obtention de Constitutions plus libérales dans le sein des États. Chaque tentative se solde par un renforcement de la répression, inspiré par l'Autriche : assassinat de l'écrivain Kotzebue, agent du tsar, le 23 mars 1819, qui provoque la réunion de la conférence de Karlsbad (qui crée une commission fédérale à Mayence, chargée de poursuivre les sociétés secrètes) ; manifestation de Hambach du 27 mai 1832, où le drapeau allemand noir, rouge et or est hissé, ce qui entraîne la promulgation des six articles de 1832 instituant une commission fédérale pour contrôler les assemblées locales ; putsch contre la Diète (3 avril 1833), auquel Metternich riposte par la création d'un tribunal fédéral (1 800 condamnations).

3. L'opposition du mouvement national allemand

À partir de 1847, au contraire, c'est l'idée nationale qui prend la première place dans les préoccupations allemandes. Le plan de la Prusse de renforcer les organes confédéraux est sans doute rejeté par Metternich, mais les Allemands, déjà intéressés par les avantages économiques liés à la constitution, dès 1834, dans le cadre de l'article 19 du Pacte fédéral, d'une Union douanière efficace, le Zollverein, sous égide prussienne, songent dès lors à réaliser l'unité politique de leur pays (Grande Allemagne avec l'Autriche, Petite Allemagne sans l'Autriche, mais sous la direction de la Prusse). C'est sous cette dernière forme que, malgré la reculade d'Olmütz (29 novembre 1850), où la Prusse abandonne provisoirement ses projets, sera réalisée l'unité allemande.

4. La question des duchés et la guerre austro-prussienne

L'affrontement austro-prussien reparaît à propos de la question des duchés. Alors que leur administration est partagée entre la Prusse et l'Autriche (convention de Gastein, août 1865), la Prusse occupe militairement le Holstein le 7 juin 1866 pour détourner l'Autriche de son projet de convoquer un parlement élu au suffrage universel en vue de réformer le Bund.

La guerre austro-prussienne est gagnée par la Prusse dès le 3 juillet, à Sadowa. Au lendemain de cette victoire, c'est en s'inspirant de l'Acte fédératif du 19 juin 1815, pour respecter les susceptibilités des États allemands, que Bismarck rédige la Constitution de la Confédération d'Allemagne du Nord.

Pour en savoir plus, voir l'article Prusse.