Rhénanie

en allemand Rheinland

Région historique de l'Allemagne.

Origines

Habitée par des peuples celto-germaniques (Trévires, Éburons), la région est conquise par César en 57 avant J.-C. et subit une forte influence romaine. Envahie au ve siècle par les Francs du Rhin, puis incorporée au royaume de Clovis, elle est ensuite incluse dans l'Austrasie, puis dans le royaume de Lothaire au moment du partage de l'empire carolingien (→ traité de Verdun, 843). De là, elle entre progressivement dans la mouvance germanique et est entièrement intégrée au Saint Empire romain germanique en 925.

Dans le Saint Empire romain germanique

La Rhéanie est divisée à la fin du xe siècle entre les duchés de Franconie, de Haute et de Basse-Lorraine. L'anarchie qui résulte de ces divisions permet aux villes épiscopales (→ Trèves, Cologne) d'échapper à l'autorité ducale et d'étendre leurs territoires. L'archevêque de Trèves s'approprie la vallée inférieure de la Moselle ; celui de Cologne s'octroie une grande partie de la Westphalie et – Électeur impérial –, devient l'un des princes les plus puissants d'Allemagne.

Peu à peu, le duché se morcelle en principautés féodales (→ Limbourg, Brabant, Luxembourg, Juliers, etc.). Parallèlement, le trafic commercial sur le Rhin fait la fortune des cités rhénanes, qui deviennent au xive siècle de très importants centres économiques et culturels, soit universitaires (→ Heidelberg, 1386 ; Mayence, 1477), soit d'imprimerie (Strasbourg, après 1434, et Mayence, en 1448, avec Gutenberg ; Bâle avec Froben, 1491).

Le duc de Clèves, qui, depuis 1511, possède les duchés de Berg et de Juliers, introduit dans ses États la Réforme protestante, qui se diffuse très rapidement dans de nombreuses villes rhénanes (Strasbourg, Bâle, etc.).

En partie annexée à la France (1793-1814)

L'affaiblissement de l'Empire germanique, pendant et après la guerre de Trente Ans (1618-1648), ouvre les pays rhénans à l'influence française. Louis XIV, soutenu par l'archevêque de Cologne contre les Provinces-Unies, puis contre l'Empereur pendant la guerre de la Succession d'Espagne, y multiplie les « réunions » (→ politique des réunions).

La pénétration très profonde de la culture française au xviiie siècle facilite à partir de 1793 l'incorporation, confirmée par l'Autriche au traité de Campoformio (1797), de la rive gauche du Rhin dans la toute jeune République française (départements de Rhin-et-Moselle, de la Roer, de la Sarre et du Mont-Tonnerre, 1797-1814).

Restituée à la Prusse

À la chute de l'Empire napoléonien, le congrès de Vienne (1815) restitue Clèves à la Prusse et lui accorde, en compensation de la perte de la Mazovie, le reste de la région rhénane. Cinquante ans plus tard, Napoléon III tente vainement d'en obtenir la cession en 1866 (politique des pourboires).

La Rhénanie démilitarisée…

À l'issue de la Première guerre mondiale, le traité de Versailles (1919) impose à l'Allemagne la démilitarisation et la division de la Rhénanie en trois zones, qui doivent être occupées (ainsi que trois têtes de pont sur la rive droite du Rhin) par les armées alliées pendant 5 ans (Cologne),10 ans (Coblence) et 15 ans (Mayence). Une Commission interalliée administre ce territoire ; après le rejet du traité de Versailles par le Sénat américain (1921), les Français favorisent en Rhénanie le développement d'un mouvement séparatiste (Adam Dorten) qui reprend vigueur après l'occupation franco-belge de la Ruhr en 1923, mais ne peut aboutir, du fait de la pression exercée par la Grande-Bretagne sur la France et la Belgique.

La « République rhénane » proclamée à Aix-la-Chapelle le 21 octobre 1923 s'étend avec les putschs de Dorten et Matthes à Trèves et à Coblence, mais échoue du fait de la mésentente de ses chefs (1923).

D'autre part, du fait du non-paiement des réparations par l'Allemagne (→ question des réparations), le gouvernement français n'accepte d'évacuer la zone de Cologne qu'avec un an de retard (31 janvier 1926) et à la suite de la signature des accords de Locarno, par lesquels l'Allemagne et ses voisins se garantissent mutuellement leurs frontières communes (16 octobre 1925).

Enfin, sous la pression de ses alliés (La Haye, août 1929) et après l'acceptation du plan Young, la France évacue définitivement la zone de Mayence le 30 juin 1930, avec quatre ans d'anticipation.

…puis remilitarisée par Hitler

Le 7 mars 1936, Hitler décide de remilitariser la Rhénanie, et d'en faire un camp retranché (→ ligne Siegfried) ; celui-ci allait servir de tremplin à l'invasion de la Belgique (1940).

Conquise par les Alliés (1945), la Rhénanie est partagée entre les zones d'occupation française et britannique, dont les autorités créent en 1946 les Länder de Rhénanie-du-Nord-Westphalie et de Rhénanie-Palatinat, qui feront partie de la République fédérale allemande fondée en 1949.

Pour en savoir plus, voir les articles histoire de l'Allemagne, Première Guerre mondiale, Seconde Guerre mondiale.