FootballAu lendemain du drame de Furiani (15 morts et plus de 500 blessés), chacun se renvoie les responsabilités. Au premier rang des accusés, les dirigeants du SEC Bastia qui, pour porter la capacité du stade de Furiani de 8 500 à 18 000 places, ont décidé de raser une vétusté tribune, située sur le côté nord, pour la remplacer, hâtivement, par une installation de 10 000 praticables. Que ce soit pour assurer une recette « historique » ou pour permettre au plus grand nombre d'assister à la fête, cette décision était d'emblée marquée du sceau de l'inconscience. Président du Sporting-Club de Bastia, Jean-François Filippi a été inculpé d'homicides et blessures involontaires par le juge Jean-Pierre Rousseau, et écroué le 13 mai. Autre partie concernée, la société Sud Tribune, qui, en associant une tribune à proprement parler et des échafaudages, a sans doute commis la faute qui provoqua la catastrophe. Mais son principal souci était de respecter les délais, au mépris des règles de sécurité les plus élémentaires. Son directeur général, Jean-Marie Boimond, a été lui aussi inculpé et écroué. Un sort qui a été également réservé à Bernard Rossi, le responsable de la Socotec, la société chargée des contrôles techniques, accusé de s'être contenté de réaliser une étude sur la stabilité des sols avant travaux alors qu'il lui était signifié par mandat de vérifier en plus la solidité de l'ensemble de l'ouvrage. Une défaillance d'autant plus grave que ni le pouvoir sportif ni l'autorité administrative ne se sont inquiétés des modalités de son montage. Reste que, si le mouvement sportif corse paraît être le principal coupable dans cette affaire, on ne peut exonérer de toute responsabilité la Fédération française de football ; au titre d'organisatrice de la Coupe de France, celle-ci, a, dans un premier temps, agréé le terrain, donné son accord à la construction de la tribune provisoire puis, sur la foi du « procès-verbal de la commission de sécurité », envoyé à Bastia les 10 000 billets supplémentaires réclamés par la Ligue corse. D'où l'inculpation de son président Jean Fournet-Fayard, qui, au soir de la tragédie, avait eu la maladresse d'affirmer aux journalistes présents que « toutes les garanties de sécurité avaient été remplies »... On croyait rêver. Mais, devant la justice, comme tous les organisateurs du match, il répondra d'homicides et de blessures involontaires. Une épreuve pénible à laquelle échapperont le maire de Furiani et le préfet de Haute-Corse, blanchis par la commission d'enquête administrative. Le premier parce que les dirigeants du club bastiais ont pris l'habitude de ne pas solliciter d'aides juridiques de sa part, le second parce qu'il n'avait pas été informé par les membres de son cabinet des dangers que pouvait entraîner cette demi-finale de Coupe de France dont il devait, de par ses fonctions, assurer le maintien de l'ordre. (Il sera tout de même placé hors cadre.)